On imagine Clément Bénech intelligent et délicat, drôle et tendre, malicieux (pardon de ces qualificatifs pour gendre idéal, il vaut mieux que ça). Enfin, ses textes (ses, oui : avant ce premier roman, il fut permis d'apprécier sa pertinence sur son blog humoétique -en lien ici depuis au moins un an, sinon plus- et dans Décapage, la revue de l'éditeur Flammarion, où il fut sans doute repéré), ses textes, disais-je, dessinent ce portrait de leur auteur. Jeune, très jeune (21 ans, édité chez Flammarion ! que les autres jaloux prennent la file, je suis devant), fin, drôle (je l'ai déjà dit, non?), cultivé. Amoureux. En tout cas le narrateur de L'été slovène. Le narrateur, qu'on se figure être Clément comme on s'imagine Marcel en lisant La Recherche (mais on peut raisonnablement supposer qu'il s'agit d'un leurre). Le narrateur, donc, parti avec sa copine Eléna en Slovénie pour un petit périple. Voyage doux-amer. Lucide. Lucide comme l'était un autre jeune garçon de la littérature, Musset. Lucide au point de disséquer en quelques phrases le lent évanouissement des amours inconséquentes. Celles que la jeunesse permet justement, et dont on peut plus tard se pardonner le peu d'ambition.
L’été slovène est écrit avec la même délicatesse, le même humour, la même lucidité que l'auteur donne à ses personnages. A notre échelle européenne, la Slovénie est un pays jeune, une terre incertaine, propice au tourisme neuf, errant, dérivant. Un paysage qu'un jeune couple arpentera tout en restant concentré sur son doux écroulement. La France n'aurait pas pu, ni les États-Unis. Il fallait bien que cet été soit de là-bas, slovène. Lointain et coutumier. Banal et exotique. Paradoxal.
Ceux qui me connaissent savent que j'aime les fables hirsutes et malsaines, les grandes orgies de littérature tonitruantes, les récits où se puisent les mythologies des siècles à venir. Mais enfin, un roman court, profond sans avoir l'air d'y toucher, musical, léger comme la gravité qui nous tient debout, ma foi, j'aime. Et je conseille.
Et on voit encore une fois que les chroniques littéraires, c’est pas mon fort.