Le procès avait été long et l’affaire plutôt sordide, mais ce qui mettait mal à l’aise le juge, maintenant que le verdict allait être prononcé, c’était la formule qu’il devait adresser à l’homme-tronc convaincu d’homicide : « Accusé, levez-vous ! »
Bois-en mieux - Page 49
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Aux assises
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Le philosophe à la mouche
Certainement le philosophe le plus malchanceux de l'histoire. Dès qu'il s'isolait pour réfléchir à un problème, où qu'il soit, chez lui ou à la montagne, à quelque période que ce soit, en été ou au plus fort de l'hiver, une satanée mouche venait ronfler autour de lui pour anéantir toute concentration. Pourtant, il avait une oeuvre à accomplir, il sentait bien en lui bouillonner la conscience, remuer les concepts, s'enchevêtrer les paradoxes et les idées les plus novatrices, mais dès qu'il tentait de les mettre en ordre, de les synthétiser, d'en faire quelque chose, la mouche, inévitablement, invariablement, cruellement, surgissait d'on ne sait où et le harcelait jusqu'à l'exaspération. Il devint fou, essaya toutes sortes de parades mais rien n'y fit. Un jour, tout de même, par pur hasard, il l'écrasa. On imagine sa joie. Elle fut hélas de courte durée : il ne put penser à rien d'autre qu'à elle, sa mort stupide, sa constance et sa fidélité, sa présence, et une terrible culpabilité l'envahit. Il ne fut plus un instant en repos, se maudit d'une telle sensiblerie, mais rien n'y fit, là non plus. Il résolut un jour que, finalement, il n'était peut-être pas fait pour la philosophie, et s'en alla apprendre le métier de croupier.
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Les rouleaux de la mère (morte*)
C'est une égyptienne qui, s'inspirant de son rouleau à pâtisserie, expliqua aux ouvriers de la grande pyramide comment ils pouvaient trainer leur lourde charge en les plaçant sur des rouleaux. Mais on lui dit de se mêler de ses affaires et de retourner à ses fourneaux et, bon, les types continuèrent de pousser des tonnes de pierre sur des patins qui s'ensablaient.
(* Forcément, hein, depuis le temps...)
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Plagiat
« Monsieur Hugo, je viens de tomber par hasard sur votre dernier ouvrage, et je dois protester contre le plagiat éhonté que vous avez fait de mon oeuvre ! En effet, les artifices grossiers sous lesquels vous tentez de maquiller votre forfait ne peuvent abuser personne. Il ne suffit pas, monsieur l'écrivaillon, de changer le titre de mon « Alexandra et les feux du Pacifique » en « Notre-Dame de Paris », de déplacer le cadre de l'action des îles Hawaï au Paris du Moyen-âge et de modifier le métier et le nom de mes personnages (chez vous, Alexandra, journaliste, devient Esméralda, danseuse, et Hyppolite, cadre en villégiature, devient Quasimodo, sonneur de cloches), pour créer la diversion que vous espérez. Votre paresse et votre manque d'imagination, ne sauraient excuser de pareils procédés. Méfiez-vous, monsieur Hugo, méfiez-vous ! »
(Pas faire attention : un certain manque d'inspiration, ces jours-ci)
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Prolifération
Le peintre avait cette fichue manie de peindre tout le temps. Comme il ne vendait jamais rien, les toiles encombraient sa maison, couloirs, toilettes et grenier compris. Bientôt, il fut obligé d'en ranger dans le jardin, de les déployer sur la pelouse, dans les arbres, puis contre la grille, sur le trottoir, contre la maison des voisins, sur la rue jusqu'au carrefour, accrochées aux poteaux, aux poubelles, posées sur les toits. Et encore le long de la grande route jusqu'à la ville suivante, ainsi de plus en plus loin et même plus sur des toiles mais sur les murs eux-mêmes, sur le goudron des rues, les troncs et les mâts, les voitures et les bornes. Il n'eut plus de peinture et se saigna, n'eut plus de sang et mourut. Un grand orage lava tout ça, et le monde revint à son rêve gris.
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L'envol de la taupe
Le rat-taupe de Nouvelle-Zélande est l'animal le plus laid de la création. Convaincu de son aspect rebutant, il se terre dans des galeries trop étroites qui, par la force de l'utilisation, accentue sa forme de cylindre mou et par là-même, sa laideur. Cette histoire n'aurait que peu d'intérêt si nous ne nous étions pas avisés un jour, que la taupe commune ressentait pour elle-même une aversion semblable qui la pousse à un pareil désir de se cacher. Alors qu'elle est une des plus belles réussites de la nature. Je suggère donc qu'une cellule psychologique soit constituée, parcoure les plaines et les champs, et essaye de raisonner l'animal, dans l'espoir qu'un jour, comme autrefois, les taupes se remettent à voler au grand jour.
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Le mythe
Les deux hommes se faisaient face dans la rue centrale. Ils dégainèrent ensemble, vidèrent leur chargeur. La poussière dissipée, ils s'aperçurent qu'ils étaient l'un et l'autre toujours vivants. Ils rechargèrent leur arme et tirèrent à nouveau. Manqués ! Le duel se prolongea ainsi tard dans la soirée, mais personne n'assistait plus à l'ennuyeux échange, qui reprenait ainsi quotidiennement depuis des années. Soudain, l'un d'eux s'écroula. L'autre, tétanisé, n'osant croire en sa victoire, s'approcha. Dans un dernier sursaut, sa victime leva son revolver et tira. Son meurtrier s'effondra à son tour. Le pasteur, averti que le combat avait enfin connut son issue, décida d'en faire le sujet de son prêche du lendemain. Dimanche, du haut de son estrade, il voulut expliquer à ses ouailles quel exemple de bêtise les deux malheureux adversaires avaient donc donné. Mais il perdit le fil, s'embrouilla et ne sus rien en tirer. A la sortie, on se permit des remarques blessantes sur son âge, ses moyens intellectuels qui s'amenuisaient et il décida de reprendre cette histoire, de l'approfondir le soir-même, pour enfin déterminer quelle morale chrétienne on pouvait bien extraire de ce duel absurde qui avait empoisonné la vie de tout Daisy Town pendant plus de dix ans, à ce qu'on disait. Mais certains anciens racontaient que les ennemis s'affrontaient depuis plus longtemps, qu'ils étaient déjà en place alors que la ville n'était même pas encore construite. Qu'ils se défiaient chaque jour depuis la conquête de l'ouest, et peut-être encore avant. Le pasteur fut convaincu alors qu'il tenait là une histoire plus grande que la seule illustration des méfaits de la haine, mais un véritable mythe à l'exemplarité biblique, une légende. Il chercha, réfléchit, compulsa des maîtres de la fable et de la morale, recueillit l'avis des plus grands philosophes. Après des semaines de travail acharné, le pasteur dut se rendre à l'évidence : il n'avait rien à dire sur ces deux cons.
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Aux instruments
Le pianiste est encore reparti en oubliant son instrument ; c'est la troisième fois cette semaine, et on ne peut déjà plus tirer les rallonges de la table du salon. Il vaudrait mieux que ça ne se reproduise pas. Tiens, voilà la harpiste : quelle tête en l'air celle-là aussi !
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L'absent
A la mort de maman, j’avais des tas d’ennuis. Je venais de quitter mon boulot et François (puisque le deuxième me fournissait le premier) ; pareil pour l’appart’ où nous vivions ensemble, vu que c’était le sien. La mort soudaine de ma mère est venue en point d’orgue sur cette cascade d’emmerdes.
D’ailleurs, j’ai la poisse, de façon générale. Mon père est mort quand j’avais seize ans ; mon frère adoré, qui avait vingt ans à l’époque, s’est barré de la maison deux mois plus tard, après une ultime dispute avec maman. Faut dire qu’elle était devenue insupportable. Depuis, plus jamais de nouvelles. C’était il y a longtemps, mais la blessure est toujours vive au fond de moi. Maman aussi a eu du mal. En fait, plus rien n’a jamais été comme avant. Elle s’est enfermée dans le silence, ne voyait plus personne. Je n’ai pas attendu la majorité pour aller respirer ailleurs. Dès que j’ai trouvé un type assez cool pour me prendre avec lui, je me suis barrée. Maman avait l’air aussi soulagée que moi de me voir partir. Ça aussi, ça m’a fait du mal : je me suis rendue compte qu’en dehors de Seb -mon frère- personne ne comptait pour elle. Après sa disparition, plus rien n’avait d’intérêt à ses yeux. On se voyait peu, je lui téléphonais de temps en temps. Jamais elle ne m’appelait.
Et voilà, j’ai hérité de cette maison où elle a vécu seule pendant vingt ans.
J’avais essayé de la vendre, mais beaucoup de gens reculaient devant le mauvais état de la villa. Et puis dedans, il y avait tout ce bordel que je n’avais eu ni le temps, ni le courage de débarrasser. Je suis comme ça, faut pas se mentir : une feignante. Finalement, la maison me servirait de dortoir en attendant de retrouver un boulot, de prendre un nouvel appart’. Deux-trois mois à vivre au milieu du passé, je pense que c’est jouable. La chambre de Seb était restée inviolée comme une tombe, tout était en place, du poster défraîchi aux bouquins poussiéreux. Pas envie de dormir dans son ombre. Ma mère avait réquisitionné ma chambre pour entasser des vieux meubles, des bouteilles de gaz, tout et n’importe quoi. Je n’y étais pas rentrée depuis mon départ.
Je me souvins de l’ambiance terrible des derniers temps, quand j’entendais ma mère cogner sa tête contre la cloison, longuement, comme une folle. Je gueulais, elle s’excusait, mais elle disait que ça la calmait.
Il n’y avait plus que sa chambre. J’ai tout de même viré le matelas du lit pour coucher dans le salon. Dormir dans le lit où elle était morte, entourée de photos de Seb, ça me foutait les jetons.
J’ai eu du mal à dormir le premier soir, le mausolée à la gloire de mon frère, ces dizaines de photos de toutes les tailles, partout dans la maison, ça me hantait. Je me suis endormie dès que j’ai pris la résolution de tout ranger le lendemain matin. Après le petit déjeuner (je vous passe les détails : l’eau n’était pas rétablie, il a fallu que j’aille acheter des bouteilles à la supérette, à un kilomètre de là), j’ai ouvert en grand les fenêtres partout. J’ai aéré la chambre à la grande surprise des acariens qui n’avaient pas dû voir le jour depuis des années, et j’ai commencé à ranger. Les fringues sentaient le moisi, de la crasse noire s’était développée sur les vitres, j’avais envie de foutre le feu tellement c’était crade. J’ai remisé les photos du vénéré Seb dans des cartons trouvés à la cave.
La cave, là c’était le sommet (enfin, en bas, mais un sommet tout de même), un bric-à-brac monstrueux, commencé du temps de papa qui ne jetait jamais rien, prolongé et multiplié par maman, d’une façon maladive. Vingt ans de récupération de roues de vélos, de paniers crevés, de chaises cassées et de moteur de frigos. Là, je me suis décidée à foutre le feu. J’ai entassé dans le jardin tous les trucs susceptibles de brûler sans trop de fumée. C’était crevant, mais magnifiquement exutoire ! Je me suis juste arrêtée un moment pour manger, en contemplant ce feu de la Saint-Jean que j’avais organisé pour moi seule.
Je n’avais rien de mieux à faire, le chômage assurait le minimum, vivre ici m’économisait un loyer… Je me suis concentrée sur le nettoyage de la maison. La cave se vidait, les pièces du haut reprenaient un peu de couleurs, j’avais arraché les vieilles tapisseries… Enfin, il y a eu cette grosse armoire découverte derrière le capharnaüm de la cave. C’est là que j’ai trouvé les lettres de maman. Des lettres adressées à Seb, où elle lui disait de lui pardonner. Des lettres jamais envoyées, puisque le destinataire n’avait pas donné d’adresse. Il y avait peu de dates, sauf une : quelques mois après la disparition de mon frère. Peut-être la première de la série. Mais aucune indication sur ce qu’elle voulait se faire pardonner. C’était très vague, un peu délirant même. « Tu t’obstines à ne pas me répondre… », « Tu refuses de me regarder, ça me met en colère », « tu devrais manger mieux… » ; comme si Seb était resté avec elle. D’un coup, la solitude de maman, dans cette maison abandonnée, cernée par les photos d’un fils fantomatique, m’est apparue dans toute son horreur. Elle était devenue folle. Et je n’en savais rien. J’essayais de me remémorer nos conversations. Elle semblait normale, triste mais saine d’esprit. Elle faisait ses courses comme tout le monde, payait ses impôts, était suivie médicalement… Pas vraiment sociable, mais pas non plus marginale. Juste une femme mûre qui fume trop et se méfie des étrangers. Si j’allais la voir, elle ne me parlait pas de Seb, moi j’évitais le sujet, et elle restait muette à boire son thé face à moi, jusqu’à ce que je me décide à partir. Elle ne me jetait pas, mais elle ne me retenait pas.
L’autre jour, François est passé me voir, mine de rien. Je ne suis pas prête du tout à envisager l’avenir avec lui, mais il essaie de me la jouer « soyons amis tout de même ». Il y a tellement de boulot dans cette baraque, que pour la première fois de ma vie je me vois franchement cynique. Je lui ai suavement demandé de venir me donner un coup de main pour, au moins, débarrasser l’armoire monumentale dans la cave. Tout content, il était.
On a décollé l’armoire du mur. « Tu savais qu’il y avait une pièce, là derrière ? ». En effet, c’était muré grossièrement avec du ciment mal lissé, mais on voyait bien une porte condamnée. J’ai serré le bras de François, j’avais peur soudain. Il m’a regardée, d’un regard qui voulait dire : « Tu veux vraiment savoir ? » J’ai acquiescé sans réaliser. Il est allé chercher une masse et a commencé à défoncer les moellons.
Quand le trou a été assez grand, François a braqué un faisceau de lampe torche de l’autre côté. Mon cœur s’est arrêté. Il y avait une masse grise par terre ; j’ai su tout de suite ce que c’était. Qui c’était.
Seb. Ma mère l’avait enfermé là, des années auparavant, et l’avait laissé mourir. Pour qu’il ne la quitte jamais je suppose. Et moi, j’ai réalisé soudain que ce n’était pas ma mère qui cognait sa tête contre la cloison de ma chambre, autrefois. C’était Seb qui appelait sa sœur au secours. -
Poisson noir
Il m’avait fallu choisir à l’époque entre ces deux galeristes. C’est idiot, j’aurais pu ne pas le faire, mais je m’y sentais obligé, comme quand un couple d’amis se sépare ; et c’était un peu le cas. Associés d’abord, Marc et D. se disputèrent et Marc créa sa propre galerie, tout près de celle qu’il partageait avec D. auparavant, manifestant ainsi une volonté d’en découdre -par delà la soudaine inimitié- sur le terrain économique. J’étais un ami de longue date de Marc, je choisis de continuer d’exposer chez lui. Mais mon histoire n’est pas celle-ci.
J’ai toujours passé d’agréables moments avec Marc et avec Gaby, son épouse. Ils formaient un couple attentif, accueillant et sûr en affaires ce qui, pour un artiste incessamment en délicatesse avec les forces de l’argent : banques, commerces et fisc, n’est pas négligeable. Les discussions du soir, une fois les matières économiques rapidement passées en revue, s’attardaient sur les autres artistes, l’art en général, la vie et la mort.
Marc perdit son père et nous fûmes quelques semaines sans nous voir. Et puis, Gaby m’appela pour m’inviter chez eux. Elle répondait ainsi aux lettres de sympathie que j’avais adressées à Marc, quelque temps avant. Marc n’allait pas mal ; il se remettait. Il m’apprit que, la veille du décès de son père, il avait fait un rêve où ils étaient ensemble à la pêche, au bord d’une rivière qu’ils fréquentaient pendant son enfance. Le rêve avait basculé dans le cauchemar quand son père saisit quelque chose, et retira de l’eau un lourd poisson informe, monstrueux, à la fois noir et comme cuirassé. Marc se réveilla sur cette vision affreuse qui le laissa angoissé la journée entière. Le soir, on lui apprenait que son père allait très mal. Quand il arriva à l’hôpital, distant d’une centaine de kilomètres, il était trop tard.
La vie reprit son cours. La galerie de Marc proposait infatigablement une demi-douzaine d’expositions par an. De l’extérieur, il semblait que tout allait bien. Même moi, l’un de leurs proches, censément au fait de leur train de vie, j’étais dans l’illusion d’un couple à qui tout réussi, qui voyage et multiplie les bonnes affaires. Ils lancèrent une galerie à New York. Un fétu de paille. Les difficultés commencèrent à se faire sentir ; les artistes eurent de plus en plus de mal à se faire payer. Pour moi, il se trouve que j’étais passé à autre chose et, par chance, je n’exposais plus, ce qui m’évita de me fâcher avec Marc. Il y eut des rumeurs de ruine. Le galeriste voisin et ancien associé, D., se comporta de façon correcte. Il ne jeta pas d’huile sur le feu, énonçait sans amertume des regrets quant à leur mésentente qui avait nui à tous deux, et finirait par emporter le moins pertinent, à savoir Marc.
Un soir, revenant de chez un de ses artistes, Marc manqua un virage et se tua. On parla, compte tenu des problèmes financiers bien connus, de suicide. J’étais persuadé qu’il n’en était rien et, par la suite, j’essayai de protéger Gaby de telles insinuations. Malgré tout, il fallut fermer la galerie et je vins plusieurs fois lui donner un coup de main. Elle était épuisée, effondrée bien sûr, mais Gaby tenait le coup. Je me rendis compte que je n’avais pas mesuré la force de ce petit bout de femme, tant elle vivait dans l’ombre de son mari. Un soir, tandis que nous classions des dessins, je découvris une grande mine de plomb. Gaby était à côté de moi à ce moment. Cela représentait un énorme poisson, monstrueux, difforme et noir, gueule ouverte sur une sorte de cri. Une force terrible. J’en étais abasourdi. Gaby m’expliqua : « C’est ce dessin que Marc est allé chercher le jour de l’accident. »
(d’après une histoire vraie).
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La machine
Ludivine présenta, hier soir, ce modèle étonnant, dont l'avant présente une sorte de flanc qu'on peut aussi bien prendre pour l'arrière qu'on ne distingue d'ailleurs que difficilement du dessous. Outre la compréhension du fonctionnement de l'engin, sa manipulation est rendue plus délicate par son poids de cent-vingt kilos et son envergure de treize mètres, son absence de anses, de prises, de moteur et de roues. L'objet sent très mauvais si on ne le lave pas deux fois par jour. Il est aussi dangereux de ne pas replier chaque soir les tubes qui en sortent aléatoirement, et il ne faut pas le laisser dehors car il se déforme et fonctionne moins longtemps. Cependant, cinq adhérentes sont reparties avec un modèle (le vert à diodes vertes a été choisi par toutes, au détriment de l'orange à diodes bleues), dans le but de faire un essai, et convaincre leur époux de vendre la maison pour l'acquisition définitive de l'objet. Rappelons que le gouvernement angolais, les égyptologues du CNRS et les grands sites de forage de la mer du Nord ont été les premiers à disposer de l'appareil et l'ont définitivement adopté. Le fabricant rappelle toutefois qu'il n'a effectué aucun test de son produit dans aucun domaine et prévient donc toute attaque en justice qui voudrait le rendre responsable d'une quelconque insatisfaction dans le résultat escompté.
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To be or to be or not or perhaps
Il avait pourtant une mémoire exceptionnelle, qui faisait sa réputation. Mais impossible de se souvenir de sa naissance, malgré tous ses efforts. Il dut se rendre à l'évidence : on lui avait menti. Il ne lui était jamais arrivé de naître.
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scène de bataille
- "Ah mais oui, regardez, vous aviez raison, c'est bien un boulet qui nous arrive en pleine gue..."
- "Eh chef ! Dumouriez s'est pris un boulet dans l..."
- "Qu'est-ce qu'il a d.. ?"
(Pénibles, ces scènes de bataille, impossible d'écrire un dialogue correct).
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Gène d'Alien
L'embarras de l'extra-terrestre, obligé d'expliquer à son supérieur les causes du réchauffement climatique, sur la petite planète qu'il vient de visiter. C'est que sa pauvre langue ignore les mots « connerie », « négligence », « vanité », et « avidité ». Mais à force d'enquête, la notion d' « humanité » commence à rentrer.
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At Holmes
Vous savez, dit Holmes à Watson, depuis des années que nous vivons ensemble ces trépidantes aventures, je trouve curieux que nous n'ayons jamais eue la moindre envie de commettre un des ces irréparables manquements à la morale qui concluent communément les destinées d'hommes tels que nous. Je veux dire : avons-nous jamais omis de prendre un thé à 5 heures ?
« Dieu nous en préserve. Et par pitié, Holmes, enlevez votre main de ma braguette et ne me parlez pas si près : vous empestez la pipe. » -
Spiderman en Mongolie
Égaré en Mongolie, Spiderman fut hébergé pendant plusieurs années dans un village de cavaliers nomades, jusqu'à ce qu'on retrouve sa trace. On le découvrit alors fort déprimé : Outre qu'il manquait de méchants à combattre, le super héros était constamment moqué pour son habitude à sautiller de nuit, d'un toit de yourte à l'autre, et houspillé pour la toile qui souillait pendant des jours les tentures ouvragées du camp. Ses bonds peu spectaculaires et son entêtement à les répéter chaque nuit, lui avaient d'ailleurs valu d'être rebaptisé par les autochtones : homme-morpion.
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Calcul
Si le fourgon blindé immatriculé L 623 BY 69, de la société Rintintin, qui transportait 300 000 euros de monnaie, n'a pas été cambriolé mardi, c'est que M. Campville, de Mougins, malfaiteur de son état, avait déterminé la veille au soir que le cambriolage nécessiterait un budget de 25 000 euros (armes, véhicule, planque, backchiches et subalternes...), à quoi il faudrait ajouter le partage entre les trois associés, la part du receleur. Il avait calculé enfin que le bénéfice de 76000 euros que lui aurait rapporté le vol, ramené au temps nécessaire pour classer, empaqueter, recompter les pièces, équivalait à un taux horaire de 0,05 centimes d'euros. Sans compter les risques. M. Campville a donc préféré resté au lit, mardi matin.
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Il peut tout expliquer
"Je peux tout expliquer !" s'exclama-t-il quand elle entra dans la chambre et le découvrit nu, dans les bras d'une femme, également nue. Et en effet, l'épouse n'aurait pas pu comprendre sans ses explications que la jeune femme avait été enlevée par une expédition punitive de Ouïgours, décidés à venger la mémoire du chef de leur groupe, tué par le patron de celle-ci, qui était sa secrétaire, un patron malfaisant qui la tenait sous sa coupe à cause d'un chantage à propos d'une vieille histoire familiale, c'est dire qu'elle ne l'aimait pas, d'ailleurs elle avait félicité les Ouïgours de leur acte de résistance et de l'exécution dudit patron, mais ils ne voulurent rien savoir, l'emmenèrent avec eux comme on soustrait un témoin gênant pour la suite des opérations car ce n'était pas fini, l'entrainèrent jusqu'à la frontière où ils avaient le projet de l'exécuter à son tour dans un garage en banlieue selon une méthode très barbare et affreuse, une spécialité de ces contrées, mais elle parvint à s'évader par les égouts et, comme elle savait que le groupe avait des chiens, elle dut abandonner ses vêtements espérant, plongeant son corps -très beau, gracile, souple, elles sont toutes comme ça dans ce pays- dans l'eau noire des égouts, échapper à ses poursuivants. Bien lui en prit ; elle sema Ouïgours et limiers de cette façon et parvint, exténuée, ici où, paumée et on le serait à moins, elle sonna à la porte, et qu'il la trouva tandis que, ("tiens-toi bien ma chérie, c'est là que ça devient incroyable"), la fièvre qui l'avait obligé cet après-midi à ne pas aller travailler, l'avait soudain quittée et que, transporté de bien-être après cette soudaine guérison, il avait tout quitté et se promenait nu pour s'assurer qu'il était totalement remis, ("on fait comme ça chez nous, mais si, je t'ai déjà expliqué ce principe"). Ce qui fit qu'elle lui tomba à moitié évanouie dans les bras. Comprenant immédiatement son état, et pendant qu'elle lui racontait son aventure dans un français approximatif, il la doucha, la sécha et entreprit de la réchauffer. Lui n'avait pas eu le temps de s'habiller avec tout ça et, sentant le retour d'un peu de fièvre, avait jugé que son corps serait une source de chaleur plus efficace que n'importe quel truc d'appoint. Voilà.
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Vous reprendrez bien un peu de limule ?
Je ne sais pas si vous allez me croire, mais le livre existe, et surtout, il est sorti tout récemment :
Limules : Une histoire naturelle
de Martin Daigneault avec une préface de Georges Brossard, à partir de 30 euros.
En plus, les illustrations sont superbes. Je pense avec émotion à notre bon ami Demaître, qui est un pionnier, et dont le travail, ici, n’est pas reconnu. Misère ! (ça, c’est pour ceux qui ont vu la pièce).
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Rien
J'ai commencé à écrire quelque chose sur une lecture de l'Enfer de Dante, faite il y a peu (plus que lu : presque joué, l'Enfer, et dans un cadre exceptionnel), mais fatigué. Si j'ai du temps demain...
Bonne journée à tous.