Monsieur F. part au travail, prend sa voiture comme chaque matin. Son voisin d'en face est déjà parti, il est tôt, pourtant... Dans la maison du bas de la rue, la famille D. se précipite dans son gros 4x4. Le père de famille engueule les enfants qui traînent. Sa femme affolée échappe un sac dont le contenu se répand sur le trottoir. Elle ne prend pas la peine de ramasser, s'engouffre dans la voiture qui démarre en trombe et file sans s'arrêter au stop. Monsieur F. se dirige vers le centre ville où se trouve son bureau. Dans sa file, il est seul. L'autre côté est comble, on se klaxonne, on s'insulte. Des voitures tentent même d'emprunter sa voie pour doubler. Les magasins sont fermés. Une femme prend des fruits dans l'étal renversé d'une épicerie abandonnée. Monsieur F. commence à angoisser. Un flic qui tente d'organiser la circulation le voit, seul, sur sa voie. Monsieur F. descend la vitre pour demander ce qui se passe mais le flic ne lui laisse pas le temps de l'interroger : « Qu'est-ce que vous foutez là, vous ? Dégagez, dégagez ! » Monsieur F., désarçonné, arrive à son bureau. Madame D., sa secrétaire, est là. Enfin, quelque chose de normal, se dit Monsieur F. Alors, Madame D., soulagée, se précipite sur lui : « J'étais sûre que tu viendrais quand même. » Et elle l'embrasse avec une fougue étonnante. Comme si sa dernière heure avait sonné.