Odalim est un mot qui signifie « les temps de l’origine » . Cela vient de Odir, le premier, qui est également le surnom du premier chasseur, Ghiom, celui qui remplaça l'espèce ancienne sur Pangée. On peut rapprocher Odalim de Od, le chiffre un, qui fait aussi référence à l'océan unique où il vit. C’est sans doute pour cela qu'on ne parle pas des odalims, et qu'on désigne le Maître des eaux toujours ainsi, au singulier. Comme s'il n'y en n'avait qu'un. L'Odalim a d'autres surnoms, en plus de Maître des eaux (ce qu'il est, incontestablement). On l'appelle Sôanget, qui est caché ; Eïnmein, le plus grand, le grand parmi les grands ou encore Lancalis, le destin. Les familles de Basal ont chacune un nom pour le désigner. Pour les Anovia par exemple, c'est Eïnev, au dessus ; pour les mystiques deBor, c'est Emata, l’autre. L'Odalim est entré tard dans nos récits, quand les nefs de Pangée ont osé s'aventurer assez loin sur l'unique, mais il tient depuis ce temps une place primordiale dans notre imaginaire. Des conteurs et conteuses avant moi ont émis l'hypothèse que la défiance envers les Flottants et la peur de l'Odalim sont confondues dans nos légendes à cause de leur découverte simultanée. Voyageur, tu rencontreras peu d'Estonians ou de Memphites qui prête le moindre crédit à l'histoire de Nodan le maudit et à la supposée razzia des Flottants sur Pangée. Pour étranges et fourbes qu'ils soient, les Flottants se tiennent à l'écart des nefs de Basal et n'ont sans doute jamais abordé la côte. D'ailleurs, les chasses sont autant d'occasions d'éradiquer systématiquement leur population. On peut même supposer que le véritable but de la chasse n'est pas le sacrifice de l'Odalim à l'âge nouveau, mais la suppression de toute ville de Flottants sur l'océan. Les marins rencontrent de moins en moins souvent leurs étonnantes îles à la dérive, et mon prince et moi n'avons pas eu l'occasion d'en croiser pendant nos deux ans de formation à la navigation. C'est un peuple qui disparaît.