Il tente bien de garder une contenance, l'aigle, mais voyez sa mine piteuse quand il est enterré jusqu'au cou. Tandis que la taupe, pardon, observez son sourire quand elle est propulsée dans les airs.
Taupologie
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La taille des mains de la taupe trahit son métier de fouisseuse, autant que l'extrémité de son museau sa nature de fouineuse. Si l'on ajoute la myopie, serait l'idéale mascotte d'un journal.
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Les damnés
L'hiver. Le froid entre dans le sol. Cela irradie méchamment, vient mouiller l'échine de la taupe qui renâcle. Alors, commence sa migration secrète. Elle s'enfonce, descend plus loin dans la croûte terrestre, pénètre des couches indétectables aux technologies les plus sophistiquées, mais le froid menace toujours, là-haut, elle poursuit sa spéléologie, son instinct lui commande de fouir plus profond encore. Enfin, elle approche du lieu, la température augmente. Elle s'arrête, c'est là. Elle va pouvoir passer l'hiver, bercée par ce double contentement : se tenir au chaud et entendre les plaintes des taupiers qui, combustibles éternels, rôtissent sur les braises de l'enfer.
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Taupe finale
La taupe creuse son tunnel, éternellement. Quand elle voit de la lumière au bout, c’est qu'elle est morte (continue d'avancer, par habitude).
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Le survivant
« Ce que j'ai fait, aucune taupe ne l'aurait fait », affirma Guillaumet après sa dramatique épopée dans la cordillère des Andes. Et pour cause. Et puis il s'est rendu compte que ça ne voulait rien dire, il a prétexté les effets de l'altitude, il s'est repris et on a gardé la dernière version. Dommage.
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Remboursez !
Soit une taupe capturée. Soit un zoo spécialisé dans les taupes. Soient des visiteurs scrutant désespérément les surfaces de gazon dans l'espoir de voir surgir un des spécimens. Soit un directeur de zoo condamné pour escroquerie. Égal : une taupe qui se marre.
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Phrases de schiste
Sous ces fortes chaleurs, les taupes s'enfoncent instinctivement dans la terre. De plus en plus profondément. Ce faisant, elles tracent la voie aux futurs forages de gaz de schiste, inconscientes complices d'un drame écologique majeur. Parfois, la nature joue contre elle-même.
Et je n'imaginais pas sortir une vanne pareille quand j'ai commencé cette phrase. Sous ces fortes chaleurs, le blogueur s'enfonce instinctivement. De plus en plus profondément.
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Taupe set
La taupe déteste être utilisée comme balle de jokari. Le chinchilla se prête plus volontiers au jeu, mais son coût rebute le vacancier. Le monde est mal fait.
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J'en n'avais pas fini
Son incessante reptation sur le ventre donne au faciès de la taupe mâle cet air renfrogné caractéristique.
(au point que j'ai créé une catégorie "Taupologie" -pour les fans)
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En exemple
Pour se donner du courage devant une épreuve apparemment insurmontable, il suffit de regarder les montagnes, d'admirer ce que peut produire la volonté et la solidarité. Ce qu'ont réussi à faire toutes ces petites taupes, ensemble, pour stopper l'avancée des laboureurs, ne pouvons-nous pas le faire, à notre échelle ?
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Sur les épaules de Darwin
Merveilles de la Nature. Comment imaginer que le cheval de mine a évolué pour aboutir à la taupe ? C'est à n'y pas croire. Et pourtant.
Et c'était la 1700 ème note.
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Tiens, y'avait longtemps
On peut la trouver sans méthode et lente, certes, mais elle n'est pas moins efficace que tous les chasseurs de trésor lancés dans l'aventure et qui sont rentrés bredouille. Laissons-là travailler tranquille et nous verrons qu'un jour, la taupe trouvera le trésor des templiers.
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Ecrit hier, pour la première fois
La routine est sans surprise, cela tombe sous le sens. Et bien pas du tout ! Si l'on y prête un peu attention, la routine est une succession de premières fois. Ce matin, par exemple : la première fois que je fais pipi un 29 octobre 2012 et qui plus est, en sifflant « le chant des partisans » ; la première fois que j'ai mangé du pain en comptant le nombre des mastications (4 par bouchées en moyenne) ; la première fois que, par la fenêtre, une pelleteuse a démoli l'habitat des taupes qui m'ont tant inspiré. Je suis optimiste pour demain : ce sera la première fois que je me réveillerai un 30 octobre 2012. Une belle façon de commencer une journée de train-train qui décoiffe. Et je sais déjà ce que je vais siffloter.
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Sage
Voyez la taupe, sagement retirée des affaires de ce monde, ajoutant à l'isolement naturel de sa myopie celui du souterrain, pour mieux s'épargner la bêtise de notre temps. Y parvient-elle ? De petits tertres meubles trahissent son désir de reprendre contact avec l'extérieur. Toutefois ne sort-elle que la nuit, quand les fats tonitruants sont endormis.
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Partout, je vous dis.
Il ne m'était pas apparu à la première écoute (manque d'attention de ma part) que, aussi incroyable que ça paraisse, il est aussi question de taupe dans « pour un oui ou pour un non » de Nathalie Sarraute.
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Le chevalier Bayard
Un courrier nombreux m'est parvenu pour me reprocher la récurrence un peu forcée de la figure de la taupe dans mes billets. On y voit une facilité, le signe d'une panne d'inspiration ou je ne sais quoi. On s'insurge notamment contre un article où il devait être question de gnou et où, semble-t-il, je me serais encore laissé aller à parler de taupe. Ces critiques me surprennent. Est-ce ma faute si la taupe est un point nodal dans la grande machine biologique ? On la rencontre partout : parasite du cachalot, prédateur de la limace et de la mouche tsé-tsé, base alimentaire du tigre et du lapon, ses intestins servent à la fabrication de balles de jokari, sa peau est utilisée sous les chaussures des cosmonautes, mixée avec des poireaux elle donne à la soupe un goût de gingembre et on la dressa en nombre, au XIXè siècle, pour creuser les tunnels du métro parisien. Tant de domaines lui sont associés qu'il semble très délicat de ne pas évoquer cette souriante créature, au détour de n'importe quel billet. J'espérais par exemple, aujourd'hui, parler du chevalier Bayard, mais comment évoquer ce personnage sans dire que son écusson était orné d'une taupe armée d'une lance ? Que dire de l'histoire du socialisme si on ne relève pas l'étonnante ressemblance de Marceau Pivert avec l'arrière du petit mammifère ? Dès que je veux écrire sur un sujet quelconque, le piège se referme : une taupe apparaît. Marcel Proust n'échappe pas à cette règle étrange, qui fut incommodé toute sa vie par des visions de taupes masquées jouant du piano. Je ne peux donc qu'adresser mes regrets à tous ceux qui espèrent ne plus trouver de taupes sur ce blog. Espoir que je partage d'ailleurs, mais voyez comme c'est difficile. Franchement, je ne sais pas comment font les autres.
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Le gnou et nous
Hier après-midi, je confessais à l'un des lecteurs de Kronix (il arrive que j'en croise dans la vraie vie), l'embarras dans lequel je me trouvais : ne pas avoir de billet pour le lendemain est une situation désagréable. On sait aussi que les chroniques écrites dans l'urgence sont de deux natures : inspirées ou déplorables. Mon lecteur et néanmoins ami me conseilla de récidiver avec la série des taupes qui eut un certain succès dans ces colonnes. Vous me connaissez, ce n'est pas mon genre de tomber dans la facilité, aussi, point de taupe, je ne mange pas de ce pain-là, mais il m'est apparu que je pourrais évoquer le sort du gnou. Car le gnou a failli être propulsé au sommet de la chaîne alimentaire et aujourd'hui, si le destin ne s'en était pas mêlé, nous servirions d'appâts vivants pour la nourriture préférée du gnou : la taupe.
La taupe a ceci d'étrange qu'elle porte de part et d'autre du museau de petits filaments blancs qu'elle essaye de faire passer pour des moustaches mais qui ne sont autres que des paratonnerres. Quand la foudre frappe le sol, l'électricité qui traverse la terre jusqu'à une infortunée taupe, est canalisée par les moustaches d'un côté de la tête de l'animal, puis évacuée par celles du côté opposé, sans occasionner le moindre dommage au subtil mammifère fouisseur. Encore une belle invention de la nature. Merci Kronix ! -
La taupe dans la peau
Je n'avais pas l'intention d'y revenir. Absolument pas. Est-ce ma faute si j'utilise au quotidien les beaux carnets noirs que m'offre ma douce depuis des années ? Est-ce ma faute si la moleskine qui les recouvre, signifie justement (même si nous sommes bien loin de l'original), Mole skin : « peau de taupe » ? Il y a bien quelque chose de l'ordre du destin dans cet incessant croisement de ma vie avec l'univers de ce petit animal, non ?
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Taupe finale
Bon, ça suffit maintenant cette histoire de taupes. Je ne veux pas qu'on y revienne. Mais le paysan dont j'ai défoncé les champs pour remonter la trace du taupodonte ne l'entend pas de cette oreille, et il tire la mienne pour me montrer les dégâts. « va falloir tout reboucher », il dit « parce que les vaches se foulent les pattes e'd'dans ! » j'ai beau protester, désigner la science là-haut qui réclame ce faible sacrifice et n'a cure des contraintes agricoles, rien à faire, le gars me file une pelle dans les mains et un coup de pied aux fesses. Tandis que je rebouche les trous, je médite sur mon sort et tente de me souvenir comment tout ça a commencé.
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Le bout du tunnel
Depuis le pré du voisin, en remontant le trajet taupe à taupe selon le principe formulé précédemment, la plus ancienne galerie perceptible débouche dans l'enceinte de l'abbaye de la Chalade vers Les-Islettes, en Lorraine. Ensuite, les sillons sont moins évidents, ils s'amenuisent et se perdent. Mes correspondants allemands ont relayé l'enquête. Ils ont établi une cartographie géologique qui, en tenant compte de la période de construction de l'abbaye et de la consistance du sol privilégiée par les ancêtres de la taupe de Saint-Nizier (chez nous, quoi), permet de simuler un trajet idéal. Selon eux, les taupes seraient venues des plaines de l'Asie centrale, dans l'élan des grands invasions germaniques (mais avec un peu de retard, la taupe étant un peu moins rapide que le cheval mongol).
Quelles merveilleuses histoires la science nous révèle ainsi ! Comme c'est bon de se sentir moins con !