Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

2766

Hier, j'annonçais triomphalement avoir mis un point final à La Grande Sauvage. Précisons qu'il s'agit du point final de la version alpha du roman. Mes manuscrits connaissent en général plusieurs étapes de réécriture qui mènent à une version delta, acceptable pour l'éditeur (avant que celui-ci, éventuellement, propose des aménagements pour le bien du livre). Cependant, la version alpha est une étape décisive (je vous fais rentrer dans la cuisine, ne faites pas attention au désordre, merci), parce qu'elle permet enfin de posséder une vision de toute l'architecture du livre, d'en percevoir à partir de là, les faiblesses, les parties à réduire ou à renforcer, des scènes à supprimer ou à ajouter, des personnages à enrichir. Pour chacune de ces phases, je cisèle le vocabulaire, approfondis les notions qui seraient trop esquissées, ou allège les morceaux trop explicites ou pédagogiques (ce qui est souvent le défaut d'un roman historique). Il y aura aussi le problème particulier des dialogues. Il est impossible de « faire parler » des personnages du XVIIIe dans leur véritable langue. D'abord parce que, malgré la multiplicité des documents, rien n'est sûr et, en tout cas, pas forcément utilisable. Par exemple, nous avons des lettres de soldats, des documents donc, issus du petit peuple, écrivant à leur famille. Lettres farcies de formules propres et de fautes. Mes personnages du peuple pourraient parler de cette manière, mais l'effet serait par trop exotique, semblerait plus factice qu'une forme que je vais élaborer à partir de ce français dégradé. Je ne peux pas non plus multiplier les occurrences du vocabulaire d'époque, parce que les dialogues seraient illisibles. Des choix vont s'opérer, des compromis qui donneront un effet naturaliste, obtenu par des procédés tout-à-fait spécieux et fautifs. Un roman historique n’est pas une machine à remonter le temps. Il faut que l'auteur et le lecteur aient bien conscience de cette impossibilité et des artifices qu'elle implique. Voilà les problèmes auxquels je vais maintenant me consacrer. Je vais aussi travailler sur un glossaire et un appareil de notes que j'espère divertissantes.
Je voulais par ce billet, vous faire prendre la mesure de la relativité de l'expression « point final » pour un roman.

Les commentaires sont fermés.