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Hier, Golden Triangle à Villeurbanne

    Le dispositif est une architecture ouverte, aérienne et blanche, où se lit pourtant le présage  d'un enfermement possible. Dès la première seconde, on assiste à la course éperdue d'un homme entre les montants de la structure. Fugitif, souris de laboratoire jetée dans un labyrinthe, simple symbole de la condition humaine ? L'identification est instantanée. La structure à base de carrés entrecroisés, ce sera tout l'espace scénique, ce sera tout l'univers. Aux spectateurs de le comprendre, de s'y inviter, de participer. La circulation du danseur se heurte aux frontières que deux hommes, mécaniquement, froidement, matérialisent par des sangles de couleurs tendues entre les solives blanches. Une angoisse naît. Angoisse du danseur, montée de la musique, anxiété à laquelle concoure plus ou moins volontairement le spectateur qui se décide à pénétrer entre les montants de bois.
    Il existe une tentation peut-être cruelle d'anticiper le jeu, d'aller au bout de la logique et de participer au confinement du fou qui se débat dans des espaces de plus en plus petits, pour voir. Les sangles se multiplient, s'additionnent toujours aussi mécaniquement, par gestes chorégraphiés au millimètre. Au fil du temps, le réseau de sangles réduit l'espace d'expression du danseur, le public le plus volontaire s'est aventuré au plus près du danseur. On pourrait craindre l'emprisonnement, la peur. Mais les ruades révoltées ont eues lieu, les secousses et les velléités de dépassement, tout cela s'est effectué sous le regard de tous. Nous n'en sommes déjà plus là. A la fin, quand il ne reste plus au danseur qu'un triangle restreint, c'est l'apaisement qui survient. Pas la résignation ou le découragement, mais la certitude qu'enfin, chacun a trouvé sa place. Et, les bras ouverts, solaire, l'homme en son triangle irradie de sérénité.

    En une demi-heure, grâce à la complicité entre un musicien (Jérôme Bodon-Clair), un danseur (Philip Mensah) et un plasticien (Mark Klee et son assistant), ce spectacle hors-norme construit une histoire muette, fait vivre à tous, public et « agents », une expérience absolument commune, une symbiose rare. Tous lancés dans le même élan, les humains accueillis ce soir-là au Mikrokosm : spectateurs, danseur, musicien, plasticiens, ont vécu et généré quelque chose de l'ordre du mythe.

 

Golden Triagnle est une coproduction NU laboratoire Compagnie, Mikrokosm (Villeurbanne) et Carré Currial (Chambéry), sur une idée orginale de Jérôme Bodon-Clair.

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