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Du cerveau qui repousse

Qui entendais-je se gausser des informations approximatives trouvées sur internet ? Giesbert ou un autre, je ne sais plus. Il faut évidemment manier avec prudence les données collectées sur le net, de là à voir dans leur manque de rigueur une nouveauté... L'approximation et le crédit excessif qu'on met dans l'information offerte ne datent pas d'aujourd'hui. Dans un livre du célèbre Camille Flammarion intitulé « le monde avant la création de l'homme » (1886), on peut voir une affreuse image de pigeon sur lequel on a pratiqué l'ablation des lobes cérébraux. La légende nous apprend que « le cerveau repoussera et l'intelligence repartira » (!). Ce bon Flammarion, astronome, grand vulgarisateur, n'était pas moins crédible que les auteurs de Wikipédia, et les familles achetaient de bonne grâce ses éditions illustrées, qu'on calait près des Larousse dans les rayons du savoir, pour l'édification des enfants.

De même, je suis toujours assez amusé qu'on stigmatise les photographies de magazine et les retouches que le numérique autorise. On prévient que l'image est trompeuse, on fait le procès de chacune pour mettre le citoyen en garde contre l'orientation qu'on peut lui donner. Encore une fois, nihil novi sub sole. Pour les lecteurs du XIXème, rien de plus exact, rien de plus probant que les gravures dramatiques qui accompagnaient les articles de « l'Illustration » et de tous ses avatars. Le lecteur savait bien qu'il était face à une création, un dessin, éminemment artificiel, subjectif, travaillé. Loin des effets d'instantané de la photographie. C'était pourtant la représentation prétendument objective d'un fait. Aujourd'hui, la retouche n'est finalement qu'une fine modification de la réalité, comparée à l'artefact des gravures. Et le numérique et ses possibilités, paradoxalement moins spécieux que les dessins de nos aïeux.

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