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On puise dans la documentation plus de péripéties et d'anecdotes qu'il n'en faut pour faire vivre une histoire. Il faut donc choisir. Or, le tri ne se fait pas en fonction de l'esthétique, de l'exemplarité ou du spectaculaire d'une scène, il doit répondre à une nécessité : le sens que les événements permettent d'induire. Un acte de bravoure, une bataille anonyme, un renversement, un retournement, une défaite… N'exploiter dans ce matériau que ce qui va enrichir les personnages, clarifier une situation, sans négliger la dynamique générale du récit. Cette contrainte ne vient pas compliquer les choses, elle filtre efficacement les scories. Par contre, admettons qu'une certaine expérience n'est pas inutile pour reconnaître ce qui va faire sens et contribuer à l'histoire.

Par exemple, les notes (un peu « nettoyées » déjà) pour la prise de Tenochtitlan :

Le 28 avril 1521. 86 chevaux, 118 arquebusiers et arbalétriers, 700 fantassins, 3 gros canons de fer, 15 pièces de bronze et dix quintaux de poudre.
Courriers aux trois provinces dont Texcala et Cholula pour des renforts, l'assaut final. Il les attendra dix jours. Il en arrive très vite 50 000 de Texcala.
Il divise son armée en trois garnisons, une pour chaque ville entourant Mexico : un corps commandé par Alvarado pour Tacuba, un corps commandé par Cristobal de Oli pour Culuacan ; un corps par Gaonzalo de Sandoval pour détruire Istapalapa, rejoindre Culuan sous la protection des brigantins en passant par une des chaussées,
pour chaque brigantin, 25 espagnols, un capitaine, un pilote, et 6 arquebusiers et arbalétriers.
Cortés ne les mobilisera contre la capitale que quand les autres auront assuré leurs positions.
Cortés est dans un brigantin, il y a une première bataille sur un piton entouré d'eau.
Cri de guerre de Cortés : « Santiago ! »
Ils massacrent tout le monde (cf, pdf 200) mais l'alerte a été donnée depuis le piton et les aztèques affluent en acali. Cortés rejoint les brigantins. Un vent de terre s'élève, favorable aux Espagnols. Les brigantins foncent sur les acali et les massacrent, les poursuivent jusque dans les rues de Mexico. Ils sont rejoints par la garnison de Culua (de Oli) qui emprunte une des voies de terre en luttant contre une foule de mexicas. Cortés fait débarquer des canons (ils sont aussitôt assaillis mais repoussent les courageux attaquants) puis tire sur les ennemis amassés sur une digue.
Ils passent la nuit dans un temple, au sommet d'une pyramide. Il a envoyé des messagers pour que les gens de Culuacan le rejoigne le lendemain.
Ils sont attaqués à minuit par la chaussée et par le le lac. Tirs depuis les brigantins et depuis le temple par les arbalétriers et les arquebusiers. Attaque repoussée. Reste de la nuit tranquille. Au matin, les renforts arrivent alors que Cortés est en pleine bataille. Les brigantins entrent dans la ville par certains canaux.
Tlapaltecatlopochtzin, un guerrier aztèque, s'illustre particulièrement par sa bravoure et sa force. Les texcaltèques le redoutent, et les Espagols aussi. Son nom devient célèbre dans les rangs aztèques. Cuauthemoc l'apprend.
Sandoval blessé au pied.
Les maisons incendiées.
Les Espagnols parviennent à détruire toutes les chaussées qui permettraient une retraite.
Cortés décide de s'enfoncer encore plus dans la ville, les autres armées convergent. Ils emportent une barricade avec fossé noyé qu'ils franchissent à la nage.
La place est reprise par les Mexicas, acharnés. Puis reprise par Cortés, puis perdue à nouveau.
Deux jours plus tard, « Don Fernando » envoie 30 000 guerriers en renfort.
Pendant le répit, les fossés comblés etc. ont été à nouveau détruits. « Ils ne se rendront pas. Ils vont au massacre. Tant pis. » Ils tirent tellement qu'ils risquent de manquer de balles et de poudre.
Cortés décide d'en finir. Ils s'enfoncent loin dans la ville, jusqu'à la grande place, il brûle le palais où ils avaient vécu, naguère.
Alvarado essuie une défaite, par enthousiasme, en allant trop vite vers le marché, par orgueil, pour devancer Cortés. Des hommes sont fait prisonniers.
Cortés reprend l'assaut (le lendemain ?), remonte au nord jusqu'au marché de Tlatelolco. Mais ça se passe mal, il est repoussé. Cortés se retrouve piégé dans Mexico, les digues coupées derrière lui. Sa garde rapprochée parvient à l'extraire, blessé. Nombre d'Espagnols sont faits prisonniers lors de ce revers. Ils seront sacrifiés.
Cuauthemoc et ses lieutenants.
Il les encourage à résister jusqu'au bout. Ils doivent accepter de mourir pour le Mexique...
Il convoque Tlapaltecatlopochtzin et le faire couvrir des armes de Quetzalcoatl, censées faire fuir les ennemis « elles ont appartenu à mon père, tu vas t'en revêtir et marcher au combat avec elles. On te confie aussi l'arc et la flèche de Uitzilopchjtli, reliques sacrées gardées au temple.
Cortés sait qu'un de ses lieutenants et le jeune chef Texcalan Xicotencatl fomentent un complot contre lui. Il les fait pendre en public tous les deux, et se dote d'une garde rapprochée de 6 hommes absolument sûrs.
Cuauthemoc a envoyé dans les villages des messagers avec les têtes des chevaux pris comme preuve de sa grande victoire.
Expédition dans une ville reprise par les Mexcicas. Un des capitaines Texcaltèques, Chichimecatl, emporte sans l'aide des Espagnols, une barricade.
On le presse d'en finir. De prendre coûte que coûte le marché, à partir duquel toute la ville tombera. Mais Cortés voit que les Mexicains se sont puissamment retranchés et sont résolus à mourir. Chaque maison devient une forteresse entourée d'eau.
Cortés a failli être emporté, sans le sacrifice d'un jeune soldat, d'un de ses pages, Cristobal, de plusieurs chevaux. Il est blessé à la jambe. 40 Espagnols tués ou emportés. On les sacrifie à la vue des combattants.
« désastre permis par Dieu, pour nos péchés. »
Dans la troupe, on se désespère. La situation est critique, d'autant plus qu'il faut porter secours à des villages extérieurs, alliés menacés.
Depuis leurs postes, les soldats doivent assister le lendemain au sacrifice de leurs compagnons, cœurs arrachés, membres découpés, têtes tranchées balancées depuis les barricades…
Les pluies tropicales se mettent à tomber, donnant de l'eau aux assiégés. Cortés envoie des messages pour exhorter à ses rendre. Rien n'y fait.
Tlapaltecatlopochtzin réussit à mettre en fuite quelques Espagnols, récupérer des larcins en haut d'un temple. Puis on en n'entend plus parler.
Cortés décide de détruire la ville, maison par maison, pour éviter d'en faire des fortins à la moindre retraite. Les Mexciains se moquent d'eux : « Allez-y, détruisez, de toute façon, même si nous mourons, les Espagnols vous les feront rebâtir. »
Cortés : « Tu te souviens, Alvarado ? De notre éblouissement quand nous avons vu, au loin, cette immense capitale, flottant au dessus du lac ? Peuplée, riche, colorée… Nous en étions muets d'admiration. »
La situation est intenable. Cuauthemoc, qui avait promis de mourir avec ses hommes, est surpris fuyant la capitale à bord d'une petite embarcation avec sa famille. Une autre version est qu'il s'est rendu de lui-même, en grand apparat, à Cortés.
Fin juillet, Mexico est reconquise.
Mexico est livrée après 3 mois de siège. Le sac de la ville est horrible. On viole, on pille, on marque les indiens au fer rouge, aux armes de Charles Quint.
Que fait Cortés, à ce moment-là ? Il est dépassé par cette conclusion pourtant prévisible, mais ne peut rien faire pour calmer la fureur de ses hommes et leur désir de vengeance.
Tlatelolco. La délégation espagnole avance parmi les monceaux de cadavres dans une puanteur épouvantable.
Sous un dais aménagé, Cortés et Marina reçoivent les dignitaires, en tenue d'apparat ; Cuauthemoc pour Mexico et d'autres rois et conseillers. Ils déposent tous les trésors qu'ils possèdent. Cortés : « C’est tout ? Et l'or que vous nous avez repris pendant notre fuite ? Tout le trésor de Moctezuma, où est-il ? »
« Nous n'avons que cela. Nous pensions que vous aviez conservé l'or. »
« Réunissez tout ! Il me faut l'or tout entier. »
« Si quelqu'un a repris ce trésor, nous vous l'apporterons, mais pour l'heure, c’est tout ce que nous avons. »

Etc .

Autre contrainte, puisque nous sommes dans une BD : la pagination. Je me suis donné 8 planches pour raconter le siège. C'est relativement confortable, mais si vous connaissez un peu ce médium, vous savez que les scènes d'action (si on les détaille et qu'on ne se contente pas d'une illustration légendée, genre : « la bataille dura trois jours... ») sont particulièrement gourmandes.
Ce que je dois retenir (et je vais vous laisser avec ça, parce que ce billet est déraisonnablement long), c'est, a minima :
1- la dynamique du récit. En l'occurrence : Les deux albums conduisent à cette fin, cette apocalypse. Ces pages sont l'accélération finale pour chaque individu et pour les forces en présence. Elles doivent entrer dans le mouvement global du récit, en être à la fois le paroxysme et préparer la conclusion (nous sommes dans les pages 34 à 41, pour un album de 45 planches).
2- La dramaturgie intime des personnages principaux : Cortés, Marina, Cuauthemoc, Alvarado, Diaz.
3- Le point de vue plus général sur ce qui a motivé tout le projet de la BD : la finalité de tout ça. Comment penser désastre et victoire quand on sait l'avenir ? Quelle lecture s'autoriser, quelle leçon tirer de ces événements ?

Voilà, c’est un peu comme ça que j'avance mes machins. C'était pour vous laisser jeter un œil en coulisses.

Commentaires

  • Il serait aussi curieux, peut-être, de faire une BD, oh, juste un album, sur un village gaulois qui aurait gagné une bagarre inutile contre un envahisseur peu scrupuleux. Là, aussi, en guise de documents, ne reste que la parole des vainqueurs (il faut rendre à césar ce que Dieu ne veut pas). Je ne sais pas qui ça peut intéresser.

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