Les lecteurs de Kronix m’ont, pendant des années, vu signer Léo Kargo. Encore un personnage de mon petit univers. Le héros de « A la droite du Diable ». Toujours une histoire de sonorité. Un personnage que j’aime bien. Plus jeune que je ne l’étais à l’époque de la rédaction, mais aussi veule, incertain, pusillanime que moi. Je l’ai gardé longtemps.
L’an dernier, ce questionnement autour du pseudonyme revint au devant de mes préoccupations à l’occasion de l’édition d’un livre sur la vie dans les bordels, à Roanne, ma ville. L’éditeur que je connaissais bien, me demanda si j’aurais envie d’illustrer le récit presque autobiographique d'un certain Garnier, qui gamin, avait vécu dans le quartier chaud de Roanne. Le livre s'intitule « Elles sont closes, nos maisons… ». J’acceptai, pour le plaisir de reprendre crayons et pinceaux.
Je tergiversai longtemps sur la signature, décidai que Christian Daniel conviendrait (Daniel est le nom de jeune fille de ma mère), et puis diverses réactions, celle notamment d'un ami qui trouva ce pseudo un peu "moyen", me firent m'interroger. Pourtant, j'étais presque décidé à signer toujours de ce nom, les livres qui, éventuellement, un jour, seraient édités. Je ne pensais pas avoir à me décider aussi rapidement.
Aujourdh'ui, j'ai abandonné ce masque du pseudonyme. Un peu par vanité, sûrement, mais aussi parce que dans mon petit bout de patrie, ici, on me connaît un peu, et que signer d'un pseudo serait un handicap pour mon éditeur. Je me sens redevable envers lui, je veux lui donner raison, faire en sorte que "Le Baiser" ne se vende pas trop mal. Et, à Roanne, cela passe par l'affirmation de mon nom.