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Tout ce qui est recyclé n'est pas vert

Autre documentaire, au contenu moins philosophique, et tout à fait terrible, celui sur les déchets nucléaires, diffusé par arte. Saluons d’abord le bel exercice de démocratie que nous offre là la meilleur chaîne du PAF. Parce que, bien sûr, aller voir chez les Russes comment ça se passe, est une plaisante manière de dire que nous, en France, n’en sommes pas là, mais venir chatouiller les narines d’EDF, d’Areva et de Cogema, est nettement moins politiquement correct. Grâce aux auteurs du documentaire, Éric Guéret et Laure Noualhat, nous ne pouvons plus faire semblant d’ignorer que le recyclage des déchets nous fait vivre dans un état de catastrophe permanente, que des vagues de Krypton sont autorisées à polluer l’atmosphère et que des nuages de saloperies radioactives sont déversées depuis plus de vingt ans dans l’océan, par la centrale de la Hague, tout cela très légalement. Nous ne pourrons plus croire que l’uranium est une source d’énergie renouvelable au même titre que le verre comme on nous l’assène, puisque, contrairement aux chiffres officiels, ce ne sont pas 90% du matériau radioactif qui est remployé mais, après enquête, seulement 10 % (de l’uranium qu’on traite pour l’enrichir en radioactivité, technique très dangereuse, que seuls les russes acceptent d’utiliser). Le reste se répartit entre uranium appauvri, stocké au fond de la Sibérie, et matières excessivement radioactives, dont on ne sait plus quoi faire : capables de prendre feu, extrêmement dangereuses, on les a d’abord balancées dans l’océan (c’est tellement simple), puis vitrifiées et encloses dans des fûts très solides, mais dont on sait pertinemment qu’ils ne résisteront pas à 200 000 ans de confinement, quel qu’il soit. Comme si on était, aujourd’hui, menacé par une décision prise par les néandertaliens, pour vous donner une idée. D’autre part, la plupart des déchets patientent au fond de piscines spéciales, cela concerne plus de 400 sites dans le monde, cibles idéales pour le terrorisme (il suffit d’assécher les piscines pour déclencher un nouveau Tchernobyl), ou simplement susceptibles de tomber en panne, la vétusté aidant, tôt ou tard.

Plus de 400 Tchernobyls prêts à l’emploi. Ça demande réflexion tout de même, ça demande débat, débat populaire, choix démocratique. Et c’est ce que retient le documentaire : tous les pays qui ont choisi le recyclage des déchets nucléaires avec leurs terribles problèmes inhérents, ont fait en sorte d’abêtir la population, de condamner les accès, de décrédibiliser les opposants (demandez-vous aujourd’hui pourquoi les écologistes ont été vus longtemps comme des chevelus ignares et idéalistes, alors qu’ils ne faisaient que tenter d’alerter l’opinion publique sur la menace qui pèse sur nous) et de maintenir le secret le plus opaque, démarche toujours dommageable pour la démocratie.

Réclamons de savoir, obligeons les politiques à s’intéresser non seulement aux enjeux, mais aux techniques mêmes du nucléaire (démonstration de la méconnaissance affligeante de nos deux derniers candidats à la présidence dans ce domaine).

Le savoir, et par là, la possibilité de juger de l’opportunité de choix de société, a été confisqué depuis l’origine par une élite, une aristocratie d’ingénieurs de haut-niveau, qui ont convaincu les politiques que tout ça était trop compliqué pour eux et, a fortiori, pour le public, inapte à juger le bien fondé de leurs décisions.

Comme toujours, la source du problème est un défaut de confiance de l’Elite vis-à-vis du Public, qui ne peut que déboucher sur une méfiance du Public vis-à-vis de l’Elite. On voudrait transformer le plus paisible père de famille en révolutionnaire qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

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