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  • A mes amis, électeurs de droite

    Nous y sommes. Comme promis dans le billet précédent, des arguments plus longs que le gag de l'affiche qui résumait seulement tout ce qui suit.

    Le personnage, d'abord :

    Il y a une droite fréquentable, démocrate, cultivée et solidaire. Souvent appelée démocrate-chrétienne. A l'aune de certains engagements de cette droite-là, il m'arrive de me demander si je suis vraiment de gauche. Sarkozy ne vient pas de cette tradition tolérante et sensible. Il s'est nourri, construit politiquement, avec la logique de la droite ultra-conservatrice américaine. Sa fascination pour l'Amérique (pourtant, il échoue son diplôme de fin d'étude à cause de sa mauvaise note en anglais) et pour Bush est connue, revendiquée. Pour lui, « les français aiment bien l'Amérique. La preuve : mes enfants préfèrent les films américains » (sic). C'est sur ce genre d'arguments que se base notre futur président. Pour cette raison, avec Sarkozy, nous serions embourbés en Irak en ce moment-même. Pour cette raison, il a employé toute son énergie pour faire venir Tom Cruise de passage à Paris, jusqu'à Bercy et se faire prendre en photo, serrant la paluche du pape de l'Eglise de scientologie. Pour cette raison il a intrigué de toutes les manières pour obtenir une poignée de main de Bush, prise entre deux portes à Washington. Dobeulyou doit encore se demander qui était cet agité qui voulait absolument garder un souvenir de sa visite à la maison blanche (pas du tout invité, rappelons-le). Le beauf capable de toutes les bassesses pour briller. C'est vrai que, déjà, là, j'aime pas, et je ne parle même pas du début de campagne où il invite tous les candidats à déclarer leur patrimoine (ce à quoi tous répondent positivement, livrant à la presse le détail de leurs impôts), ce qu'il oublie de faire, en définitive, lui. Gonflé. Mais s'ajoute le caractériel, celui qui fait virer le directeur de Paris Match à cause des photos de sa femme, celui qui fait pression sur le syndicat de la Presse Quotidienne Régionale pour empêcher le débat Royal-Bayrou, qui convoque un éditeur pour lui intimer l'ordre de retarder la sortie d'un livre sur Cécilia, celui qui pique une crise à France 3 (si je suis élu, je vous vire tous !), celui qui exprime son avis sur la possibilité ou non de publier « la vie sexuelle de Catherine M. » (depuis quand est-ce à un ministre de l'intérieur de donner son aval à ce sujet ?), celui qui trahit son propre camp (Balladur en 95, vous vous souvenez ?), celui qui vient en province avec un gilet anti-agression (contre les coups de couteau, pas contre les balles -pas encore), tellement paranoïaque que chacun de ses déplacements, même en terrain conquis (bord de Seine, Paris, le 4 avril !), déplace 80 à 100 policiers, avec police fluviale et mobilisation de la police urbaine. Un dispositif digne d'un chef d'état. Des ouvriers en grève n'ont pas pu manifester lors d'un meeting du candidat de l'UMP : Les CRS Les ont bloqués direct à la source. Confinés dans l'usine. Que craint-il, ce matamore ? Pas la confrontation frontale, pourtant : incapable de maîtriser ses nerfs. Au téléphone, ça donne, à un autre ministre : « Connard, déloyal, salaud, je vais te casser la gueule ! » etc. Dans les journaux, sous pseudonyme, il zigouille son propre camp : François Fillon ? « Un nul qui n'a aucune idée » ; Barnier ? « Le vide fait homme » Douste-Blazy ? « La lâcheté faite politicien » (on notera la pauvreté dans la variété de la syntaxe) ; Juppé ? « Fabius en pire », Chirac ? « Mort, il ne manque plus que les trois dernières pelletées de terre ». Quant à Villepin, il lui a promis de finir « pendu au croc d'un boucher ».

    Et on va confier l'arme nucléaire à ce malade ?


    Et puis, il y a les idées...

    Là, on ne rigole plus du tout. Il y a tellement d'horreurs que je ne sais plus par quoi commencer. Avec les musulmans, par exemple. Pour régler le problème des banlieues, et compte-tenu de sa vision communautariste et anglo-saxonne du phénomène, le processus de pacification des banlieues, dans la logique sarkoziste, est le suivant : on confie aux religieux musulmans la direction objective des âmes communautaires. C'est simple (la religion est un opium puissant, capable de calmer les excités durablement), pas cher (moins cher que les travailleurs sociaux, la police de proximité, l'investissement dans les logements sociaux, les aménagements urbains) et on peut espérer garder une certaine autorité sur des imams nommés. Mais tout cela produit des effets pervers : le jeune de banlieue est donc renvoyé, non pas à sa citoyenneté de français, mais à sa seule appartenance religieuse, il n'est donc pas un citoyen entier, respecté pour ses choix, et la remontée de doléances se fait donc, concrètement sans que ce soit dit techniquement, par les religieux, qui tiennent alors lieu d'interface entre la société et « l'autre société », celle des ghettos périphériques. Comme si on me demandait à moi, de me plaindre du mauvais état de mon trottoir via le curé de ma paroisse. Vous comprenez le problème ?

    Sarkozy souhaite revenir sur une des lois fondamentales de notre république : la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Sur le fond, on comprend l'intention. Il s'agit de contrôler -parce qu'on les aide financièrement- les structures cultuelles. Ce qui signifie d'abord, construire des mosquées sur les fonds publics, de façon à évincer l'influence des saoudiens waabites (tendance intégriste de l'islam, qui financent des mosquées -de leur obédience évidemment) et à redonner un peu de dignité aux minuscules lieux de prière musulmans actuels, genre arrière-cour de maison. Mais est-ce vraiment aux contribuables de faire construire des lieux de culte ? Il me semble que depuis la loi, personne n'a eu recours à l'état pour construire temples, pagodes, églises... Ensuite, la séparation donnait à l'Etat la mission de l'enseignement. Ce ne serait plus le cas. Vous imaginez l'influence des imams ou des intégristes catholiques sur les cours d'histoire ? C'est vraiment ce que vous souhaitez, chers amis électeurs ?

    Sarkozy et la génétique. Aïe. Le scientifique Sarkozy chausse ses lunettes, et son vieux fond de pensée manichéenne lui permet de croire que l'homosexualité et la pédophilie, ainsi que le goût pour le suicide sont génétiques. Bon sang, pitié, électeurs de droite, vous n'êtes quand même pas tombés si bas ? Réveillez-vous ! Nous sommes donc prédestinés. Les êtres violents le sont à la naissance, inutile pour expliquer un comportement brutal, de considérer l'environnement social et familial, la pauvreté, l'alcool, etc. Rappelons-nous aussi qu'un grand mouvement de scientifiques et de professionnels de la pédiatrie a réussi, à force de contestation, à faire reculer le chéri des sondages sur son projet de dépistage des comportements délinquants dès l'âge de 3 ans !

    Si Sarkozy fait une confiance aveugle dans la génétique, c'est peut-être parce que le fichage de l'ADN lui a rendu quelque service. Il en a élargi le registre, limité d'abord aux seuls délinquants sexuels, à toute personne soupçonnée d'un quelconque délit ! (sauf financier, ben tiens : pas fou). C'est ainsi que des faucheurs d'OGM (qui ne font qu'appliquer la loi, puisque la culture d'OGM est interdite en France) et des étudiants anti-CPE ont été fichés. Vous avez vraiment envie de ce monde ?

    Si vous n'avez pas encore la nausée après tout ça, vous pouvez éventuellement continuer la lecture, parce que moi aussi, je suis à bout de force et d'écoeurement.

    Je rappelle donc en vrac que deux livres de Sarkozy sont préfacés dans leur version italienne par son ami Gianfranco Fini, président du parti néo fasciste italien, que son projet de ministère de l'identité nationale n'a pas, contrairement à ce qu'il dit, d'exemple dans les autres pays européens. Ou plutôt si : dans le rêve de grande serbie de Milosevic. Et je dirais encore qu'il a une vision de l'Europe comme d'un grand marché ultra-libéral (alors les délocalisations, vous imaginez...), que le téléchargement que je considère personnellement comme une petite saloperie est pour lui un crime, et que le nouveau traité européen ne sera pas soumis au vote des français.


    Allez, y'en a marre. J'arrête, j'en suis malade.

    Je voudrais juste demander aux électeurs d'une droite humaniste, les supplier, de ne pas voter pour ce fou dangereux.

    Une dernière chose : Chirac parlant d'une possible présidence de Sarkozy : "Ce serait comme faire un barbecue géant dans le massif de l'Esterel en plein été".

    On avait bien besoin de ça...



    Sources : Magazine Marianne N°521, Le Canard enchaîné N°4511, Libération.fr, Le monde.fr, communiqué des journalistes de France 3, P.-Y. Ginet, Wikipédia, « la république, la religion, l'espérance » de N. Sarkozy ; Blog de Michel Onfray, des témoins de la visite du ministre de l'intérieur dans ma ville.


  • Enseeeemmmble ! Sauf...

    L'effet qu'a sur moi la critique, quelle qu'elle soit, est de me faire réfléchir, d'abord.

    La réaction de Joven writer a exigé que j'examine en quoi je pouvais avoir déçu. Il devait donc y avoir, dans l'édition de cette parodie d'affiche de Sarkozy, quelque chose qui ne convenait pas à Kronix. Je suppose que Joven a trouvé ça un peu court et basique. En gros, pas digne du niveau de ce blog. C'est donc plutôt une critique positive, si l'on y pense.

    Je m'empresse donc de supprimer cette image (rigolote quand même, non ?) qui rappelait au fond ce qui motive mes choix antagonistes : c'est que le personnage en question a joué le clivage, la haine, le sectarisme des communautés pour parvenir à ses fins. C'est-à-dire, tout le contraire, exactement, de ce à quoi doit ressembler une communauté humaine selon moi : une force solidaire, préoccupée du sort des plus faibles. Et pas seulement entre les deux tours.

    Ce qui serait du niveau de Kronix, alors ? La fable de La Fontaine postée hier, j'imagine. Et un propos argumenté qui explique pourquoi un démocrate conscient ne PEUT pas voter Sarko, quelles que soient ses idées politiques. La problématique droite-gauche est en effet dépassée, ici. Il s'agit de savoir si l'on veut vivre ou non dans une démocratie. Rien de moins.

    Ce soir, je m'imposerai donc cet exercice d'un argumentaire approfondi. Tant il est vrai -joven writer a raison- que lutter contre un adversaire ne doit pas avoir pour conséquence de lui opposer des idées de son niveau : courtes et simplistes en l'occurence.

    A dès que possible.

  • Les Grenouilles qui demandent un roi

    Les grenouilles se lassant
    De l'état Démocratique,
    Par leurs clameurs firent tant
    Que Jupin les soumit au pouvoir Monarchique.
    (...)
    Le Monarque des Dieux leur envoie une Grue,
    Qui les croque, qui les tue,
    Qui les gobe à son plaisir,
    Et Grenouilles de se plaindre ;
    Et Jupin de leur dire : Eh quoi ! votre désir
    A ses lois croit-il nous astreindre ?
    Vous avez dû premièrement
    Garder votre Gouvernement ;
    Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire
    Que votre premier roi fût débonnaire et doux :
    De celui-ci contentez-vous,
    De peur d'en rencontrer un pire.

     

    Jean de la Fontaine