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  • 3531

    "De quoi sommes-nous tristes quand nous pensons à hier ? Du temps passé, passé trop vite, de la mort qui approche ? C'est ce qu'on dit généralement ; je n'en suis pas certain. Tu sais, la nostalgie nous amène confusément à croire que nous avons mal agi, autrefois. Nous étions immatures et bien que nous suspections des puérilités, nous ne croyons pas que nos actes soient par là plus excusables. Quand j'écoute Tipi, je pense à mes failles et, simultanément, je trouve les leurres qui me permettent de les absoudre. C'est pour ça que la musique, simultanément, nous déchire et nous réconcilie avec nous-mêmes."

     

    Extrait de "Demain, les origines" écriture en cours.

  • 3530

    Le petit oursin à la foire du trône, bien triste qu'on lui refuse un ballon (et tout empêtré dans la barbe à papa qu'on lui a achetée en compensation).

  • 3529

    La maison est ouverte largement sur la campagne environnante, qui s'invite par de franches coulées de lumière. À l'intérieur, pourtant, il fait assez sombre. Sur la table, couverte d'une toile cirée fuchsia, je commence un rituel d'exorcisme, car une présence sinistre hante les lieux. Tandis que je pose sur la toile cirée une racine de gingembre qui ressemble fichtrement à une mandragore, je profère des incantations que j'improvise. Et je sens bien que ce galimatias, ces litanies grotesques ne vont pas fonctionner. La présence hostile ne semble guère impressionnée par mon jeu. Il me semble d'ailleurs que plus je poursuis mon absurde logorrhée, plus je renforce la présence maléfique. Effaré par cet échec prévisible (et imminent), je suis projeté hors de mon cauchemar. Incapable de retrouver le sommeil, il me faut longtemps pour me débarrasser de la sensation affreuse d'avoir entraîné dans mon monde, et précisément à côté de moi dans le lit, l'odieuse présence que je combattais dans le monde des rêves.

  • 3528

    Extrait de la pièce "Courage", interprétée par la classe de 2de 4, du lycée Jean Puy.

    Scène IV – Évaluer.
    Un(e) enseignant(e) face à un(e) élève. Une copie est posée entre eux.
    - L'élève, tapant du doigt sur la feuille : Comment ça, quatre ?
    - Le prof : Oui, quatre... Cinq ? Tu préfères cinq ?
    - Lélève : Quatre ou cinq, merci. Comment je peux avoir une note pareille ?
    - Le prof regarde la feuille, semble l'examiner un temps : En effet, c'est mal payé.
    - L'élève : Ah !
    - Le prof : Je pourrais mettre… Dix. Ça te plairait dix ?
    - L'élève : Ah bon ? Vous pouvez doubler ma note, comme ça (elle fait claquer ses doigts) ?
    - Le prof : Si ça te fait plaisir.
    - L'élève : Ben alors, ça, c’est la meilleure : si ça me fait plaisir !
    - Le prof : Oui. Si ça te fait plaisir, je te mets dix, ou douze. Qu'est-ce que ça peut faire ?
    - L'élève : Et bien, moi, ça me fait. Je veux savoir combien vaut mon devoir.
    - Le prof : Il n'est pas terrible. C'est pour ça : quatre.
    - L'élève : Quatre ?
    - Le prof : Tu préfères six, ou sept ?
    - L'élève : Râah mais arrêtez ! Je préfère… je veux seulement que vous révisiez ma note, parce que je trouve que vous avez noté sévère, mais je veux aussi une note… adaptée à mon devoir. Pas n'importe quoi.
    - Le prof : D'accord. OK. Je saisis. Tu veux combien ?
    - L'élève : Mais... c’est pas à moi de vous le dire, quand même !
    - Le prof : Voyons si nous pouvons tomber d'accord. Tu l'estimes à combien, ton devoir ?
    - L'élève : Et bien, je ne sais pas, moi. Je savais que je m'étais un peu planté(e) sur la deuxième question et j'avais pas franchement révisé, c’est vrai…
    - Le prof : J'ai fait le même constat. Alors ?
    - L'élève : Moi, franchement, je pensais avoir un neuf.
    - Le prof : Un neuf ?
    - L'élève : Oui.
    - Le prof : Selon toi, ce devoir vaut neuf ?
    - L'élève : Ben je sais pas. C’est vous qui me demandez. Tout à l'heure, vous étiez prêt(e) à mettre un treize ou un quatorze.
    - Le prof : Douze. Douze maxi. Faut pas exagérer non plus.
    - L'élève : Je ne comprends plus rien, excusez-moi. Qu'est-ce que vous me faites, là ?
    - Le prof : Elle signifie quoi, ta note ?
    - L'élève : Quoi, elle signifie quoi ?
    - Le prof : Oui, elle signifie quoi ?
    - L'élève : Je ne sais pas. Quelle note ? Votre quatre ou mon neuf ?
    - Le prof : L'une ou l'autre. Elles signifient quoi ?
    - L'élève : Ho là là, arrêtez, vous me prenez grave la tête, là. C'est un cauchemar...
    - Le prof : Mon quatre sanctionne le fait que tu n'as pas assez travaillé. On est d'accord ?
    - L'élève : D'accord. Mais...
    - Le prof : Et ton neuf sanctionne le fait que je ne t'ai pas assez bien noté, c'est ça ?
    - L'élève : Euh… Oui, on peut dire ça, oui.
    - Le prof : Ton neuf est la note de mon quatre, en quelque sorte. Faisons la moyenne de nos deux appréciations et la question est résolue. Neuf et quatre : treize, divisé par deux : six et demi. Bravo, tu as gagné deux points et demi. Je te les accorde bien volontiers. (il ou elle approche la copie, sort un stylo rouge, biffe la première note et réévalue). Voilà ! Six et demi.
    (Prendre un temps.)
    - L'élève : C’est presque la moitié de douze...
    - Le prof : C'est un devoir de Français, ce ne sont pas des mathématiques.
    - L'élève : Je veux dire : j'aurais pu avoir douze tout à l'heure, quand vous m'avez demandé si ça me ferait plaisir d'avoir douze...
    - Le prof : C'est vrai.
    - L'élève : Enfin, vous voyez bien que quelque chose ne va pas ! Vous faites comme si les notes n'avaient aucune importance. C'est dingue, ce truc.
    - Le prof : Pas dingue... Dingue si tu veux, oui. C'est absurde plutôt. Les notes sont absurdes.
    - L'élève : Les notes sont absurdes ?
    - Le prof : Le principe de la notation, en fait. Je n'aime pas ça.
    - L'élève : Et c’est pour ça que vous me faites tout ce délire ?
    - Le prof : Tu veux un D ? Tu préfères un D ?
    - L'élève : Mais je veux juste une note !
    - Le prof : Un la ? Un do ?
    - L'élève : ...
    - Le prof : Je plaisante.
    - L'élève : Vous m'avez fait peur. Je me suis dit : il (elle) a craqué…
    - Le prof : Tu n'es pas si loin de la vérité, tu sais. Je craque. Bon sang, mais cette obsession des notes...
    - L'élève : Attendez, il faut bien savoir où on en est, si on fait des progrès, non ?
    - Le prof : Si je m'en tiens à cette courte expérience, c'est discutable. En quelques minutes, tu voulais passer de mon quatre à ton neuf. Est-ce que tu aurais progressé d'autant, par l'effet de cette simple correction ?
    - L'élève : C’est moi qui vais craquer, là. Vous êtes pas sympa avec moi.
    - Le prof : Non, sérieusement. J'aimerais pouvoir ne pas noter, tu sais. Ou que la note ne soit pas vécue comme une sanction. Je voudrais davantage mettre en avant les qualités d'une copie, plutôt que d'être contraint d'en souligner les défauts, tu vois ? Je crois d'ailleurs que je le fais mais pas suffisamment parce que... je suis engagé vers l'objectif de ce fichu bac ! Cette épreuve ultime et vénérée avec ses critères d'évaluation qui ne sanctionnent qu'une chose : votre adéquation avec le moule qu'on a fabriqué pour vous.
    - L'élève : (Madame, Monsieur) Vous allez bien ?
    - Le prof : Hmmm ? Oui, ça va, ne t'en fais pas.
    - L'élève : Du coup, j'ai combien ?
    - Le prof : On a dit six et demi.
    - L'élève : Vous m'avez eu avec votre histoire de moyenne de nos deux notes. Je veux une note appropriée.
    - Le prof : Allez, on va dire que j'ai écrit le « six » à l'envers. (il gribouille la feuille). Voilà, neuf et demi. Mais je ne trouve pas ça juste.
    - L'élève : Oh non, on va pas recommencer ?
    - Le prof : De toute façon, je m'en fiche. Ta véritable évaluation, c'est... regarde-moi.
    - L'élève : Hein ?
    - Le prof : Regarde-moi.
    - L'élève : Je vous regarde.
    - Le prof : Là, dans les yeux. Ta véritable évaluation elle est là. Dans mon regard sur toi. Quand je suis content(e) de toi. Tes actes de la vie, hein ? quand tu fais quelque chose de bien, c'est dans le regard de tes copains, de tes copines, de tes parents, de tes proches, que tu les évalues. (Soudain comme éclairé(e) par une révélation :) Désormais, je vais noter en vous lançant des regards d'approbation et de contentement. Ou bien un coup d’œil furieux, un air mécontent. Voilà, je vais noter comme ça, maintenant.
    - L'élève : Et ben… Quand je vais expliquer à mes parents… Combien t'as eu en Géo ? J'ai eu « Soulèvement de sourcils ». Et en Maths ? J'ai eu « Moue affligée avec une nuance de mépris ». C'est sûr, ils vont adorer.
    - Le prof (salue l'élève qui se redresse et s'en va) : Salue-les de ma part.
    - L'élève : Oh, je pense que vous n'allez pas tarder à avoir de leurs nouvelles...

    Noir.

  • 3527

    Elle avait été agressée sexuellement par trois hommes masqués qui avaient filmé la scène. En toute logique, elle avait porté plainte contre XXX.

     

    (Kronix est donc de retour et vous prie de l'excuser pour cette si longue absence, motivée par une formidable flemme. Vous allez me dire que, si c'est pour écrire des trucs pareils, il pouvait aussi bien rester couché, ce qui fait qu'il y retourne, à sa paresse.)