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Des oiseaux /2

Le gypaète

Immense un instant. Je l'ai vu comme ça : immense, tant ses ailes encombraient l'espace. Notre petit salon s'était animé d'un coup sous l'effet de son affolement. Ma femme l'avait récupéré dans le jardin. Elle avait vu le rapace -car c'était un rapace, tout l'indiquait : ses fortes serres dont nous nous gardions, son bec crochu menaçant, ses magnifiques yeux jaunes- se briser contre un câble et tomber en désordre dans notre terrain. Elle avait surmonté sa peur, s'était équipée de gants de jardin et d'une couverture, avait ainsi maîtrisé ses soubresauts de bête prise au piège. Elle l'avait capturé. L'oiseau était là, effrayé, menaçant, bec grand ouvert, yeux écarquillés par la certitude de sa dernière heure venue. Ce n'était pas une buse, oiseau de proie courant chez nous, c'était plus grand, un plumage clair, une gueule qui tenait plus de l'aigle que du faucon. Le vétérinaire au téléphone conclut qu'il s'agissait d'un busard. Que faisait-il ici, en pleine ville ? Nous n'habitions pas loin du fleuve et de ses zones inondables laissées à la nature. L'environnement urbain était donc tout relatif.

Enroulé dans la couverture, serré comme en langes, le busard fut emmené et remis au vétérinaire. L'aile cassée, impossible à réparer, le spécialiste résolut de le piquer. Bon sang, un fauve pareil, une telle majesté, anesthésiée et exécutée comme un vieux chien, quelle pitié !

De ces irruptions de la sauvagerie dans notre univers policé, qui font réaliser, par le pouvoir de mort qu'on s'octroie sur elle, combien nous phagocytons tout le vivant qui n'est pas nous, combien nous le réduisons promptement à la domesticité, et la prétention que nous avons à être charitables, tandis que nous tentons de ne pas avouer notre cruel statut de maîtres.

Commentaires

  • O_o un Gypaète ? Il se serait pas planté ? On en trouve vingt couples dans les massifs alpins, et ils habitent généralement le moyen orient et l'afrique. Ce n'est pas juste un rapace, il est de la famille des vautours (du coup je veux bien croire qu'il soit immense avec ses 2m50 d'envergure minimum).

    'fin en même temps, c'était ton jardin donc bon... on sait à quel point c'est le dernier refuge du règne animal ligérien.

  • O_o un Gypaète ? Il se serait pas planté ? On en trouve vingt couples dans les massifs alpins, et ils habitent généralement le moyen orient et l'afrique. Ce n'est pas juste un rapace, il est de la famille des vautours (du coup je veux bien croire qu'il soit immense avec ses 2m50 d'envergure minimum).

    'fin en même temps, c'était ton jardin donc bon... on sait à quel point c'est le dernier refuge du règne animal ligérien.

  • En effet, je ne m'étais jamais interrogé, faisant confiance à l'homme de l'art, mais je vois sur le net que la dénomination pose problème. Je me demande s'il n'y aurait pas une sorte de gypaète européen, commun, de petite taille. Je vais vérifier dans ma documentation. Merci de ta vigilance.

  • ... Et surtout, c'était vraiment grand. Sûrement pas les 2 mètres dont tu parles, mais vraiment un grand rapace. je ne sais plus quoi penser.

  • Le plus probable ce serait que ce soit un busard cendré (si je me plante pas). Les buses, on le voit souvent au sommet des poteau électriques, donc on se rend pas compte, mais d'envergure, ça monte souvent à 1m60

    Ce qui fait quand même bigrement grand dans un salon quand ça se débat parce que ça a peur :)

    Destin funeste, vraiment dommage. Ça devait vraiment être beau

  • Le busard, oui, ce doit être ça. C'est plus grand que la buse variable que je connais bien et plus petit qu'une roue de tracteur.

Les commentaires sont fermés.