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Interlude

C'est un ami écrivain qui, il y a des années, m'a initié au principe du feuilleton. Les lectures de Jean Ray ou Maurice Leblanc nous avaient inspiré l'écriture d'une série en hommage, située vers 1920 : Les aventures d'Adrien Destalles, chaque roman bénéficiait d'un titre grand style : « La forteresse maudite », « le sang de la momie », etc. Il s'agissait de pondre très vide un épisode chacun, systématiquement suspendu à une suite par un « cliffhanger » de folie, que l'autre reprenait en se frottant les mains, etc. L'occasion de jeter un roman sur la machine à écrire en une grosse journée, de l'aube au crépuscule. C'était crevant, stimulant, jouissif. Vous aurez sans doute remarqué que le radical Hennelier n'est pas d'une grande qualité littéraire ; je ne le renie pas pour autant, mais ce feuilleton est un petit exercice futile effectué pendant que mes chantiers plus sérieux prennent forme. C'est ma façon de me changer les idées, écrire vite, sans relecture, m'amuser à créer du suspens tous les deux paragraphes. Je dois vous le confier : ce mode de détente comporte certains dangers. Le goût de l'efficacité peut prendre le pas sur une certaine recherche, et obliger à une période d'adaptation pour corriger les mauvaises habitudes prises dans la précipitation, quand il s'agira de se mettre à écrire de façon plus pensée. Curieux interlude, n'est-ce pas ? Je voulais seulement rassurer les personnes qui suivent mon travail : l'idée d'offrir de la bonne littérature ne m'a pas quitté. C'est juste la récré, quoi, ce feuilleton. J'espère que vous vous amuserez autant à le lire que moi à le produire.

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