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Sur tous les fronts

L'autre jour, ma douce reçoit un appel. Sous couvert d'un sondage, on lui demande : « Pour ou contre le mariage homosexuel ? », ma douce répond qu'elle est pour. Le correspondant raccroche instantanément. Ce n'était donc pas un sondage, mais un appel militant : si ma douce avait dit oui, l'autre aurait tenté de la convaincre de se joindre à la manif.
Autre chose : appelons-le Saïd. Saïd est un jeune garçon qui a eu d'énormes difficultés dans son enfance et sa jeunesse. Il est fragile mais s'en sort aujourd'hui par la Break Dance et des projets de scénarios. Il est ouvert, curieux, complexe, fin... et athée. Avec lui dans la rue, nous marchons. Et croisons Ali (appelons-le Ali), que nous connaissons tous les deux, mais avec qui j'ai rompu le contact depuis qu'il verse dans l'islam fondamentaliste. Il nous salue et dit à Saïd : « Il faut absolument que tu viennes... (suit une fin de phrase en arabe pour que je ne comprenne pas, mais j'ai assez de notion pour reconnaître un dérivé du mot Madersa, l'école coranique) ». Intimidé, Saïd grommelle quand ? C'est pas évident, etc. Ali sort une super tablette : « demain soir, 17 heures. » Saïd : « non, je peux pas. » Qu'à cela ne tienne : « Tel jour, plus tard. » Saïd se démène pour ne pas lâcher prise : non, vraiment, il est très pris. Ali, beau joueur, fait comme si : « Pas grave, passez une bonne soirée ». Sourire et tout. Il a autant envie que nous passions une bonne soirée que nous, de nous baigner dans la Loire.
Ce qui rapproche ces deux anecdotes ? Le militant homophobe qui appelle tout azimut et le bigot qui a flairé une bonne recrue dans un gamin fragile ? : Ils ne lâcheront pas, ils ne lâcheront jamais, tenteront tout, tout le temps, chercheront la faille, sans cesse. Quand nous avons quitté Ali, son sourire tourné vers nous m'a fait froid dans le dos et m'a causé un malaise qui me travaille encore. Il veut l'âme du petit Saïd, il la veut absolument. Pas question de la laisser à l'enfer de l'athéisme. Il le harcèlera autant qu'il pourra. Quant aux autres, ils iront au seuil des mairies, se coucheront devant les voitures, iront bastonner du pédé dans les fêtes. Ils nous en feront baver. On a l'habitude. On sait. Ce combat n'a pas de fin.

Commentaires

  • Ils sont partout ces crevures... Je suis très très très pessimiste.

  • Les tenants d'une vérité seule et unique l'emportent par la force, je crois. Mais c'est une victoire provisoire car ce faisant, ils fabriquent l'antidote. Il y a toujours des humains que la pensée étroite et régressive révolte. Un cycle se crée, d'une certaine façon. Mais il est toujours désagréable (voire dangereux), de se trouver en fin de cycle (quand on est partisan du complexe, je veux dire). Soyons optimistes pour les générations futures. Nous, c'est sûr, on va morfler.
    "dans la grande chaîne de la vii-eeuuu, où il fallait que nous soyons, où il fallait que nous passions, nous avons eu la mauvaise par-ti-euu..."

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