Je suis depuis longtemps partisan de l'incinération des corps (après la mort, je souligne : on ne sait jamais. Qu'on ne me prête pas d'intentions malsaines), comme beaucoup d'entre nous. Une certaine poésie de la dispersion des cendres, une humilité en réaction à la prétention de corps qu'on essaie de conserver relativement intègres le plus longtemps possible, l'argument humaniste de "laisser la place pour les vivants", tout cela entrait dans mes convictions.
Depuis peu, je m'interroge. Non pas que mon avis ait changé quant aux critères ci-dessus, mais un fait majeur a imposé que je revisite ces certitudes : le réchauffement climatique. Soudaine considération d'effets et cause sans doute disproportionnée, mais je me demande aujourd'hui s'il n'est pas extrêmement vaniteux de faire consommer X litres de carburant pour satisfaire une vision surtout romantique, dont je n'aurais manifestement plus rien à cirer à l'heure de l'opération.
Il faut beaucoup d'énergie pour faire brûler un corps (relativement gras qui plus est, si je poursuis pendant les années qui me restent à vivre, ma déplorable tendance à l'embonpoint que seule ma compagne trouve à peu près seyante), aucune pour enterrer un corps. Pour la place, il se trouve que dans mon cas particulier, ma famille bénéficie d'un caveau. On me fera donc une petite place auprès de mes aïeux. Je promets de ne pas exiger de mausolée. Mon enterrement n'empiètera donc pas sur le domaine des vivants plus qu'une incinération.
J'en suis là de mes réflexions. Je me laisse du temps pour me décider. Disons jusqu'à ma mort. Je vais tâcher d'avoir un témoin lors de mon dernier souffle, si jamais je suis enfin déterminé : "En terre... AArgfh."
Commentaires
Rooo, zut, tu me donnes des remords à moi aussi...
;op