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  • Au suivant

    Mon éditeur vient de me le confirmer : mon prochain roman, "le psychopompe" sortira à la fin de l'année. Quant au "baiser de la nourrice", ma foi, il continue son petit bonhomme de chemin. Je suis invité le 11 septembre à Thonon, pour en parler.

    En attendant, j'ai beaucoup de mal à reprendre l'écriture du dernier. Je n'ai pourtant jamais eu de meilleures conditions pour travailler : du temps, un beau bureau, de la documentation à disposition, et l'admiration infatigable d'une femme aimante.

    Pas de panique, je sais que ça reviendra. Ma hantise par rapport à ce projet, est de baser ce très long chantier (sûrement plus de deux ans d'écriture), sur une forme vieillie. Ma douce a beau me rassurer, je doute.

    La prochaine pièce de théâtre est un projet magnifique dont j'espère avoir l'occasion de vous parler. Car il ne s'agit pas seulement de l'écrire, mais de mêler à son élaboration les comédiens qui vont l'interpréter, et l'expérience de peintres, puisqu'il sera question de l'acte de peindre. Il nous faut un financement minimum, sans lequel rien n'est envisageable. Une récente conversation avec une jeune actrice qui défendait l'idée de la création sans financement, et donc libre, me revient à ce sujet, et j'écris vraiment comme une savatte ce matin.

    D'abord, des expériences à "budget zéro", j'en ai pratiqué depuis toujours, je connais, merci, et, justement, je n'ai fait que ça. Bidouiller, "faire avec", trouver des solutions malignes, s'appuyer sur les bonnes volontés, renoncer à certaines idées, j'en ai ma claque. A partir d'un certain niveau d'ambition, je crois qu'il faut de l'argent. Pas des fortunes, je vous rassure -il sera toujours question de se démerder avec des budgets restreints- mais au moins avoir la possibilité de réaliser quelque chose qu'on a conçu avec la perspective d'un certain confort. C'est gratifiant, de parvenir au résultat escompté, c'est gratifiant aussi de pouvoir rémunérer ceux qui travaillent autour de vos idées.

    Disant cela, je revendique aussi le statut libertaire et la nécessité d'une culture anticonformiste, pauvre, hirsute, qui survit sous les déchets de l'autre, et qui est le sel de la terre. Celle qui continuera toujours de palpiter, malgré les ors et les ordres. Celle qui n'a pas besoin d'argent. Pratiquons les deux, n'ayons de mépris ni pour l'une ni pour l'autre.

  • Totor n'avait pas tord

    C'est certainement très facile, et quand on ne peut pas vraiment s'exprimer à haute voix, le plus simple est d'aller piocher dans la manne hugolienne la verve dont on est dépourvu et dont on a besoin. Kronix est en vacances, mais Totor n'en a jamais pris, et n'en prendra jamais, tant qu'il y aura des Badinguet dans ce monde. Extraits.

    "Il aime la gloriole, le pompon, l'aigrette, la broderie, les paillettes et les passe-quilles, les grands mots, les grand titres, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Certes, ce cerveau est trouble, ce cerveau a des lacunes, mais on peut y déchiffrer par endroits plusieurs pensées de suite et suffisamment enchaînées. Il a une idée fixe, mais une idée fixe n'est pas l'idiotisme. Il sait ce qu'il veut, et il y va. A travers la justice, à travers la loi, à travers la raison, à travers l'honnêteté, à travers l'humanité, soit, mais il y va.

    Cet homme ment comme les autres hommes respirent. Il annonce une intention honnête, prenez garde; il affirme, méfiez vous; il fait un serment, tremblez.
    Machiavel a fait des petits.

    Annoncer une enormité dont le monde se récrie, la désavouer avec indignation, jurer ses grands dieux, se déclarer honnête homme, puis au moment où l'on se rassure et où l'on rit de l'énormité en question, l'exécuter.

    Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien.
    Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être.

    Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire.
    Dieu sait pourtant que le Président se démène :
    il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant
    créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est
    le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! Cette roue tourne à vide.

    L’homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux.

    Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse.

    On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue !
    Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé."

  • Jeu de mains

    Au lieu d'écrire ce matin, je surfe comme un geek de base, et je tombe là-dessus, et je passe un moment à essayer de comprendre, et ça m'énerve, et il est bientôt dix heures, et voilà, rien foutu, m'énerve !

    Moi j'arrête, je me remets à l'écriture, et puis vous, vous tentez de m'expliquer comment ce type réussit son tour. On en reparle.

  • Répétition

    C'était la plus grande des stars planétaires, danseur exeptionnel, adulé par des millions de fans, sa mort foudroyante a donné lieu à des obsèques spectaculaires, diffusées dans le monde entier.

    Il s'appelait Rudolph Valentino, et s'est éteint en 1926. Vous croyiez que je parlais de qui ?

  • Jackson Four

    Il est beaucoup question de la mort de Mickael Jackson, je vais donc vous parler du nikab.

    J'ai entendu l'autre jour des témoignages de femmes, fières de porter ce vêtement, pratique pour se promener nue ou en string à l'insu de tous, mais rarement utilisé dans ce but. Leur fierté, leur discours sincère, leur revendication de femmes intelligentes, instruites, sensées, m'ont fait imaginer un parallèle curieux, que je vous livre tel quel. Ma référence est, bien entendu, littéraire, et voici à qui ces jeunes femmes me faisaient penser : à O, l'héroïne de "Histoire d'O", de Pauline Réage.

    O est une femme libre, intelligente, sensée, cultivée. Elle a choisi d'elle-même une soumission qui l'emmènera probablement, à la fin du récit, vers la mort. Dans certaines de ses pensées, est délivré exactement le message que j'entendais l'autre jour, de la part des femmes qui portent le nikab (que d'aucuns appellent la burka, par machiavélique souci de contagion sémantique) : la fierté secrète d'appartenir à une élite, de vivre une expérience inconnue des autres. Le fait que ces deux formes d'expériences soient liées au concept de soumission, ajoute une étrange pertinence à cette comparaison. Disons qu'une règle ou un dogme sévère, peuvent être assimilés par leurs victimes, comme une source de satisfaction, et même un moyen de se réaliser. La différence, dans le cas de O, c'est qu'elle peut à tout moment, faire cesser le jeu en disant : « J'arrête ».

    L'autre point, selon la rapide analyse que je me permets de faire, est l'innocuité, voire l'effet contre-productif d'une nouvelle loi, qui ne ferait que pénaliser les femmes. D'une certaine manière, si les femmes se cachent ainsi (comme elles couvraient leurs cheveux dans les provinces les plus conservatrices de France quand elles étaient mariées ou veuves et ce, jusque dans les années 50), c'est pour échapper aux regards des hommes. Des hommes que les religions en général (je dis bien « les », souvenons-nous d'Adam et Eve) présentent comme des pourceaux incapables de maîtriser leurs sens, et forcément conduits à se jeter sur la première venue, au moindre signe de leur supposée libéralité (cheveux libres et parfumés = pute). Il y aurait donc tout intérêt, avant de stigmatiser les porteuses de nikab, à instruire d'abord les hommes. Et pour ça, vous savez, il faut du temps.