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Lettres-frontière suite

Après un buffet où la lutte pour la survie trouve une nouvelle illustration, il est l'heure de la remise des « coups de cœur ». Je suis tellement détaché de l'enjeu que je reste en retrait dans la foule, comme spectateur. Les discours commencent et puis quelqu'un rappelle aux auteurs qu'il faut s'approcher. Ah oui : j'en suis. Je m'immisce dans un bloc compact de lecteurs, ce qui cause une sensation surhumaine, jusqu'au petit groupe qui se rencogne derrière orateurs et micros. Je découvre Yasmine Char et Julie Delaloye, mais l'heure n'est pas aux présentations, je leur dirai plus tard combien j'ai aimé leur livre. En fait, l'occasion ne me sera plus donnée, et je repartirai sans avoir pu même leur dire bonjour.

Un auteur de l'édition précédente a l'honneur de décacheter les enveloppes ; il s'en acquitte avec beaucoup d'humour. Le palmarès tombe, sans surprise : « Twist » de Delphine Bertholon pour Rhône-Alpes, « La main de Dieu » de Yasmine Char, pour la Suisse romande. On se presse pour congratuler les lauréates, après qu'elles ont, elles aussi, sacrifié au rituel du discours.

Tout cela donne faim, car ma douce et moi ne sommes pas les plus compétents en matière d'approche stratégique de buffet. Et puis, il fait toujours terriblement chaud. Nous sortons, accompagnés par Durif, qui n'en peut plus. Grâce à d'autres affamés partis en éclaireurs, nous trouvons une sorte de boulangerie-café surchauffée, où nous pouvons nous restaurer. Durif est décidément un être étonnant. Nous pouvons enfin discuter un peu. J'évoque timidement le beau moment de lecture que son livre m'a offert, et ma surprise de voir un livre des éditions « la rumeur libre » (« l'homme imprononçable », de Patrick Laupin) dans ses livres favoris. L'étonnement vient du fait que cet éditeur est quasiment invisible, Laupin presque inconnu ; mais Eugène Durif connait tout le monde, vraiment, sa culture, une fois de plus, me cloue d'admiration. Sa voix douce, son regard paumé continuellement. J'aime bien ce personnage. Retour au palais Eynard. Dans la journée, je parviendrai à écouter le débat sur le thème de l'adolescence où Delphine Bertholon et Yasmine Char sont présentes, avec Thomas Sandoz, auteur de « la Fanée » (que je n'ai pas encore lu). Le niveau des interventions est impressionnant, l'animateur (un pro de la radio Suisse romande, je crois) excelle dans les passages de relais, les liaisons intelligentes. Delphine parle de l'enfermement, physique et subi autant que psychologique et volontaire ; Yasmine évoque la construction d'un personnage, et son enfance. C'est un beau moment. Dans la même salle, j'étais, quelques minutes auparavant, en compagnie de Dominique de Rivaz (excellent « Douchinka »), interrogé de la même manière, par une jeune femme ravissante : Sita Potacheruva.

 

A suivre

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