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Quand j'écrivais pour moi, abandonner un roman dont je voyais qu'il ne menait nulle part ou que l'angle choisi n'était pas le bon, n'était pas très grave. Cela m'est arrivé trois fois. Je m'en voulais, j'avais perdu du temps mais après tout, personne n'attendait rien de moi, qu'importait. Prendre cette décision aujourd'hui, alors que j'ai la confiance d'un éditeur (de deux éditeurs pour mes romans en fait, mais l'histoire ici ne concerne que l'un d'eux), n'est pas sans conséquences. Je viens d'écrire à mon directeur d'édition et à mon éditrice que je renonce au roman que je leur avais promis, dont je leur avais présenté les arcanes en avril, et qu'ils avaient accepté. Je devais rendre ma copie l'en prochain en février. Pour la première fois de ma vie d'auteur, je ne pourrai pas tenir parole. Le premier tiers du livre, remanié, réécrit, repensé, rien à faire, l'impasse. Rien ne fonctionne, c'est laborieux, compliqué, et surtout, surtout, mauvais signe : je m'y ennuie terriblement. Il faut avoir le courage de ne pas s'acharner. Bien sûr, j'ai d'autres flèches dans mon carquois, des projets menés assez loin, mis de côté pour me consacrer aux autres projets de romans. J'en ai deux, justement, qui me semblent une base correcte pour amorcer un nouveau chantier. Il faut seulement que j'assimile cet échec, que j'attende les mots de l'équipe éditoriale, mais j'ai confiance en eux comme, j'espère, ils ont confiance en moi. Malgré tout.

Commentaires

  • Oh comme je comprends, comme je suis tenté et comme je suis barré dans cette tentation là... Pour autant, je suis à peu près sûr que le roman dont tu parles existera, mais pas tout de suite: il suivra sans doute celui ou ceux qu'il aurait du précéder.

  • C'est vrai, merci. J'ai remarqué qu'un roman avorté renaît sous une autre forme, celle qu'on n'avait pas su trouver la première fois, et qu'alors le récit, ou une idée approchante, se mettent à fonctionner (à "fictionner" ?). Ayant compris cela, je ne m'affole pas, c'est comme ça. Mais très vexant d'être obligé d'annoncer qu'on fait défaut, ça donne le sentiment de revenir à la condition d'auteur amateur. Déplaisant. Vite se ressaisir.

  • Bonjour Christian,

    J'ai lu avec une réelle compassion ( je sais...le mot est hors mode!) ton propos sur ce texte qui se cabre et refuse d'entrer dans le cadre du temps des éditeurs.

    J'ai lu aussi l'expression " auteur amateur" qui m'a déconcerté. L'amateur, certes, celui qui n'est pas tenu par des contraintes professionnelles, mais lu ainsi au détour d'une phrase, cela sonne étrangement.

    Au passage je ne suis absolument pas d'accord avec ce qu'affirme Laurent Cachard. Un roman interrompu ne sera jamais un Phénix, un roman est unique, c'est un geste, un geste long mais un geste, et le prochain roman sera un autre geste quoiqu'il doive à celui-ci.

    La seule constante c'est la petite lueur profonde, intime, qu'on nomme talent ou génie ou don, que l'on nomme comme on veut, mais qui si elle existe est la seule constante. Et j'ai le sentiment qu'elle existe chez toi.

    Bon courage

    Jean-PIerre

  • Merci. J'accueille compassion avec bienveillance (autre mot hors mode) Je crois que nous disons la même chose. Laurent est conscient, je pense, qu'un livre abandonné, repris, n'est plus exactement le même, ou bien c'est un sujet, un argument différent qui permet d'aborder le questionnement antérieur et de le porter à sa forme écrite. Quant à amateur, oui, je l'ai placé pour mieux faire apparaître ce qu'il peut y avoir de professionnel dans un statut d'auteur qui doit tenir un délai, s'est engagé, etc. Mais bien sûr sans le moindre mépris.

  • C'est en tout cas le signe que vous êtes exigeant avec vous-même. Il faut du courage pour défier les attentes d'un éditeur, mais aussi pour s'affronter soi-même en acceptant le renoncement. je trouve votre démarche tout à fait louable.

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