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Avant-propos

En avant, le propos ! Le petit incipit de mon dernier livre en cours : "J'habitais Roanne". Suivront quelques extraits (rien envie d'écrire d'autre en ce moment).

Le début est insaisissable. Le moment – au moins la période, l'âge – où il apparaît clairement que nous vivons à tel endroit. C'est-à-dire quand la simple expression « J'habite... (quelque part) » fait sens. Toute l'expression, chaque mot dans cette phrase : « J'habite (en l'occurrence) Roanne ». Ce que signifient clairement, intégralement le pronom « Je » et le verbe « habiter »,  ce que l'un et l'autre impliquent de conscience et de vécu ; et de même ce que signifie – dans la chair et dans la pensée – le nom du lieu où l'on vit. Avant de savoir penser cette affirmation, pendant le long processus qui mène à la comprendre, la ville a prolongé son ossature en moi, elle a imprimé ses formes, ses odeurs et sa musique dans mon identité en construction. « Tout cela est en moi » disait de Roanne Daniel Arsan dans un texte inédit. La ville, ma ville : Roanne, est en moi en effet. « J'habite Roanne ». La formule est trop familière pour qu'on s'y arrête sans l'effort de la méditation. Est-ce qu'elle ne prendrait pas toute sa mesure quand elle se formule au passé ? « J'habitais Roanne », comme l'identité se forge au feu de l'existence : ex sistere, être placé au dehors. Sortir, s'éloigner pour être compréhensible à soi-même. De la même façon, partir de sa ville pour la saisir et y saisir ce qu'elle fut pour nous. Ainsi, aujourd'hui que je m'en éloigne – si peu d'ailleurs – et que l'âge m'en offre une perspective construite sur un peu d'expérience, je crois comprendre ce que l'expression « j'habitais Roanne » peut signifier, pour moi en tout cas. Voici le récit de cette maturation, qui aura peut-être échappée à d'autres, plus précoces, moins méditatifs, et que j'envie parfois. 

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