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Lectures

Puisque c'est l'été. Les après-midis sont consacrés à la lecture. Enfin. Ce qui donne :

Les trois volumes de carnets de Simenon : Quand j'étais vieux. Indispensable. Je découvre l'homme après l'écrivain. Et je me réjouis de constater qu'il est à la hauteur. Que c'est un type que j'aime.

Lydia Jorge : La couverture du soldat. Du mal à entrer dans le roman de cette auteure lusitanienne (vous me connaissez, dès que je suspecte le gnangnan, la soupe épicée pour dames, le schéma convenu : destin d'une fillette devenue femme, lourd passé familial tagada, je m'irrite) mais très vite le charme de l'écriture arrache l'adhésion, les personnages sont de toute beauté, notamment celui de l'héroïne. Dispensable, contrairement au Simenon, mais vraiment très bien.

La maison du retour, de Jean-Paul Kaufmann. Presque un journal du regain, quand l'ex otage qui ne peut être que cela aux yeux des autres (il rentre juste de ses années de séquestration), décide de s'installer avec sa famille dans une maison isolée des landes, dont on dit qu'elle abrita un lupanar pour officiers allemands. Tendresse, étonnements, descriptions saisissantes, un peu trop de moraline. Je crois que le journaliste n'était pas encore un écrivain à cette époque-là. Il semble que ses derniers récits de voyage sont plus pertinents et forts.

De la dernière sélection Lettres frontière :


Fée d'hiver, d'André Bucher. La découverte d'une maison d'édition, Le mot et le reste, dont la collection Attitudes tourne autour du « nature writing », expression que j'ignorais mais qu'on peut comprendre comme une littérature imprégnée du sentiment de la nature. C'est le cas de ce beau récit où les personnages (Daniel, Richard, Alice, Louis, Pierre et Robert) et qui constituent un microcosme déjà assez perturbé, vont s'allier, se révéler ou s'affronter quand survient un beau bûcheron venu de Serbie. Images poétiques et fortes, et descriptions émouvantes et sensuelles de la nature. A chaque page, j'avais envie de souligner un passage, une expression. L'auteur est  né en 1946, vit depuis trente ans dans la Drôme sauvage qui sert de cadre à l'histoire. Je suis sûr qu'il décrit les saisons et les ciels depuis sa fenêtre. Je devine même que certains paysages ont déterminé des scènes, venues dans l'élan d'un coup de vent, d'une migration d'oiseaux. Grands espaces, caractères forts, il y a du western là-dedans. On craint la tragédie, elle approche dangereusement, mais pour une fois, nom de nom, dans ce monde de brutes, c'est l'amour qui l'emporte. Roman écrit par l'un des pionniers de l'agriculture bio, ce qui me le rend immédiatement sympathique. Ma seule réserve concerne la maquette de ce livre, désastreuse. La typo est absurdement petite, peut-être pour des raisons de coût, une réduction du nombre de pages, faire tenir 300 pages dans la moitié. Ou alors, c’est un souci écologique, dans ce cas je m'incline. Mais merde, on souffre. Allez lire ça dans le car, vous.

Dans ma tête, je m'appelle Alice. Portrait de femme. De gamine et de femme. D'auteure qui raconte surtout une autre femme : sa mère. Récit poétique à la première personne. Sauf que c'est un homme qui donne sa voix à la narratrice. En tant qu'homme, je trouve ça très bien fait. En réalité, pour avoir fait l'exercice maintes fois, je peux jurer qu'il n'est pas difficile d'écrire les sentiments d'une femme. Et quoi : on est tous fait de la même chair et traversé des mêmes sentiments. Donc, pas d'exploit, mais une vibration juste, un beau portrait en creux. En creux parce que, sous les yeux de la narratrice, et même si on croise un frère, un père, des petits copains, c’est surtout de la mère dont il s'agit. La fille observe la Reine surgir. La Reine, c’est le surnom de la mère terrible, honteuse, de la mère alcoolique. La Reine qui va bousiller la famille, démolir la vie, mais aussi la construire, que voulez-vous, on est fait de cela aussi, pas le choix. C'est un premier roman, oui mesdames, d'un petit gars de 25 ans. C'est parfois plus précieux que vivant, mais c'est toujours fichtrement bien écrit. Entre les chapitres, des parenthèses rapides, foisonnantes, criblées de noms qui font écho dans la mémoire. On comprend vite, on est en terrain connu. La seconde vie de la narratrice, c'est la lecture. Dans ces courts impromptus, les références se télescopent, s'enchaînent dans un sabbat de héros et de phrases. Refuge, monde dans le monde, de quoi permettre à la fille de se blottir quand la Reine monte sur son trône. C’est un livre fort, élégant, habile. De Julien Dufresne-Lamy. 25 ans, je disais. Il y en a qui exagèrent.

Commentaires

  • Pour prolonger la découverte d'André Bucher et de son territoire :
    http://andrebucher.tumblr.com

    La Vallée seule, nouveau roman à paraître le 22 août :
    http://lemotetlereste.com/mr/ecrits/lavalleeseule

  • Merci pour ces découvertes. Merci de nous les faire partager. Merci de votre passage.

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