La dernière séquence du dernier épisode de la dernière saison de « six feet under » (merci Didier) est une merveille (d’ailleurs, je crois bien que je vais proposer à ma douce qu’on se le regarde à nouveau, histoire de n’en rien perdre). Même si les scènes précédentes donnent le sentiment que tous les violons, rangés dans les tiroirs depuis le début de la série, sont de sortie pour cet ultime volet, tout est rattrapé par un épilogue en forme de vertigineuse prospection du futur, qui ajoute de la noblesse à l’ensemble de cette série qui n’en a jamais manqué.
Après cela, nous avons parlé naturellement de notre fin possible (j’ai amené le sujet, parce que, statistiquement, les hommes partent avant les femmes), et du sort de celui qui reste. Dans l’épisode, un personnage dit en gros que « le temps ne fait rien à l’affaire », que le deuil est toujours une violence, une injustice impossible à admettre. C’est une mère qui parle de son fils disparu, en l’occurrence. C’est sans doute vrai. Mais le temps produit tout de même assez de distance pour que la douleur s’atténue –au moins ne soit pas permanente et insupportable. Que demander de plus ? Notre vie est aussi une accumulation de chagrins. Dans l’idéal, il faudrait tenter de recevoir ces deuils sans qu’ils soient destructeurs, et puis les conserver longtemps, adoucis, apaisés, et s’en servir pour considérer les autres, soi-même, la vie, avec plus d’indulgence.
Voilà : de l’indulgence. J’ai cru en la tolérance, mais je me demande à présent si l’indulgence n’est pas une vertu plus haute, moins rigoriste ou doctrinaire que la tolérance. J’ai souvent remarqué de l’intolérance tout près de la tolérance, voire accouplée à elle, comme une face et son revers. Soyons simplement indulgents. Nous ne sommes pas là pour si longtemps, et sûrement pas meilleurs que les autres.
Commentaires
Ah ben c'est comique, ça, je trouve. Qu'est-ce l'indulgence sinon la tolérance de l'intolérable ? :)
Ma grand mère te dirait que le temps fait son œuvre. Son dossier médical la contredirait aisément. Moi je dis qu'il faut choisir entre endurer et amputer.
De là à baser ça sur une réflexion construite... oula :)
C'est vrai qu'il y a dans l'indulgence, beaucoup plus de permissivité que dans la tolérance, voire une sorte de lâcheté. Tandis que la tolérance implique un travail sur soi, une volonté. Néanmoins, le jour que j'écrivais ce billet, je me sentais plein d'indulgence pour le genre humain. D'ailleurs, le choix n'est pas absolu, il me semble que je conclue par une interrogation "je me demande si...". Rien de décidé, en somme.