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La logorrhée solitaire du diariste

Evidement, un billet par jour, cela implique nombre de textes de pur verbiage. Et la logique désaffection des lecteurs. Ensuite, seul auteur et seul lecteur, tout en un, le blogueur diariste s’amuse de ses trouvailles, s’inquiète de ses audaces, conteste ses raccourcis. Il n’a plus besoin de personne. Mais dans le vaste monde numérique, chacun ainsi est renvoyé à l’écho de sa voix dérisoire, aussitôt perçue qu’oubliée. Et les plus influents jouissent d’une réputation pendant quelques années, se voient ouvrir les portes de l’édition la plus complaisante, produisent par conséquent quelques ouvrages périssables, aussi vite noyés dans le reste des sorties de papier. Une production textuelle immense, inédite sans doute dans l’histoire de l’humanité, dont le foisonnement des traditions orales constitue peut-être le seul corpus en mesure de lui être comparé. Et tout cela, contrairement à la ténacité des récits fabuleux, déjà condamné à la disparition des données. Parce que leur support numérique est encore plus fragile que la parole, parce que l’ordinateur ne peut s’assoir un jour sur une pierre, prier l’enfant d’écouter un instant, et proférer pour rien, pour le sourire ou l’édification de l’autre, une bribe de la grande geste humaine.

Commentaires

  • Cher ami, j'ai cru également il y a longtemps que publier mon roman serait une apothéose. Ce ne fut qu'une jouissance. Elle vint et s'escamota aussitôt qu'elle fut perçue.
    On en revient, croyez-moi.
    La voix solitaire est toujours plus belle, car elle répercute l'écho de la solitude qui est condition absolue de l'homme, à tel point qu'on pourrait écrire que la solitude est à l'homme ce que le bois est à l'armoire.
    Que vous réussissiez ou non à vous infiltrer pour quelques semaines sur les cimaises surchargées des rentrées littéraires, votre narcissisme seul y dînera grassement.
    Votre oeuvre, elle, je le crois, se poursuit dans la cabine démesurée de votre esprit.

  • Merci. Je n'ai heureusement jamais considéré la publication d'un roman comme une apothéose (car après, que serait-ce qu'écrire ?). Je n'en suis donc pas revenu, n'y étant jamais allé (pour suivre l'idée). Mes romans publiés ne l'ont pas été grâce à Kronix, mais par des chemins plus directs, d'élection véritablement littéraire. C'est de cette élection dont j'avais besoin. Ensuite, le contact avec des lecteurs est tout de même (hein Laurent ?) une délectation et la source de surprises, autant d'éléments pour connaître ce que l'on fait. Chose qu'on peut ignorer, travaillant seul. Je suis d'accord avec vous pour considérer que, tout cela pris en compte, il est essentiel de pratiquer et de poursuivre l'écriture dans "les infimes stratégies de la table de travail". Belle suite à vous. merci de votre passage.

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