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    Une des toutes premières critiques à propos de "Noir Canicule" me fait vraiment chaud au cœur. Sur le blog de cannetille, la lectrice qui a parfaitement compris le sens et les thèmes du livre. J'en suis tout chamboulé.

    Elle écrit : "Cette canicule a au final des accents vaguement apocalyptiques, ressentis dans leur chair et dans leur âme par des personnages atteints dans leur intégrité et leurs fondamentaux. Elle est la représentation au sens propre de leur surchauffe personnelle, dans un monde qui doute et se sent à la dérive, vers un inconnu inquiétant et dangereux. 
    Etrange et dérangeant, voici un livre dont on sort pas indemne et qui laisse des questions plein la tête, tant cette histoire reflète le mal-être d'une société de plus en plus sujette à la peur, rationnelle ou non, de ne pas maîtriser son avenir."

    En plus, elle ne divulgâche pas. Merci, chère lectrice inconnue.

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    Adèle se barre, Virginie enrage, Natacha réplique, Stéphanie tente de faire la part des choses. Pendant ce temps, les mecs se taisent, mains dans le dos, en regardant leurs chaussures.

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    Marin-blond.jpegDans L'histoire du marin blond, on retrouve l'élégance et la clarté, deux des qualités d'écriture de son auteur, Jean-Pierre Poccioni, déjà salué sur Kronix (ici et ), car c’est un écrivain qui mériterait une plus large reconnaissance. Point d'odyssée maritime ici, malgré le titre, mais une brève traversée en solitaire de la vie. Le narrateur est en errance, chômeur, tout à la fois marié et dérivant, assez égaré pour supporter et rechercher la compagnie d'un protagoniste nocif, vite détesté par le lecteur. Un homme arrimé au bar d'un hôtel, venu échouer là lors d'une lointaine escale, un type suffisant, pontifiant, pérorant, ratiocinant, raisonneur et cuistre (une synthèse, aurait dit Audiard, qu'on cite toujours quand on veut faire court et explicite). C'est une première énigme, cette fascination du « héros » pour son tourmenteur, car il le tourmente, avant que d'autres énigmes s'immiscent dans le récit. En attendant qu'il réalise combien cette relation est « inutile et nuisible » et qu'il se demande « comment rompre le sortilège », le narrateur s'adonne avec une étrange bénévolence au rituel malsain du dialogue avec l'homme du bar et il l'écoute. Au point de suivre ses conseils : aller se mettre au vert, par exemple, dans une petite maison de campagne familiale.
    Un hasard, puis un autre, une jeune femme, une auberge, la pluie, un attentat, et l'ombre constante de l'homme du bar avec son récit croisé du marin blond, ses possibles manipulations, tracent une trajectoire du verbe, en fin de compte, où les rapports humains sont autant d'occasions de mener des réflexions qui les explorent et les dissèquent. Le lecteur rêvera d'une franche et solide mise au point du narrateur, soupçonné à tort d'adultère, avec sa femme, il ne l'aura pas mais sera récompensé de sa frustration par la délicate dérive des pensées du narrateur, une aristocratie d'homme de la Renaissance, à la fois humaniste et lucide. On fera peut-être la moue devant certaines assertions assénées comme des vérités indépassables : « [les échecs], ce roi des jeux dont personne ne peut avoir l'audace de contester qu'il garantit la hauteur intellectuelle de tout individu y rencontrant quelque succès » (Le Joueur d'échecs de Zweig semble avoir l'audace de démontrer le contraire) ; « la clameur constante du rock, guitares et batteries, finit par s'abolir dans un cannibalisme absurde » (c'est aller un peu vite en besogne pour un univers qui a un demi-siècle d'histoire). Qu'on ne s'attache pas à cette menue réserve : les nombreux moments de vraie littérature, la subtilité des images, le goût de la beauté de la phrase (avec une épure de la ponctuation), additionnent les motifs de se passionner pour ce texte.
    La question qui vaut, finalement, n'est pas « qui est le marin blond ? » mais plutôt « qu'est-ce qu'un marin blond ? » L'auteur constate que, sans doute, au gré de nos existences, au fil des escales et des départs, « nous sommes tous des marins blonds », et il faudra méditer un temps pour s'approprier cette fausse évidence. Parce qu'il n'existe pas de maîtrise du cours de nos amours.

    L'histoire du marin blond. Jean-Pierre Poccioni. Z4 éditions. 177 pages. 16 euros.