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Première marche - 3

La première rencontre. Car il s’agit de se rencontrer, de se connaître, de se flairer. Qui sommes-nous, directeur de collection et auteur, quelles amours livresques avons-nous connues, quel chemin nous a menés l’un à l’autre, quelle littérature enfin, nous réunit ?

Ma douce et moi, parvenons un soir d’été en fond de campagne, au bout d’un chemin si peu fréquenté que je crois m’être trompé de direction. Un coup de fil, non c’est bien là, la voix de Jean-Patrick nous guide et apparaît bientôt une ancienne ferme, refouillée sans artifice par des bras respectueux, des mains intelligentes. Des citadins qui ne voient pas le rural comme une contrée colonisée.

Jean-Patrick nous accueille, avec ce doux sourire que je lui sais désormais, Michèle, sa compagne, nous rejoint et nous présente Haddock, le grand labrador au pelage clair, avide de fraternité, et Pipette (ce n'est pas ce nom là, mais l'intéressée me pardonnera) la mésange, qui épie notre venue depuis son fil électrique. Qui sommes-nous ? Nous nous racontons. Et eux ? Jean-Patrick est proche de la retraite, fils d’un libraire lyonnais très connu, frère d’un auteur non moins célèbre, il est magistrat, s’occupe notamment des parutions immédiates. Sa carrure et ses vastes mains racontent aussi qu’il fut éducateur. J’imagine la volonté et l'acharnement nécessaires pour atteindre ce niveau. Michèle est professeur d'université. Tous deux travaillent quelques jours en début de semaine, parviennent à préserver du temps pour eux, et pour leur collection. Et je ne sais pas encore tout.

Nous mangeons dehors un poulet des environs, grand comme une dinde, aux cuisses athlétiques, que seul un paysan intrépide peut avoir le courage d’affronter autrement qu’avec un bazooka. Le monstre a cuit trois heures. La discussion et le repas sont délicieux. On parle peu de mon livre, parce que je ne peux m’empêcher sans arrêt, de détourner le sujet. Infernale pudeur. C’est que je n’ose pas encore croire que de vrais férus de littérature trouvent mon travail assez bon pour en envisager l’édition.

Ma douce en est triste pour moi. Mais après le café, dans le refuge de la maison, tandis que la forêt rafraichit l’air du soir, je me rattrape. J’ai apporté mes autres romans, et j’assomme nos hôtes en leur détaillant mes sujets, mon univers, mes méthodes de travail, blabla bla. Je dépose également le manuscrit d’un ami qui, s’il n’est pas édité chez eux, mériterait de l’être, et mérite, de toute façon, d’être lu.

La suite bientôt.

Commentaires

  • Quant à moi, je dévore ton histoire Christian...

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