A l'occasion d'un échange épistolaire avec Jean-Pierre Andrevon, j'apprends qu'il vient de sortir un nouveau livre, pas un roman cette fois, mais un recueil de dessins, illustrant une expression populaire. Sans légende, de façon à jouer entre amis. Cela s'intitule : "Au pied de la lettre" Concrétisation de 20 ans de travail enfin arrivé à maturité.
L'album, sous couverture ivoire avec lettrage rouge, format 26 x 19, comprend 40 planches pour un total de 88 pages, avec une préface explicative.
Je m'aperçois de façon concomitante et néanmoins soudaine, que je ne vous ai pas parlé de mes préfaciers, Jean-Pierre Andrevon et Jean Mathieu. Car, excusez du peu, j'ai demandé deux préfaces. C'est comme ça, je suis large, vous savez ce que c'est, on ne se refait pas.
Tout d'abord Jean-Pierre Andrevon, pour des raisons de primauté dans le contact, vous allez comprendre : Monsieur Andrevon est avant tout, à mes yeux, un grand auteur de Sf, l'un de ceux qui donna ses lettres de noblesse au genre en France, malgré la domination anglo-saxone. Aujourd'hui, il faut l'avouer, d'après les réactions quand je prononce fièrement son nom à mes plus jeunes amis, son apport est quelque peu oublié, et il faut parler du film de Laloux, avec les dessins de Caza : "Gandahar", pour voir passer, éventuellement, une lueur de connivence dans l'oeil de mes interlocuteurs. C'est affaire de génération. En tout cas, Andrevon écrit toujours, a élargi son registre à des polars, des thrillers, des romans intrigants ("l'amour comme un camion fou" reste pour moi une très belle expérience de lecture), il poursuit avec humour son combat pour l'écologie, et s'aventure souvent aux marches de l'érotisme, où il excelle. Voici Andrevon. Et ce fut mon premier lecteur. Par un ami, je lui adressais le manuscrit de "A la Droite du Diable", premier roman que je pensais suffisamment abouti pour oser le soumettre à une lecture critique. Andrevon adora, à une réserve près : l'emploi de clins d'oeil, jeu dont il a horreur. Pour le reste, m'écrivit-il, "C'est excellent. Si j'étais directeur de collection, je l'éditerais." J'ai conservé sa lettre, bien sûr. De temps à autre, je lui écrivais, et puis, cette année, lorsqu'il fut question de préfacer "Le Baiser...", il me sembla évident d'en faire la proposition à mon premier lecteur. Je demandai donc à JPA son accord de principe, qu'il me donna, notamment parce que le texte était court (400 pages, non, quelle que soit la qualité du livre). Permettez-moi de le remercier ici pour son geste.
Demain, j'évoquerai un autre maître : Jean Mathieu.