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  • Riboulet en 60 secondes

    Découvert grâce au conseil d'un roannais : Daniel Arsand.  L'amant des morts, quelle écriture ! Et, ponctuant tout le récit, de mystérieux narrateurs, disant "nous", dont on découvre l'identité à la toute fin. Le style est une grande force -dans toutes les formes d'expression, mais notamment en littérature.


     

    L'Amant des morts, Mathieu Riboulet. Verdier. 91 pages. 9,80 euros.

  • Ovaldé en 60 secondes, et encore...

    J'ai été un peu dur, peut-être. Cen'est pas si mauvais, c'est même plutôt bien écrit. Mais franchement, je ne vois pas l'intérêt.

     

    Ce que je sais de Véra Candida, Véronique Ovaldé. Editions de l'Olivier. 293 pages. 19 euros.

  • Ne te retourne pas

    On ne devrait pas se retourner sur son passé. On ne devrait pas, c’est connu. Je devrais le savoir, moi, lecteur sourcilleux de la Bible, qui sait l’exemple mythique de la femme de Lot, tournée vers ses regrets, la vie confortable qu’elle abandonne au feu divin, et qui soudain est changée en statue de sel. Je le savais.

    Quand nous étions enfants, nous passions une grande partie de nos vacances à la campagne, dans une ferme des environs. Un couple de paysans et leur unique garçon, de l’âge intermédiaire entre mon frère et moi, nous y accueillaient. Cela dura des années. Est-ce que je m’y ennuyais ? Sans doute, mais de l’ennui de l’enfance, peuplé de méditations et de rêves. Une époque propice à l’imaginaire, en fait. Je ne goûtais guère les jeux de notre nouvel ami et de mon frère, devenus inséparables, et le père de famille avait autre chose à faire. Restait à me réfugier auprès de la mère de famille, dans la cuisine, avec mes cahiers que je remplissais d’aventures puériles, à grands coups de stylos et de vraisemblance approximative. La dame était gentille avec moi, elle faisait de bons gâteaux. Les vacances passaient ainsi dans une solitude protégée et doucement moquée.

    Nous fûmes un jour trop grands, décidément, pour retourner à la ferme. Il se passa d’autres jeux, des voyages, il se passa une enfance, puis une vie de jeune adulte, il se passa peut-être trente-cinq ans. J’envisageais parfois d’appeler, de revenir sur ces lieux, de reprendre contact. Mais, au fond de moi, je savais bien qu’il ne faut pas, que les traces du passé sont dépouillées de magie, qu’elles sont inertes et muettes, sinon décevantes. Je vis un jour le père de famille, presque identique à celui que j’avais connu dans la montagne. Il était attablé dans une cafétéria, rouge et massif, souriant timidement. Il n’était plus paysan, il travaillait à l’usine, en ville. Je le saluai, nous n’échangeâmes pas plus de deux phrases. Aussi désarmés l’un que l’autre par ce surgissement incongru de temps révolus. Nous ne nous aimions pas beaucoup, l’un et l’autre. J’appris sa mort plus tard.

    J’attendis d’avoir 49 ans, pas moins, pour téléphoner à Madame D. J’en formais le projet depuis des semaines, en parlais à ma douce de temps à autre. Un jour, je me décidai. Sa voix, identique, pas étonnée : « Christian ? Il faudra venir un de ces dimanches…  M. sera là » M. est le fils unique, resté célibataire, vivant avec elle. La date fut convenue. Je raccrochai, regrettant déjà mon geste, comprenant pourquoi je ne l’avais pas accompli depuis tout ce temps : c’est que j’en savais la nocivité.

    Nous voici, ma douce et moi, installés devant une tasse de café et une part de tarte. Contrairement à l’usage, je n’ai rien apporté. J’aurais pu, mais ce manquement signifiait que l’on ne resterait pas, que je n’étais que de passage, et que, probablement, je ne reviendrais jamais. Je demande ce qu’ils font l’un et l’autre, les fait parler un peu du jour d’aujourd’hui, du temps qu’y est plus comme il était. Les questions et les réponses s’enchaînent, superficielles. Madame D. demande ce que je fais, ce que ma compagne fait, nous le lui disons, elle résume : « chacun fait comme il peut. » et quand je parle du travail actuel de mon frère (un mandat d’élu), que je vois avant tout comme une façon d’œuvrer pour les autres, madame D. avance sa main au dessus de la table, fait un geste sordide en frottant de son pouce l’index et le majeur, et souligne d’un sourire entendu « ça rapporte, ça ». Au bord de la nausée, je subis encore deux ou trois assertions sur les gitans et les étrangers qui sont trop nombreux, et puis nous partons, retrouver le présent qui s’est bien débrouillé sans nous.

    Dans la voiture, ma douce me demande si je suis déçu. Je lui dis que non. Un temps de silence et j’ajoute : « Je savais. »

  • Débattre de l'orthographe

    Il y a quelques années, vous m'auriez trouvé, convaincu et sûr de moi, du côté de ceux qui pensaient que l'orthographe était une valeur passéiste, handicapante, un outil injuste de sélection des plus démunis mis en place par une élite bien formée, jalouse de ses privilèges. Cette assurance venait alors de diverses conversations menées avec des enseignants, qui m'avaient expliqué quelle barrière terrible et insurmontable constituaient orthographe et grammaire, pour des enfants, autrement doués, sensibles, à même de faire des adultes pensants et raisonnants. Il me semblait en effet intolérable que les postes à responsabilité leur soient rendus inaccessibles à cause de difficultés en orthographe. Maintenant que la polémique rebondit (paraît-il, à l'occasion de la sortie d'un livre de François de Closets), je me suis pris à refléchir à cette histoire. Et je la lis de façon exactement inverse.

    C'est que je me demande à présent à qui profite le crime. Qui a bien intérêt à ce qu'une certaine partie de la population ne maîtrise pas totalement, pas complètement, la langue, sa complexité, les nuances de l'orthographe ? Une élite, justement, certains "penseurs" du monde contemporain, qui, eux, écrivent sans fautes, peuvent comprendre un texte complexe, un livre élaboré. Je me demande à présent si réclamer le laxisme en matière d'ortthographe n'est pas une manière de garder les pauvres là où ils sont, une méthode simple et rapide pour déterminer très vite, qui est dans la société et qui doit en être exclu.

    Si j'étais un prof révolutionnaire, je dirais à mes élèves : soyez bons en français, apprenez les classiques, maîtrisez l'orthographe et l'imparfait du subjonctif ! battez-les sur leur propre terrain : donnez-leur des leçons de français correct, ne vous enferrez pas dans le verlan ou la langue de banlieue qu'ils ont appris à caricaturer, et dans laquelle ils rêvent de vous cantonnez. Ne les croyez pas quand ils vous disent que l'orthograhe n'est pas important. Ce n'est pas un cadeau, c'est un piège. A vous de les piéger ! A vous de les dépasser ! Troublez les repères confortables qu'ils espèrent conserver longtemps.

    Voilà ce que je leur dirais.

  • Claudie Gallay en 60 secondes

    Claudie Gallay, romancière intéressante (mot faible : "l'office des vivants" est un ouvrage très fort), dont j'ai trouvé assez fade le dernier opus. Heureusement, il y a les autres. J'en cause dans le poste.


     

    Les déferlantes - Claudie Gallay. Editions du Rouergue, collection La Brune. 525 pages. 21, 50 euros.

    Dans l'or du temps - Claudie Gallay. Actes Sud collection Babel. 366 pages. 8, 50 euros.

    L'office des vivants
    - Claudie Gallay. Actes Sud collection Babel. 225 pages. 7,50 euros.

  • LTI et plus, en 60 secondes

    Un peu de philo, à présent


     

    LTI, la langue du troisième reich. Victor Klemperer. Pocket collection Agora. 373 pages. Prix : catégorie 12.

    Lettre sur la tolérance et autres textes. Locke. GF Flammarion. 270 pages. Catégorie J.

    Le discours de la servitude volontaire. Etienne de la Boétie. Petite bibliothèque Payot. 335 pages. 9 euros.

     

    (là, on ne peut même plus parler de survol, c'est un passage en fusée, mais sérieusement, "LTI" est un livre accessible, vivant, prenant, plus proche du journal que de la thèse. Klemperer a vu son pays et son langage verser lentement dans la barbarie). A lire.

  • Pierre Michon en 60 secondes

    Un exercice que détesterait sûrement celui à qui il rend hommage : Michon en 60 secondes, c'est perdu d'avance. On fonce quand même, histoire de clamer haut et fort mon plaisir à le lire.

     


     

     

    Références :

    Les Onze. Pierre Michon. Verdier. 137 pages. 14 euros.

    La grande Beune. Pierre Michon. Verdier. 88 pages. 10,50 euros.

    Le roi vient quand il veut. Pierre Michon. Albin Michel. 392 pages. 22 euros.

    Pierre Michon. Agnès castiglione. textuel. 133 pages avec un CD. 19 euros.

  • Twist en 60 secondes

    Encore un livre issu de la sélection lettres-frontière  2009 : TWIST - Delphine Bertholon. JC Lattès. 430 pages. 18 euros.


  • Tébessa 1956 en 60 secondes

    Aujourd'hui, un livre sélectionné, comme le Baiser de la Nourrice, lettres-frontière 2009.

    Tébessa, 1956 - Laurent Cachard. Editions Raison et Passions. 126 pages. 13 euros.

  • La Route en 60 secondes

    J'ai tourné en webcam ces petits pilotes pour une future (mais hypothétique) webtélé. Le format définitif sera sans doute plus élaboré. Autant vous faire partager ce petit travail. Chaque jour, je vous présente en 60 secondes à peine, un ou plusieurs livres. L'exercice est aussi amusant que frustrant.

    Aujourd'hui : La route. Cormac Mac Carthy. Points Seuil. 254 pages. 6,80 euros.



  • Ivre de colère

    Depuis quelques mois, j'habite à une vingtaine de kilomètres de mon travail, j'ai donc opté -cohérence morale oblige- pour les transports en commun. Chaque matin, je me rends à pieds vers mon arrêt de bus, je m'installe confortablement parmi les gamins qui vont à l'école, stupéfaits et silencieux, et je bouquine ainsi une petite demi-heure jusqu'au terminus.

    La société, toujours très protectrice, a décidé d'empêcher le chauffeur, suspect comme tous les chauffeurs de bus d'être secrètement alcoolique, de conduire en état d'ébriété. C'est fort bien. Il doit donc, chaque jour de travail, souffler dans un appareil qui détecte un taux d'alcoolémie trop important et bloque alors le démarrage du bus. Trop d'alcool : plus de car. Nous voici rassurés.

    Un jour de cet été, le chauffeur est arrivé très en retard (c'était le bus du soir, celui qui me ramène dans mes pénates), il était furieux. C'est qu'il avait laissé, pendant la pause, l'alcootest derrière la vitre du bus. Le soleil a chauffé, chauffé, et a bousillé le subtil mécanisme. Le pauvre employé a eu beau souffler, souffler, déclarer main sur le coeur à la machine butée qu'il n'avait rien consommé, qu'il était réputé comme un modèle de sobriété, rien n'y a fait, le bus est resté imperturbablement aux ordres du petit bidule de plastique noir, qui ne voulait rien savoir. Il a fallu en appeler au "central", une équipe de techniciens est venu résoudre le souci, radicalement.

    Depuis, je crois que le truc est carrément débranché. Le chauffeur roule en sifflotant, et nous, derrière, nous vivons dans la peur.

  • La chambre claire

    Lecture de « La chambre claire »  de BARTHES dimanche 6 septembre de 15h à 19h, au musée Alice Taverne, à Ambierle.

    par Yolande Lauxerois, Christian Chavassieux, Dominique Furnon, Jean Mathieu et Lionel jamon de l'Association "Demain dès l’aube"

    Un gros morceau, on s'échauffe la voix, on s'apprête à lire certains passages ardus dans la perspective de la pédagogie (ce qui implique, en ce qui me concerne, que je sois susceptible d'avoir tout compris, ce qui n'est pas si sûr).

    Venez soutenir les athlètes de la lecture.

     

     

  • Jugez vous-mêmes

    Expliquée par un magistrat, la suppression du juge d'instruction, c'est tout de suite plus clair. Allez-y, ça prend 5 minutes.