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Alexandre.jpegHier, revu « Alexandre le Bienheureux » d'Yves Robert, avec Philippe Noiret. Voici un film daté, dont les intérieurs sentent le studio de Billancourt, dont certains gags sont mous et l'interprétation pas toujours parfaite, cependant... Je l'ai revu avec beaucoup de  plaisir et d'émotion. Parce que ce film m'a sauvé la vie.
J'avais 14 ans, peut-être, j'étais pensionnaire dans une institution religieuse, on m'imposait des mathématiques ad nauseam, moi qui ne rêvais que d'art et de littérature, je ne comprenais pas le monde du travail et des adultes que je voyais arriver sur moi, non comme une promesse d'avenir, mais comme un train.
Et puis, un jour, un type qui passait avec son projecteur, nous montra ce conte innocent. Je ne sais pas si nos curés apprécièrent l'apologie de la paresse et du temps long que prônait le film, en tout cas, ce fut pour moi une révélation. Quelqu'un d'autre, quelque part, pensait comme moi !
Ce que je devinais du monde, le désir que j'avais de me placer dans une lumière toute bonne et désinvolte, tandis que je voyais les adultes pliés sous des contraintes qui les faisaient renâcler à longueur de journée, se trouvait soudain confirmé par l'autorité dune œuvre cinématographique. C'est ainsi que je comprenais la vie, elle pouvait être douce à qui choisissait de ne pas se vautrer dans l'obscure fatalité du labeur. L'exemple d'Alexandre me donna confiance, me rendit moins amer, moins suspicieux envers la nature humaine. Je n'étais plus seul. On pourrait estimer que son message m'a maintenu dans une sensualité puérile, a retardé ma maturité, c’est le contraire : il m'a fait mûrir, a dégagé la place où je savais pouvoir me redresser.
Bien sûr, tant d'autres films, plus importants filmiquement, mieux achevés et plus riches, m'ont apporté beaucoup, mais « Alexandre le bienheureux » est le seul qui aie su me dire que je n'étais pas une sous-merde vouée au désespoir pour le reste de mes jours. Voilà. De malheureux, j'étais passé à potentiellement bienheureux. Merci, monsieur Robert.

Commentaires

  • Alors il peut être salutaire de l'acquérir à la bibliothèque pour nos chers ados qui sont invités plus sûrement, hélas, à s'émerveiller de l'esprit de conquête de l'autre Alexandre dit "le grand" ...

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