Je le croise, après toutes ses années. Lui demande des nouvelles, de lui et de sa mère, que je connais un peu. Troublé d'abord, il se tourne vers sa femme. « Elle a meilleure mémoire que moi » s'excuse-t-il. Sa femme, gênée, lui rappelle que sa mère est morte l'an dernier. « Ah oui, c'est vrai ». Et il enchaîne en me demandant des nouvelles de ma mère. J'interroge aussitôt ma femme qui a, elle aussi, une excellente mémoire.
Bois-en mieux - Page 3
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Les vaches ont les sabots verts ; elles n'ont pas vu le panneau qui les prévenait pourtant : « Attention, pâture fraîche ».
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La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe mais éclabousse le petit moineau, à côté, qui n'avait rien demandé et qui va rentrer tout mâchuré au nid et se faire gronder par sa maman. Ah, la vie, c’est une belle saloperie, tiens !
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La mouche repéra le cadavre, étendu dans la savane. Encore un chasseur allergique à la piqûre du rhinocéros, se réjouit-elle.
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On n'est pas surpris que l'assassiné, sur scène, se relève pour saluer son public. C’est ce qu'a fait l'acteur Jésus, en fait. Mais lui, pardon, quel succès !
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Avant l'invention du o, le lin régnait sur la savane. Après, le lion se mit à rougir.
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C'était encore une de ces fins du monde lassantes, avec météorite, volcans, tsunamis… Les terriens blasés la dédaignèrent et la fin du monde toute penaude passa sans oser déranger, presque s'excusant de son manque d'originalité.
Bon. Voilà. Penser à acheter du pain et des croquettes pour les chats, se dirent les très nombreux survivants. -
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Faute à moitié avouée est pardonnée au quart.
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La sirène regimbe à pointer la tête hors de l'eau. Car alors, son buste émergé affole le marin, tandis que le bas de son corps excite le requin.
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Il referma le journal sur un soupir de soulagement : pas question de lui dans les rubriques nécrologiques.
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Le menuisier avait eu tort de négliger la sécurité de sa scie circulaire. Il ne pouvait même pas s'en mordre les doigts, qu'il n'avait plus.
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Il faisait un temps superbe. J'étendis une couverture sur l'herbe pour que la famille s'y installe, à l'ombre de nos cerisiers. Je surpris l'air inquiet de mon gendre, qui expliqua ses réticences : « Euh… Je ne sais pas, pour le petit, c'est pas prudent. Il risque d'y avoir des insectes, non ? » Je me moquai gentiment de ses craintes en lui affirmant que, si jamais une fourmi audacieuse tentait de s'emparer du petit, je saurais m'interposer. Soudain, un cri nous fit nous retourner : une fourmi était en train de kidnapper mon petit-fils.
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Dans la cellule, ça s'embrouillait, la discussion partait dans tous les sens. Dédé le Nantais imposa le silence et déclara à ses codétenus : "Revenons à nos matons."
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L'exigence et la rigueur de Einrich Sturmayer eurent pour désagréable effet d'abréger son existence. Légiste, expert en balistique, sa première affaire fut celle d'un suicide à l'arbalète. Par conscience professionnelle, il braqua l'engin sur lui-même pour vérifier s'il était possible d'appuyer sur la gâchette en se tenant dans la position de la victime. Il n'eut hélas pas le temps de notifier que c'était le cas. Bien entendu, il fallut s'assurer que Einrich s'était infligé la blessure mortelle. On eut soin de missionner un expert moins radical.
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L'exploit lui paraissait finalement douteux. Tout ce qu'il avait entrepris, sa vie entière, la moindre de ses décisions, les accidents et les hasards, tout cela avait conduit à ce qu'il se trouve là, seul sur la planète Mars, déconnecté de la Terre, à se morfondre dans l'ennui le plus complet. Sa seule distraction était cette démangeaison au niveau des testicules que son encombrant scaphandre lui interdisait de soulager.
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Monsieur et cher ancien élève,
je vous remercie de la confiance que vous accordez à votre vieux professeur. Je vois que, malgré mes préventions, vous avez mené votre chemin et j'en suis heureux pour vous. Apprendre que vous êtes devenu éditeur a été une véritable surprise et nous a engagés, ma femme et moi, l'autre soir, à mieux considérer l'étendue des bouleversements que connaît l'édition de vulgarisation scientifique.
Vous m'honorez en me demandant de signer la préface de votre première publication : « L'Afrique, mille ans d'histoire ». J'espère que vous ne prendrez pas ombrage de mon refus. Je suis en effet obligé de décliner votre proposition, qui me va pourtant droit au cœur. Après un rapide examen de l'ouvrage pour lequel vous souhaitez mon concours, il m'est apparu que je ne pouvais, sans dommage pour ma réputation, mêler mon nom à votre entreprise. J'ai découvert grâce à vos rédacteurs qu'une certaine Fay Wray avait été reine du Congo avant d'être sacrifiée à un gorille géant et que Tarzan avait donné son nom à la capitale du Dahomey. J'ai apprécié votre idée de faire parler l'australopithèque Lucy, mais j'ai de vives réserves sur le long monologue qui la voit défendre l'emploi de l'imparfait du subjonctif. Enfin, tout cela ne serait pas si grave si votre carte de présentation, en début d'ouvrage, ne tentait pas de faire correspondre la répartition des diverses ethnies africaines avec les contours physiques du sous-continent indien. Faute bien pardonnable dont vous étiez familier, déjà, lors de vos courtes études. Peut-être suis-je trop sourcilleux, comme vous me l'aviez souvent fait remarquer à l'issue de mes cours, mais je vous suggère de ne pas retenir, pour illustrer le drame de la traite négrière, les paysages de l'aquarelliste breton Loïc Ploucadec : « Roscoff à marée basse » ; « Retour des chalands à Paimpol ». Malgré la sensibilité de ces œuvres.
Je ne doute pas que d'autres de mes collègues ou, à défaut, un voisin de palier, une amie, un parent, ne verront pas d'inconvénient majeur à participer à cet étonnant ouvrage sur l'Afrique.
Je vous adresse bien entendu tous mes vœux de succès pour votre maison d'édition, dont cet ouvrage inaugural saura, d'emblée, situer son degré d'exigence.
A la réflexion, n'écoutez pas les critiques et ne tenez pas compte de mes remarques. Cela vous a porté chance jusque là. La période est propice aux projets comme le vôtre. Allez de l'avant, comme vous l'avez toujours fait, en vous moquant des prudents et des vétilleux qui voudraient réduire votre enthousiasme.
Inutile de tenter de me contacter. Quand vous lirez cette lettre, mon épouse et moi serons dans un monde certainement meilleur.
Bien à vous,
votre ancien professeur de géographie. -
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Pâques, c'est le temps des bourdons énormes traversant le ciel en météore, le temps des pastilles à vapeur qui sautillent d'arbre en arbre, le temps des maisons qui tournent sur elles-mêmes, le temps des doigts qui poussent sur les mains et gigotent sans contrôle, des turlupins qui se mouchent, des accordéons qui sautent sur les cyclistes. Pâques, c'est le moment où on goûte sa nouvelle récolte de cannabis.
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3585
Un latiniste et un helléniste se rencontrent. Force est de constater, avec un brin de déception, qu'ils se parlent en français.
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La voix divine en lui, asséna avec impatience : « Pars immédiatement et porte la bonne parole. » Or, cela faisait bien dix ans qu'il s'adonnait à cette mission sacrée, partout dans le monde. Il questionna les autres apôtres à ce sujet. L'un d'eux avoua, assez ennuyé, qu'ils avaient tous connu cette expérience déstabilisante mais personne n'aurait jamais admis que de temps en temps, là-haut, ça déconnait sec.
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Vrai, elle était passée, la petite souris. Mais à la place d'une pièce, elle avait laissé plein de petites crottes. Et la dent était toujours sous l'oreiller. Papa et maman étaient très déçus : ils avaient toujours cru à cette histoire, eux.