Lors d'un vernissage récent, un ami peintre désignait son professeur d'arts plastiques, présent dans la salle, comme celui dont l'influence l'avait marqué, et sans qui peut-être, il n'en serait pas arrivé là. J'aurais aimé pouvoir dire la même chose. Malheureusement, aucun professeur n'a su me faire aimer le domaine où j'essaye de faire de mon mieux aujourd'hui. Mes profs de français posaient les plus beaux textes sur la table d'opération, disséquaient ces choses cadavériques, montraient leurs organes morts. Aucune chaleur dans leurs discours, jamais une interprétation aimante, joyeuse, généreuse d'un livre. De l'anatomie. Le seul instituteur qui lisait avec gourmandise ses dictées, en était l'auteur. Il savourait chaque tournure, chaque vers de ses poèmes habiles et devait se trouver bien bon d'élever nos esprits engourdis par l'offrande de sa littérature. En fait, on devrait aborder en classe la littérature comme on aborde le sport ou les arts plastiques : par une pratique maximum. Les grands auteurs seraient seulement donnés en aperçus, lus par bribes précieuses, appelant l'envie, la gourmandise, donnant la découverte pour horizon. Une pédagogie de la frustration.
Commentaires
Entièrement d'accord avec cette analyse. Mais il y a pire encore : les études de lettres. Ah, si l'on admettait que la littérature n'est qu'un loisir (dans son essence, mais qu'on peut pousser jusqu'à en devenir professionnel) !