Récemment un journaliste relevait que trois ans séparaient la sortie de « Noir Canicule » de celle de mon précédent roman, « La Vie volée de Martin Sourire ». C'est vrai. On pourrait croire à de la paresse, une suspension dans l'écriture, un manque d'inspiration. Rien de tel, et vous allez comprendre. Rappelons d'abord que quelques réalisations sont venues rompre ce long silence : La parution de « Rives, Mines et Minotaure », au Réalgar, suite à une résidence à Saint-Etienne ; la pièce « Le sort dans la bouteille » créée cette année par la troupe 360 degrés ; ajoutons ce qui va être réalisé et a été écrit pendant ce laps : la nouvelle version de la pièce « Peindre » pour la compagnie NU ; les scénarios pour Cédric Fernandez, qui seront publiés chez Glénat ; des albums pour le dessinateur Sarujin ; quelques petites chansons pour une amie...
Surtout, ce qui m'a pas mal occupé pendant ces trois ans de relatif silence éditorial, a été l'écriture de pas moins de quatre romans : « Le Radical Hennelier » et « Demain les origines » pour Mnémos ; « Mado » et « Les inconsolables » pour Phébus. Quatre romans, dont un, énorme, de presque 700 pages. Tous refusés. Oui. Autant dire que ce temps, s'il a pu paraître long à certains lecteurs (je n'ai pas eu de plainte, mais imaginons), m'a semblé, à moi, un interminable calvaire. J'en étais à m'interroger sur le statut d'écrivain que je revendique (car un écrivain qu'on ne publie pas est-il encore digne de ce titre ?). Les amis, je peux vous dire que ça a été une dure épreuve à négocier, cette série de refus. Je commençais à croire que je ne serais plus jamais publié. A peine cicatrisé, je ne peux même pas être sûr que « Noir Canicule » est le signe d'un retour à l'édition régulière. Enfin, c'est une sorte de reprise. D'autres manuscrits sont en cours ou déjà envoyés.
Ceci pour anticiper sur la question traditionnelle : « Et le prochain ? » Ben, j'en sais rien. Je sais ce que je fais ; j'ignore ce qu'on fera de ce que je fais.