Et voici la 1500ème note ! La première date de 2006 et n'était pas la première. Je m'explique : en réalité, Kronix a poussé ses premiers vagissements dès 2004. L'année de rédaction du Baiser de la Nourrice, et pour les mêmes raisons sans doute. Une profonde angoisse envers ce qui était en train de se passer dans ce pays et certains dangers de basculement politique, en tout cas de la société, angoisse prémonitoire hélas. Kronix était alors volontiers polémique, tapait sur tout, et très souvent se laissait aller à l'humour avec notamment Les fiches zoologiques du Professeur Coolidge. Cela me valait des statistiques de fréquentations jamais revues depuis (j'avais engorgé ma bande passante). Je mettais à l'époque beaucoup d'énergie et de temps à dialoguer avec d'autres blogueurs, cherchais le contact, attirais les internautes par des tags nombreux et ciblés. Kronix était également anonyme. Un jour, après plusieurs mois de silence, je décidai de supprimer toutes mes notes. J'ai cependant conservé le « label » Kronix, et, le 7 août 2006 donc, un nouveau billet est apparu. Intitulé « Analouê vorshê, gomoun ! », il déclarait : « Eg noul leis mo ghiom leised. Ent vorshê leiseré. »* D'après une langue imaginée par mes soins. Car alors, j'avais en tête de créer un blog lisible de moi seul mais visible de tous. Le goût du paradoxe et une réflexion sur l'outil internet qui adresse à l'univers des messages dont tout le monde se fiche. Autant être incompréhensible. Ça ne m'a pas amusé longtemps. Trop de travail pour construire les phrases à partir du dictionnaire que je m'étais construit (environ 600 mots et verbes, sans compter les déclinaisons. Encore n'utilisais-je que le Ghiom, l'une des deux langues élaborées pour un projet inédit. L'autre langue étant le Dalem). Plaisant, mais la futilité à ce degré frise le sacerdoce.
Kronix n'a pas pris tout de suite sa vitesse de croisière. Je crois que le déclic a été la sortie de mon premier roman et le retour des lecteurs, venus sur mon blog, désormais signé de mon nom. Depuis plusieurs années donc, les billets sont systématiquement quotidiens, sans interruption sauf pour cause technique. Cette fréquence n'a pas de but en soi, elle me permet je crois de garder le contact entre deux livres (si tant est qu'il y en ait d'autres), et de m'imposer une discipline. C'est surtout un bon exercice d'écriture. Mais je suis bien conscient que tous ces mots rejoignent le verbiage planétaire. Disons que c’est une vanité peu nocive pour les autres. Analouê vorshê à tous, donc.
* et pour la première fois, je vous offre la traduction :
« Belle journée à tous, frères humains !
Je viens parler avec l'humanité qui parle. Tous les jours je parlerai. »
Pour ceux que ça amuse : Analouê : belle (ê, marque du féminin ; analou : beau, de ana : image avec le suffixe superlatif le, lo, lou : image réconfortante, d'où : belle) vorshê : journée (ê, idem ; Vor : de vors, la course (la course en train de se faire. La course passée, dont on se souvient : vorong, ce qui donne : vorongshê : hier, un jour passé ; Sh, de Shagma, le soleil) > vorshê : la course du soleil : la journée.
Commentaires
"Mais je suis bien conscient que tous ces mots rejoignent le verbiage planétaire."
Et nous bien contents.
Enfin, la révélation ! Après tout ce temps ! Une question de moins dans ma tête.