Depuis quelque temps, mon éditeur me transmet les éloges et enthousiasmes de libraires, de journalistes (notamment d'un bord politique opposé à mes convictions), d'écrivains, à propos de mon dernier roman. Les invitations affluent, pour des salons du livre, des rencontres, des invitations privées même, à la table d'auteurs prestigieux. Je devrais m'en réjouir, évidemment, mais l'angoisse de telles perspectives dépasse de loin la satisfaction que je pourrais en retirer. La peur horrible de décevoir, que des esprits plus fins que le mien découvrent une imposture, s'exclament, désolés : « le roi est nu ». Et d'ailleurs, de roi, il n' y a pas.