« … beurre, confiture, toasts, boîte pour le chien, un paquet entamé de jambon de Parme, un morceau de Gouda, une tasse de café, deux pots de lait, une coupe de compote de pommes, deux yoghourts nature, des céréales, un demi-pamplemousse... » la liste de ma douce pour que mange un soir tout seul ? Non : un extrait de « Et si c'était vrai » de Marc Lévy. Je vous jure. Mais ce n'est finalement pas le plus gênant. Ce qui m'affole, c'est qu'on puisse faire entrer un texte qui est du niveau scripturaire d'un scénario de film (pas plus mauvais, mais pas « écrit », pas conçu pour ça), dans la catégorie des romans. En fait, je crois que la supercherie est là : je fais l'hypothèse que ce... ce roman (je n'ai pas lu les autres) est d'abord un scénario que Lévy a proposé aux studios et qui, refusé, a trouvé un nouveau souffle dans une adaptation pour le livre. Ou bien est-ce sa vision de l'écrit, comme d'une sorte de rapport où, visuellement, rien ne doit être caché. L'accident de Lauren, au début du récit, est typique du procédé avec la description du corps, les détails de sa position, celle du bras, l'esquisse de sourire, son visage, sa chevelure... Lévy ne nous épargne rien. Il faut qu'il énonce. Tout. Comme s'il voyait son histoire se construire à coups d'images arrêtées. Je ne sais pas qui lit ces trucs, mais c'est ennuyeux au possible.