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etymologie - Page 2

  • HOMME 1/2

    L’homme s’est longtemps considéré -étant seul juge- comme l’aboutissement de la création, et les mots témoignent de cette ambition. Revenons dans le passé lointain pour dépoussiérer la racine indo-européenne Ghyom, la terre. Les Grecs y puisent le mot khtôn de même sens, qu’on retrouvera dans chtonien et autochtone. Les latins fabriquent un « homo », littéralement « né de la terre » (idem pour l’Adam hébreu, issu également du sol), dont on retrouve la facture terrienne dans l’humus et aussi, souvenons-nous en, dans l’humilité. Le genre humain, lui, est entièrement représenté, le savez-vous, quand vous dites ou écrivez « on ». Car dans « on » il y a l’ « homme ». Un concept à utiliser avec plus de circonspection, désormais.

  • DAME

     

    Dame : Interrogez les mots, pour leur faire avouer ce qu’ils disent vraiment. Ainsi, « dame » a des relents misogynes insoupçonnés. D’abord parce qu’il renvoie madame à ses foyers, la domus latine (d’où domestique, domicile, domaine, donjon) et ne lui assure pas le rôle de dominus, le maître de maison (d’où  dimanche, dominer et domino !). Mais aussi parce que sa racine indoeuropéenne Dem (maison), a engendré le mot despote. Curieuse parenté… On se réconciliera avec ce « Dem » méprisant, quand on saura qu’il accoucha des Don et Dom (Quichotte ou Juan), du duomo italien, des madones et des duègnes. Piètre consolation.

  • SECRETAIRE

    Secrétaire : Etymologiquement parlant, on doit pouvoir exiger d’une secrétaire qu’elle ne divulgue pas tout ce qu’elle sait. Une simple lecture du mot permet de remarquer une racine « secrète » qui en signe l’origine. Car secret il y a, puisé dans le secretum latin, qui impose d’écarter, et même, par la formule de la cella secretaria - le lieu secret, retiré- interdit l’accès à la sacristie (du sacristain, évidemment). Le ou la secrétaire est donc, d’abord, une personne de confiance qui sait se taire. Certain dictionnaire étymologique explique sans malice que « cet usage en est perdu ».

  • CHIFFRE

    Chiffre : Comme tant d’autres termes mathématiques appris du monde arabe, maître en ce domaine, « chiffre » vient de l’orient, et manifeste l’invention du chiffre par excellence, celui qui permet de multiplier, de diviser, de décimaliser : le zéro (sifr, en arabe : le vide).  Le Moyen-Âge occidental a bien reçu la leçon d’algèbre (al jabr : réduction de fracture), et d’algorithme (de Al Kwarizmi, mathématicien à Bagdad), importés de l’Inde par les savants arabes.

  • BUREAU

    Bureau : Etrange que l’origine du nom de ce meuble indispensable soit si confuse. Les latinistes, les gallicistes, les spécialistes s’y perdent et proposent l’hypothèse médiocre d’une étoffe de bure, couvrant une table et, par métonymie, d’un mot désignant « la table ainsi couverte », le bureau. L’extension métonymique ne s’arrêtera pas en si bon chemin, puisque c’est bientôt la pièce dans laquelle trône le meuble, qui sera baptisée du même nom vers le XVIè siècle. Et le sens s’élargit encore… Le bureau finit par désigner l’ensemble des personnes travaillant dans un même bureau (le bureau fête un anniversaire, choisit par hasard le Robert).

  • HOTE

    Hôte : L’étude étymologique concilie des principes aussi éloignés en apparence qu’une hostie, une armée et un otage. Il a suffi que le latin dise hostire signifiant alors « compenser », « égaliser », pour que les premiers chrétiens, doloristes, s’emparant de l’hostia (victime), aboutissent à l’hostie. Qu’est ce qu’un otage, sinon un hôte, qu’on incite fermement à goûter une hospitalité forcée ? Et l’hôte (hostis), considéré bien sûr comme un étranger (hostes) forcément suspect, devient bientôt l’ennemi (hostes également). De là à résumer cette hostilité par le mot hostis (armée ennemie), il n’y a qu’un pas, que l’ost ou  host, chère aux cruciverbistes, s’est chargée de franchir.

  • ECOLE

    Ecole : On sera sans doute surpris de trouver, dans le skholê grec originel, l’idée de loisir, puis celle d’activité intellectuelle « faite à loisir » -nuance qui change tout. Cette première notion de loisir et d’amusement est  d’ailleurs perceptible dans l’équivalent latin ludus, le jeu, qui désigna aussi une école élémentaire. Les anciens considéraient-ils l’école comme un lieu où l’on apprend en s’amusant ? Une notion à redécouvrir ?

  • CALCUL

    Calcul : Le commerçant phénicien et ses successeurs latins, durent quantifier de façon abstraite et rapide leurs marchandises. Ils établirent que le caillou du chemin, par exemple, figure un bœuf. Très bien, mais un troupeau de 40 têtes ? 40 cailloux alors, que le maquignon enfonce dans une boule d’argile à cuire, et sur laquelle il inscrit le nombre. Dès lors, calculer (calculus : caillou) le volume des échanges est plus facile. On comprend aussi que ces particules solidifiées dans les reins, qui empoisonnent la vie et qui ressemblent tant à des cailloux, soient également nommées calculs.

  • CHEF

    Chef : Le « chef » fut d’abord la tête, qui, en son élévation divine, concentre les sens nobles et naturellement, contrôle un corps dévolu aux tâches indignes. On lira dans ce glissement du terme anatomique vers la personne qui incarne l’autorité d’un service, la métaphore d’une hiérarchie bien comprise. Le « chef », tête moyenâgeuse donc, a vieilli sans abandonner son couvre-chef, pour magnifier ce qui est supérieur : chef-d’œuvre ou chef-lieu. Mais sait-on que c’est grâce au chef qu’on achève ? qu’on a un livre de chevet ? et qu’on pêche le chevesne ?