Elle est dans une cabine d'ascenseur à l'arrêt, dont les portes refusent de se refermer. Elle tape sur le clavier en vain. L'ascenseur reste ouvert sur un couloir dont on ne voit -la caméra étant en hauteur- qu'un trapèze lumineux. La vidéo muette déroule froidement ces cinq minutes de la vie de la jeune femme. Cinq minutes pendant lesquelles elle s'agite, passe une tête dans le couloir, rentre, n'ose sortir, tente de se cacher dans un angle, essaye encore de faire repartir l'ascenseur. Manifestement, il y a quelqu'un dans le couloir, que la caméra ne peut pas voir. Enfin, elle tente une sortie, on la voit debout dans le couloir, s'adressant à une personne, hors-champ. Elle est, buste en avant, à faire des gestes dont on pourrait penser qu'ils sont de négociation. Et puis, ses mains en s'agitant, prennent un angle bizarre, comme si elles étaient montées à l'envers sur les poignets. Les portes de l'ascenseur se referment sur cette image dérangeante.
On a retrouvé son corps nu dans un réservoir, au sommet de l'hôtel. Parce que tout le monde se plaignait du goût ignoble de l'eau.
L'affaire date de quelques années, reste inexpliquée, et la vidéo est visible quelque part sur le net, pour ceux qui n'ont pas peur des insomnies.