Je croisai comme chaque matin mon poète de palier qui descendait les poubelles. Dans la rue, peu de poètes encore, l'air était frais, je passai sans la regarder la nouvelle vitrine du magasin de poésie où étaient exposées les nouveautés et filai prendre mon bus. Sous l'abri, des poètes patientaient, échangeaient des phrases convenues sur la météo : « La pluie continue à mouiller le fleuve / Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve », disait l'un « Ô blafardes saisons, reines de nos climats, » soupirait l'autre. Et dire qu'au bureau, mes collègues poètes allaient balancer les mêmes conneries. Marre de ce monde, des fois.