Depuis la maison, nous traversons les prés bosselés et ponctués de chardons pour nous rendre au bord de la Loire. Ce sont les gasses, les zones inondables, étendues préservées de toute construction, laissées aux charolaises et aux cigognes. Le chemin n’est pas tracé, nous marchons dans les sentes ménagées par les vaches paisibles regroupées sous les arbres, à l'abri du soleil. Une dizaine de minutes de promenade avant de rejoindre le fleuve. Nous sommes habillés léger, l'été nous revêt d'un feu d'âtre dès que nous sommes à découvert. Nous posons les serviettes sous un saule si nous voulons nous baigner, ou sous de vieux acacias plus éloignés de la rive si nous voulons lire ou faire une sieste. Nous paressons dans leur ombre, assis ou allongés, visages éclairés par la réfraction des pages. Parfois, livres reposés, nous restons dans la contemplation de l'amont ou de l'aval du fleuve. Sous cet angle, aucune présence humaine. On peut se croire dans un paysage champêtre du XVIIIe siècle. Nous considérons le panorama silencieusement et puis, après un temps de recueillement sans objet, nous échangeons quelques mots. Ma douce sait que j'ai commencé un nouveau roman. Le dernier est juste sorti de l'imprimante il y a trois jours, et le paquet qui a déjà reçu mes premières corrections veille sur la table de la salle à manger. Ce sera son travail la semaine qui vient, de le lire, de me dire ce qu'elle en pense. En attendant, j'ai couché les premières phrases du prochain. Ces quelques phrases sont celles que vous venez de lire.
Pour la suite, si jamais on veut encore m'éditer, rendez-vous, je ne sais pas : dans deux ou trois ans ?
Commentaires
Souvenir d'un concert de Murat. Guitare au corps il baragouine (en un seul mot, pour ne pas choquer l'époque, pouf pouf) après un morceau. Le public s'interroge. Et puis il balance "c'étaient les titres du prochain album". Ma pensée, un peu vaine, du soir.
Merci. Je vais vous dire le titre : le'cvorienehugwalrepsp. Voilà, toutes les lettres y sont.