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Mode d'emploi

Un compliment : à peine une main sur la blessure. Une critique : un carnage de tout l'être.

C'est comme ça. Il faut apprendre à se protéger. Le problème, surtout, est quand les réserves révèlent une lecture « à côté », c'est-à-dire que le lecteur s'est arrêté à un seul aspect du livre et n'a pas vu vraiment quel en était le projet. Là aussi, apprendre à ne pas s'en trouver anéanti. Sur « le Baiser », facile : il ne pouvait pas y avoir de contre-sens, le propos, basique, manifeste, n'ouvrait qu'à peu d'interprétations dévoyées. Sur « le Psychopompe », je vois que beaucoup ne se sont pas arrêtés sur ce propos de la fiction comme seule trace de nos vérités. L'ironie d'un mensonge comme porteur de mémoire. Quand le lecteur ne se contente pas d'une lecture politique ou satirique. On ne peut quand même pas livrer un roman avec son mode d'emploi. Si ?

Commentaires

  • Non. Par contre, il est essentiel de ramener la critique à son unicité, ne pas lui accorder plus de place qu'en a pris le compliment. Je vois bien ce que tu veux dire dans ce message, je sais aussi qu'il n'y a rien à faire, sinon attendre que la vraie portée soit reconnue. De mon côté, je diffère avec volupté la fin de la lecture (quoi? d'une heure?) et le moment de l'exercice critique, qui ne sera pas aisé. Parce qu'il y a beaucoup plus dans le Psychopompe que ce qu'il veut bien laisser croire, comme dans tout essai que l'action romanesque maquille. Allez, rien de grave: j'ai eu comme seul avis, pour Tébessa, d'une personne proche qu'il "ne se passait pas grand chose..."

  • Tu nous as appris aussi:
    Parler / écrire , c'est bien souvent dresser l'Autre en Adversaire, lui opposer nos modèles, nos héros, nos mots héroïques, pour qu'il se taise.
    et nous que faisons-nous en disant cela seul? et vues d'en haut, de très haut, toutes nos paroles ne sont-elles qu'à cette fin de carnage ?

  • Soit dit en passant, le mode d'emploi des grands auteurs, ça se vend très bien :) Soit parce que ça a bien été vendu par l'éditeur, soit parce que c'est nécessaire.

    J'ai toujours pensé que l'art n'était pas à la portée de tout le monde, au risque de contredire le premier sens de la fameuse citation de Warhol "Tout le monde est un artiste". Non. Plante mes parents (érudits s'il en est, du moins soi-disant) devant une des Nativité de De la tour, ils seront foutus de te dire qu'il n'y a rien de religieux dans le tableau. Combien de gens ne retiennent La disparition que pour sa prouesse technique ? Qui remarque les invraisemblances tellement justes des poses de Rodin et relève toute la dimension exceptionnelle et inouïe de son talent ?

    Il faut être formé/avoir un bagage, une expérience. Ça se travaille d'apprécier, et pas simplement par l'accumulation.

    Et je pense que le soucis des critiques sur tes bouquins peut s'arrêter à ce simple état de fait : sans mode d'emploi, sans commentaire, c'est au petit bonheur la chance. Maintenant, voilà, y'a des choses imperméables, y'a des figures qui ne sont pas criantes, et des intentions tellement diffuses et globales qu'elles échappent justement aux critiques pointilleuses :)

    Honnêtement, et sans rien en lire, qui avait pigé du premier coup d'œil, ou même après une heure de contemplation, que Soulage travaille sur la lumière avec ses toiles noires ?

  • Il ne faut pas apprendre à se protéger de la critique, mais apprendre à déplaire.

  • Laurent > C'est vrai. Difficile de se garder des attaques, ou des appréciations spécieuses. Mais un travail critique sincère, argumenté : nous courons tous après.

    Jean > Souvent l'Autre en adversaire, oui, mais chercher aussi l'Homme, le complice, la connivence. En tout cas, ne pas chercher le repos.

    CXZ > Il faut un bagage, c'est mieux dans beaucoup de cas, si la tête est bien faite et encore : quel bagage ? Combien d'érudits, devant Soulage, incapables de rien ressentir ?

    Lionel > Déplaire ou plaire, l'un et l'autre, mais pour de bonnes raisons. Tu te souviens d'une critique sur ton "Ode à Jean Puy" ? : "Bien, mais la forme..." Alors, que, la forme, justement... C'est ce que je veux dire. Les bonnes critiques ne sont pas celles qui te caressent, mais qui mettent le doigt sur un problème que tu n'avais pas vu, et dont la résolution va te permettre de progresser. En tout cas, la phrase est belle. J'adopte (pas parce qu'elle est belle, mais ce pourrait être une ligne de conduite. heureusement, il m'arrive de déplaire.)

  • On peut plaire aussi pour de mauvaises raisons.

  • Un peu abrupt, le commentaire, je précise...
    Il n'y a pas de bonnes ou mauvaises critiques, la critique existe peu, au final. La démarche de publier est toujours un peu casse-gueule, même s'il on est content de son oeuvre, ce qui n'arrive absolument jamais chez un créateur.

    L'enfant arrive, notre coeur est gonflé d'espérance, et finalement c'est pas une flèche à l'école.

    J'en parle légèrement, ayant renoncé à publier des choses que personne n'a jamais demandé à lire, ce n'est que justice.

    Ton roman aura l'avenir qu'il mérite, aucun doute là-dessus.

    Les critiques n'améliorent jamais les enfants...

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