Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • 2974

    Premier jour. Je reconnais la terre où je m'abîme. Elle a porté tant de mes rêves et de mes gammes. J'ai supplié de n'y pas tomber, parfois. Parfois, j'ai réclamé sa douce embrassade. Là, je m'enfonce. Ma prière au Maître a déclenché un rire de moquerie, et j'ai senti le froid soudain m'ensevelir. Je rentre dans le secret de la nuit. Depuis le sol humide, s'efface le dernier jour. Il fait un peu froid mais je suis sans frisson, ma peau nue durcit déjà. De l'extérieur, me viennent des parfums paludéens, des tintements de rainettes, des appels sauvages. Depuis ces profondeurs, je respire et médite. A la surface, les beautés sont tragiques, les hommes chevauchent des soleils, les femmes profèrent des incantations à la lune. Mais ici, le silence envahit ma tanière. Je me noie, j'inverse le temps, tout s'évanouit. Je suis dans l'éternel exil, depuis un temps inconcevable. Je suis vagissant, sous une arche de pierre.

     

    Extrait de "Le rire du limule", 2009.