Je ne sais comment l'évoquer sans en dire trop, mais voici que le dernier chapitre de mon roman lui donne enfin un sens. En tout cas, me révèle quel en était le sujet. Plusieurs années que j'accompagne ces personnages, que je les fais vivre dans un vaste décor qui déroule quelque 70 années d'histoire et qu'ils essayent de me dire quelque chose que je voulais, mais ne savais pas. Quelque chose que je devinais, qui était tout le socle de leurs vies, mais qui ne parvenait pas au niveau de ma propre compréhension. Tout s'est réalisé hier quand, prenant des notes pour préparer la scène que je vais écrire aujourd'hui (là, dès ce matin, après avoir posté ce billet), tout s'est révélé, emboîté, cristallisé. Pourquoi avais-je choisi cette scène finale ? Et bien, le roman me le dit. Que dit le roman ? La scène finale me le dit. Hier, j'ai vécu un moment extraordinaire dans la fabrication de l'écriture. Je ne sais que faire de cette joie qui m'a bouleversé. Dans le chapitre précédent, des soldats sont emmenés loin du front. Ils regardent la mer et méditent : « Cela blessait l'âme d'une reconnaissance envers quelque chose qui les dépassait. » Me voici comme eux, reconnaissant envers cette chose qui me dépasse.
Et pardon pour le retard du billet de ce matin, j'ai très mal dormi, remuant ce bouleversement toute la nuit.