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L'autre dimension de la 3D

Je suis sûrement un peu parano, mais je trouve très suspect cet engouement pour le cinéma 3D, ces derniers temps. Tous les films d’animation ou presque sortent (voir re-sortent) en relief, le reste de la production s’engouffre dans le même élan, bons et mauvais films compris (autrefois, le relief était l’apanage des licences en perte de vitesse : « Jaws », « Emmanuelle », « Halloween », etc.). La technique de base n’est pas nouvelle (l’image stéréoscopique date des débuts de la photo, il y a plus d’un siècle), mais ce qui change, c’est l’obligation pour les salles, si j’ai bien compris, d’être équipées en numérique. Ce qui, dans un premier temps, va favoriser les multiplexes. Dans un premier temps…
Si le phénomène se propage et s’accélère, il ne sera plus possible aux exploitants de ne pas suivre le mouvement. Or, le remplacement des projecteurs classiques (déjà des outils très coûteux) par leurs équivalents numériques coûte une vraie fortune, oblige à un endettement supplémentaire, malgré les aides du CNC en matière d’investissement. (une petite part sur le billet d'entrée que vous payez au cinoche va dans une cagnotte dédiée à la modernisation des salles) Ensuite, il découle du passage au numérique une autre modification dans le circuit de distribution du cinoche : plus de pellicule, mais des fichiers, que l’exploitant pourra obtenir via internet par abonnement ou contrat avec une « major ». Quand il aura payé son projecteur et son abonnement (ses abonnements, en fait : un par compagnie), il lui faudra certainement acheter le logiciel adéquat (et pourquoi pas les logiciels : un pour chaque « major ») ainsi que les mises à jour constantes que ces merveilles technologiques nécessiteront (vous voyez déjà le tableau ?). Quand tout cela sera bien en place, les producteurs indépendants n’auront pas d’autres choix que de se mettre, eux aussi, au tout numérique (avec les économies de coût que ces techniques induisent d’abord dans le processus de production des films – et de diffusion aussi. Enfin, dans un premier temps, toujours) et par qui seront-ils obligés de passer, pour diffuser leurs films ? Vous croyez que les patrons des multiplexes, qui auront investi des fortunes pour faire passer les block busters dans leurs salles, vont encore acheter des systèmes d’exploitation pour les indépendants ?
A ce moment-là, les dernières salles « chimiques » auront disparues, faute de pouvoir assumer de tels investissements, et comme les salles « numériques » ne voudront pas faire passer de films indépendants, c’est la mort du cinéma d’auteur (ou bien, un renouveau via le net ?).
Je ne suis pas parano, donc (enfin, je me soigne), mais je me demande tout de même s’il ne faut pas voir dans la multiplication des films en relief une offensive radicale des grandes maisons, notamment américaines, pour détruire ce qui subsiste des productions nationales ou confidentielles. Le débat est ouvert.

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