Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cadeau

On fait les cadeaux qu'on peut. Pendant quelques jours, je vais vous livrer ici des débuts de romans abandonnés. Abandonnés parfois presque à terme ou bien avancés, mais dont je n'étais pas satisfait, ou dont l'idée n'était pas assez riche, pas assez ambitieuse ou mal abordées. Il y a certaines choses que je reprendrais peut-être un jour. Voici pour commencer les première phrases de "L'Husine". Retardé, repris malgré tout, puis avorté définitivement à un nombre de pages équivalent au "baiser de la nourrice", et justement... "Le baiser..." est un retour sur l'univers de "L'Husine" deux ou trois ans plus tard, vu sous un autre angle. Et enfin, "ça" a fonctionné.

 

L'Husine. Le froid du petit matin, les loupiotes accrochées au béton. Au milieu de la foule de têtes rases qui avancent, le petit Mido, inquiet mais fier, l'épaule meurtrie par un sac de nourriture trop chargé. La main de son père sur l'autre épaule. La silhouette de son père que Mido vit longtemps massive et altière ; qu'avec le temps il admettrait voûtée et fatiguée.

L'Husine et son goût de fer et de graisse, perceptible dès l’ouverture. Et les portes franchies, cette lumière inhumaine, pesant sur la nuque avec son haleine de bruit, qui écrase et vous dit d'obéir. L'Husine aux dimensions incroyables, qui avale le trop jeune Mido, l'éloigne de son père et le propulse devant une machine formidable. L'homme qui l'accompagne lui apprend que c'est une "pondeuse" –une sorte d'emboutisseuse. Il hurle "pondeuse" la main en porte-voix, pour percer le vacarme de la masse d'acier qui s'abat d'une hauteur de maison. Mido reçoit la première secousse comme un camion vous percute. Les vibrations propagées depuis le sol le tétanisent. Il comprend qu'il lui faudra côtoyer cette bête, composer avec elle, l'apprivoiser. Malgré ses quinze ans, il a pitié des hommes qui travaillent ici, qui circulent négligemment autour de cette mécanique vorace.

Les commentaires sont fermés.