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12718082_1279446868751981_4810537838148835082_n.jpgL'aventure parisienne de Pasiphaé, cette pièce créée l'an dernier à Roanne, fut l'opportunité pour la Compagnie NU de présenter son travail à un public non acquis, réputé difficile. Les cessions roannaises ou stéphanoises pouvaient être considérées comme des jeux « à domicile » (ou presque) devant un public plutôt bienveillant. Ici, notre approche allait être jugée par des spectateurs sans a priori autre que celui qu'a pu nourrir la fréquentation des salles et programmations parisiennes. Nous ne faisons aucun complexe d'infériorité, nous connaissons la valeur de notre travail ; il s'agissait de le tester devant un public qui le découvre complètement. D'abord, une chose que nous ne pouvions prévoir : c'est que le changement de comédienne pour le rôle-titre allait à ce point bouleverser la mécanique de la pièce. Non pas changer le propos mais déplacer le centre. Observation fascinante de ce que le spectacle vivant autorise de manipulation, d'interprétation, de « jeu » en fait, à partir de l'écriture. Même le public, son nombre, sa composition, son humeur, change la donne. La pièce, selon son emprise, s'oriente vers la comédie ou le drame, différemment chaque soir. Preuve d'une sorte de plasticité de la pièce assez étonnante. Ensuite, nous avions pris le parti de supprimer les nombreuses chansons qui émaillaient la pièce dans sa première version. L'interprétation de ces morceaux par des comédiens qui ne sont pas à l'aise avec le chant, fragilisait l'ensemble. Les supprimer a resserré l'intrigue sur le trio Pasiphaé/Minos/Dédale. Quel personnage a pâti de ces suppressions ? Le peuple, qui n'est présent désormais que par des propos indirects (mais de façon presque obsédante, il en est question très souvent). Certaines scènes chantées auparavant ont été réécrites quand les informations contenues dans les couplets étaient nécessaires à la compréhension de l'intrigue. La Pasiphaé « parisienne » peut donc être considérée comme une re-création, avec ce que cela implique d'inventions, de relecture et de regains mais aussi de fragilité, de calages de dernière minute, de tâtonnements. Et seulement quatre représentations, séparées par une semaine, qui plus est. Fragilité augmentée. Mais c'est le bonheur de travailler avec des professionnels : tout a fonctionné à merveille. Le franc succès de la dernière peut faire rêver de ce que serait devenu la pièce après vingt représentations consécutives. Au final, nous ignorons ce qu'il adviendra de cette pièce, mais elle a eu un impact certain sur les personnes qui l'ont vue, qu'ils l'aient aimée ou pas, elle a marqué les spectateurs. Les retours continuent, les témoignages se poursuivent, que recueillent nos comédiens parisiens. Nous écoutons. Nous recevons, nous réfléchissons. Une scène a déjà été écrite, pour enrichir le début, poser les enjeux plus tôt qu'ils ne l'étaient. C'est une nouvelle création, riche de potentialités, remarquée par certains professionnels. Rien n'est accompli mais la compagnie se met à imaginer plus loin qu'elle ne l'a jamais fait. Et comme dirait ma chère Pasiphaé aujourd'hui : «  Alors, tout est possible ».

 

Photo Yann Guillotin.

Commentaires

  • Belle réflexion, content pour toi. J'espère que la pièce tournera et que je pourrai (enfin) la voir.

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