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actu

  • 3850

    Tu traînes toute la journée un dégoût de tout qui t'accompagne encore la nuit et jusqu'à l'aube. Ce qui te laisse le temps de chercher la source de cet accablement. Tu revisites les moments de ta journée, et tu la trouves, finalement, dans cet extrait de reportage au sein des mouvances d'extrême droite, quand une jeune femme de « génération identitaire », attablée dans un bar, prône la violence et le combat de rue à un reporter infiltré, en caméra cachée. Ce que tu es sensible, tout de même !

  • 3834

    Et en fait, le fond du débat, c'est qu'on dit chloroquine dans le sud et pain au chlore dans le nord.

  • 3832

    Ce samedi, 13 juin, j'ai le plaisir et le grand honneur d'être l'invité de la librairie "Un monde à soi", à Roanne, à l'occasion de la journée des libraires indépendants.

    J'y serai présent de 10h à 12h30 et de 14h à 18 h. Sous mon masque, je sourirai, et d'une main désinfectée et preste, j'aurai le plaisir de vous dédicacer mon dernier roman : "Noir Canicule", paru juste avant le confinement (quel timing !) chez Phébus.

    Merci à Valérie, à Alexandre et David, la belle équipe !

  • 3824

    Il a fallu faire un choix, et cela pousse à donner ceux qu'on a écartés. C'était hier, pour l'excellent site L'Ambidextre que je vous invite à découvrir, site d'actualité culturelle dont j'ai eu, il y a peu, les honneurs avec un portrait assez complet et stimulant d'un certain Olivier Melville. Dans la foulée, L'Ambidextre m'a demandé de choisir un « son ». Ce que je voulais : musique classique, pop, chanson… Je me suis arrêté sur le magnifique « Comme un légo » de Gérard Manset interprété par Bashung. Mais, comme je le dis dans mon explication, c'est l'humeur du moment qui me l'a fait privilégiée. Je ne regrette pas, au contraire, seulement je profite de mon blog pour compléter ma liste, cruellement restreinte (c'est le jeu). J'aurais donc pu choisir, selon l'envie et le moment :
    Henyik Gorecki : "Symphonie des chants plaintifs"
    Sibelius : « Kullervo » ou « Skogsraet »
    Florence Foster Jenkins (qui me met toujours dans une humeur particulière, entre fou-rire et désespoir) : « La reine de la nuit »
    Abel Korzeniowski : BO de « Nocturnal animals »
    Brel : « Ces gens-là »
    Joanna Newsom : « Emily », de l'incroyable album « Ys » qui, apprends-je par wikipédia, fait partie des 1001 qu'il faut avoir écouté dans sa vie, ce qui ne veut rien dire, nous sommes d'accord, mais je suis heureusement surpris qu'un disque, que j'ai découvert, moi, complètement ignare, par hasard, soit à ce point universel)
    Philip Glass : Itaipu (avoir de bonnes basses)
    Oldelaf : La tristitude (même si, aujourd'hui, cette chanson est tellement imitée, il ne faut pas nier sa qualité originelle)
    Pomme (découverte grâce à une amie interprète que je vous propose aussi de remarquer : Libellule Dorée) : « On brûlera »
    Barbara Pravi (découverte grâce à l'algorithme de Youtube à partir de Pomme) : le Malamour
    Tout « Volk You » (mais on ne trouve que des teasers sur Youtube, il est donc conseillé d'acheter leur premier album si on veut savourer). Il faudra qu'on en reparle, parce que d'excellentes choses se profilent pour le groupe emmené par Jérôme Bodon-Clair.

    Et Satie, et Stravinsky, et Ravel, et Arvo Part, et Bernstein, et Mica Levi, Tom Waits, et Queen, et Anne Sylvestre, et Bigflo et Oli (si, si), hurle ma conscience ? Ajoutez-les, ajoutez encore Poledoris, Desplats, Fauré, Purcell, etc, etc.

    Etc, parce qu'on n'en finit pas de s'émerveiller. Et les choix dans ce vertige de milliers d'années sont impossibles. Impossibles. Quelle chance, quelle malédiction de vivre en des temps où la création dépasse nos capacités de perception !

     

  • 3815

    La raison étant défendue avec fébrilité par des incapables, et les délires assénés d'un ton docte par des penseurs inspirés, celle-ci (la raison) s'en trouve aussitôt dégradée. Va rétablir un semblant de mesure dans ce merdier !

  • 3813

    Nous sommes comme des élèves assis sagement dans une classe, écoutant des professeurs connus ou inconnus, dont on ne peut distinguer le légitime de l'opportuniste, se disputant en meute la même estrade, tous vociférant, convaincus, dans un brouhaha indescriptible qu'il nous faudrait trier pour en déduire une leçon. Qu'on ne s'étonne pas de nous découvrir sourds, désemparés, inaptes, et plus attentifs à celui qui crie le plus fort.

  • 3809

    24 heures après les déclarations de Trump, une trentaine de cas d'intoxication au détergent dans le pays (source : Le Canard enchaîné). Et dire qu'il ne croît pas au darwinisme…

  • 3806

    Et, comme il se plaignait que les bruits de casseroles l'empêchaient de dormir, on lui fit comprendre que, infirmier de nuit ou pas, il devrait avoir un minimum de respect pour les hommages qu'on rendait à sa profession.

  • 3785

    En France, grâce au Covid-19, la nature souffle un peu. Les musulmans aussi. Un peu.

  • 3783

    Je parlerai de tout ça plus tard, une fois tout oublié. Pour mieux comprendre.

  • 3782

    A 20 heures, le personnel hospitalier. D'accord, mais pourquoi s'arrêter là ? Applaudissons tous nos héros : à 20h15, les routiers ; à 20h30, les éboueurs ; à 20h40, les enseignants ; à 20h55, les pompiers ; à 21h10, les agriculteurs... Vous l'avez bien cherché, aussi.

  • A la manière de...

    Proust

    Nous fûmes interrompus (sans que Gilberte, qui nous représentait avec une savoureuse ironie les inquiétudes excessives de son père quant à son état de santé, ne s'en offusque, car elle ne tenait plus à poursuivre son discours, qu'un remords soudain, venu avec le souvenir de l'anxieuse inertie de ses frasques passées, lui faisait apparaître, avec toute la rigueur des Vanités, aussi illusoire qu'ennuyeux pour son auditoire) par la voix du Ministre de la Santé, que Mme Verdurin se vantait de connaître plus complètement que son propre mari, quoique pour des raisons différentes, qui (sans se soucier de la grossièreté de son irruption radiophonique) énonçait de son timbre uniforme, épuisé par les heures tragiques que le pays traversait, les dernières consignes élaborées dans son cabinet, dans lequel (nous étions depuis longtemps enseignés de ce fait, comme par un phénomène de capillarité dont nous aurions été les mèches et le milieu dans lequel nous baignions le combustible, ce qui nous dispensait d'échanger le moindre mot à ce sujet), M. Verdurin avait ses entrées.

     

    Et j'arrête là.

  • A la manière de...

    Pierre Michon

    Il n'existe aucun moyen, fût-il sommaire ou archaïque, de remédier à la sophistication du confinement. Des jours en cascade dans un déferlement continu, des heures indénombrables, éteintes à peine sont-elles respirées, et toujours l'harassante question : que faire de nos peaux, de nos regards, de nos feintises, de notre aplomb infondé, de nos ballets orthodoxes ? Nous conclurons de cette longue évasion dans nos propres guenilles que nous n'étions qu'un contournement dans la vie des meubles, qu'une errance de plus, aggravant le martyr des tapis suppliants. Spectres, frères humains ébranlés, ours abrutis dans leur périmètre éternel, nous étions pourtant davantage que des fantômes ou des bêtes, des gens de bien et de pensée qui croient encore en leur intelligence des chairs et des objets, et s'abandonnent parfois à la dérisoire envie d'en écrire quelque chose, se tiennent à cette stratégie de survivant qui conte ses gloires ou désastres passés et à venir, s'en réjouit pour ne pas céder au bon goût de s'en désoler.


    Demain : Marcel Proust.

  • A la manière de...

    Racine


    Arsace

    Allons loin de ce port, éviter le virus,
    Prendre soin de celle que tu aimes, Titus.


    Titus

    Hé quoi ! En un tel jour je manquerais de cœur ?


    Arsace

    La prudence n'est pas synonyme de peur
    Et je n'ai pour moi-même aucune lâcheté
    Mais Ysménée t'attend au bout de la jetée
    Et la savoir ainsi, patiente et éplorée,
    Espérant ta venue, quand tu veux l'ignorer,
    Semble une injure faite au genre tout entier.


    Titus

    Ah ! Puisqu'il faut te dire, je vais sur ce sentier
    Où le courroux des dieux me porte désormais.
    Je me livre au malheur que le covid commet,
    Inutile de fuir : je suis contaminé !
    Mon suaire est cousu dans les draps d'Ysménée.
    Comprends-tu, cher ami, combien ses grands cils noirs,
    Ses doux bras, m'interdisent de céder à l'espoir ?
    Et combien je ne puis, car c’est elle que j'aime,
    M'attendrir, m'élancer et m'en approcher, même ?
    Je dois la rejeter, pour qu'elle vive heureuse
    Et je dois accepter l'arrêt de la faucheuse.

     

     

    Demain : Pierre Michon

  • A la manière de...

    Annie Ernaux

    Mon père avait stocké tout ce qu'il fallait. Une liste de fin du monde. Tous les produits les moins chers, avec une idée d'économie, de toute façon, qu'il s'agisse de pandémie ou pas. Les rouleaux de papier encombraient le balatum d'un placard, à l'étage. Il y en a beaucoup, mais on y va doucement. Prudence coutumière, pingrerie par anticipation. J'étais préparée. C'était dans la logique des autres discours, quand mon père imaginait les plus aisés, vite fatigués d'une tâche, il énonçait des jugements de la même eau. Avec le jardin, en plus, j'arrête pas. Et alors ? Le covid-19, moi, je le fais en marchant. Etc. Rengaine qu'on n'écoutait plus.

     

     

    Demain : Jean Racine.

     

  • A la manière de...

    Gustave Flaubert

    Frédéric avait dix-sept ans, de souples cheveux clairs et la bonne allure guindée qu'aurait exigé sa mère, madame de Ripoix, si elle se fût trouvée à son côté, devant la pharmacie de Saint-Mandé, sur le trottoir désert de cet après-midi de mars, en l'an 2020. Comme il regardait par dessus son épaule, son masque bleu niellé de gris glissa en découvrant ses lèvres et sa moustache fine de vainqueur de bridge, car il était mondain. Mademoiselle Andrée allait courant du même côté de la rue, le pas rapide et cependant mou, ayant des chaussures de sport aux semelles de caoutchouc. Sa foulée de lionne en chasse avait décidé l'intérêt du jeune homme. Leurs regards se croisèrent.

     

    Demain : Annie Ernaux.

  • A la manière de...

    Céline

    On remarque qu’il n’y avait personne dans les rues, à cause du virus ; pas de voitures, rien. « Restons pas dehors, me dit Bourate. Rentrons ! » Et voilà qu'on pousse la porte d'une baraque au jugé, comme ça, sans prévenir à la cantonade qu'on était sûrement infectés. La famille dans le logis devine de suite, pas la peine de raconter d'histoires, avec nos binettes à moitié retranchées sous la toile du masque réglementaire. Et des cris ! Et la mère de toute la smala qui s'avance et me plante le manche de son balai sur la poitrine, « Qu'est-ce que c’est que ces anarchistes ? », qu'elle dit, la mère, en m'envoyant une salve de postillons sûrement pas plus clairs que mon haleine, « M'envoyez pas vos miasmes ! », que je lui réponds, comme ça, parce que j'ai de l'instruction, du tac au tac. Au flanc, Bourate s'interpose : « On est des services sociaux, qu'il aboie à travers son masque, montrez-moi votre frigidaire, perquisition ! »

     

    Demain : Flaubert.

  • A la manière de

    Récemment, un précieux ami m'adressait un florilège d'exercices où il s'était amusé à des pastiches littéraires sur notre actualité. Le résultat m'a assez amusé et intrigué pour me joindre à lui, et je vous propose, aujourd'hui et pendant quelques jours, de petits textes "à la manière de". On commence par Hugo, noblesse oblige.

    "Des abîmes où l'obscure terreur vit naître sa puissance, le virus couronné déploya ses prodiges. Il embrassa l'Asie, déposa sur l'innocente Afrique ses lèvres vénéneuses, submergea la Perse et l'Arabie, étendit ses noirs effarements sur les populations d'Europe et, contre l'Amérique, précipita sa sombre vague. Dieu voyait ce mal coucher les créatures, et lui-même pleura, à ce que dirent les anges."

     

    Demain : Céline.

  • 3773

    Les oiseaux ne se posent pas de questions : le monde se tait, ils chantent. C'est notre malédiction et aussi notre vertu humaine d'être incapables d'une telle innocence.

    Enfin, il y a pas mal d'humains qui chantent, en ce moment.

    Mais il savent aussi qu'ils devront déchanter.

    Est-ce que les oiseaux, entre deux trilles, ont la (rouge)gorge qui se noue en songeant que c’est une grâce éphémère ?

    Bon, alors chantons en attendant.

    « Fais co-meu l'oasô »...

  • 3771

    La perte du goût, de l'odorat et de la vie, est un symptôme de mort.