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    (Ce billet date de trois ans, je ne sais plus à quelle source j'avais emprunté le sujet de ce récit, j'ignore ce qu'il est advenu des protagonistes, mais compte tenu de l'actualité, j'espère que les choses, aujourd'hui, seraient différentes)

    A 21 ans, il n’est pas impossible qu’une jeune femme un peu paumée, mal dans sa peau, se laisse aller à inviter chez elle un gars rencontré dans un bar. Chez elle, c’est-à-dire l’appartement où elle vit avec son bébé. C’est envisageable. Le gars peut éventuellement envisager, lui, qu’il va se passer des choses, que la soirée n’est pas finie. C’est possible. On ne saurait l’en blâmer. Qu’il s’imagine. C’est-à-dire que cela reste du domaine des projets, des fantasmes. Après un dernier verre, que le type fasse des avances. Bon. OK. Le type a vu tellement de films porno que ça lui semble la seule issue logique. C’est là que le problème se pose. Parce qu’il y a la réalité. La réalité, c’est que la jeune femme se dit « ça suffit ». Merci, au revoir, on n’est pas chez les bonobos. Que le type soit en colère, trouve ça dur, pourquoi pas ? Qu’est-ce que j’aurais fait ? « Je t’envoie des fleurs demain et on en reparle ? » Oui. Je crois que c’est ce que j’aurais fait. Sincèrement. Parce que j’aime qu’on garde une bonne image de moi. On peut envisager les fleurs et une fin de soirée dans un sourire. C’est envisageable.
    Mais le type a frappé, frappé, violé, violé encore, frappé encore et laissé la fille pour morte, le bébé hurlant dans la pièce à côté. Le réflexe d’hommes qui pensent que quelque chose leur est dû, et qu’ils peuvent prendre ce droit si on le leur refuse. Évidemment, quand la jeune femme se rend au commissariat, on prend sa plainte en considération. Non. Je plaisante : on ne prend pas sa plainte en considération. La considération est du domaine de l’envisageable, du domaine de ce qui est possible. On ne prend pas sa plainte en considération, on lui balance qu’elle l’a bien cherché. Ils ont la description du type, le nom de l’agresseur, son numéro de téléphone et le bar où ils se sont rencontrés, mais ils ne feront rien.
    Il y a quelques jours, la jeune femme s’est suicidée. 21 ans. 21 ans. Vingt-et-un ans ! Les policiers vont peut-être prendre sa plainte en considération. Le type va peut-être regretter son geste, et payer d’une manière ou d’une autre. Le bébé grandira et deviendra peut-être un adulte bien dans sa tête. Ce n’est pas impossible. C’est envisageable.

  • 3354

    Expliquer à ce sourd qu'il y a un malentendu.

  • 3353

    Pendant une très courte phase de sa transformation Hulk est tout rose, ce qui le rend encore plus furieux et le fait devenir, enfin, vert.

  • 3352

    C'est vrai que j'aime plutôt les femmes féminines. Mais c'est que je n'aime la masculinité, ni chez les femmes, ni chez les hommes.

  • 3351

    Tombé en panne, il prend bêtement la poussière, le tapis magique.

  • 3350

    Quand la vierge est apparue sur le mur du salon, Momo a vite invité les potes pour assister au phénomène. Ils ont aussitôt débarqué, intrigués et joyeux, avec leurs packs de bière, se sont installés dans le canapé d'où ils regardent le foot habituellement. Au bout d'une heure, leur curiosité a laissé place à de plus en plus d'hilarité et de grossièretés, et ils ont commencé à considérer l'apparition sous ses aspects les plus triviaux. Jojo s'est mis à danser devant la Vierge en simulant des comportements épouvantables, soulevant de gros rires et des blagues salaces. En fin de soirée, l'apparition a hoché la tête, fait un geste dégoûté de la main, puis un bras d'honneur avant de s'effacer. Momo et ses potes lui ont rendu le bras d'honneur et ont rallumé la télé, c'était l'heure du match.

  • 3349

    Tous ces miracles galactiques, ces forces astronomiques, et nous, malgré la conscience que nous en avons, forcés de descendre les poubelles.

  • 3348

    La master class des littératures de l'imaginaire a été captée en vidéo. C'est désormais en ligne ICI. J'interviens après mes camarades Olivier paquet (sur le thème des descriptions) ; Lionel Davoust (sur le thème des personnages) ; Nicolas Lebreton (sur le thème des dialogues) et avant Jean-Laurent Del Soccoro sur le thème des relations avec l'édition. J'évoquais ce soir-là l'écriture des scènes de bataille, à partir de 1h45...

    Je vous préviens : vous allez sursauter vivement en m'écoutant attribuer (en improvisant une réponse autour de la question des sièges) "Le Désert des Tartares" à Kundera. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. C'est évidemment Alexandre Jardin qui a écrit ce chef-d’œuvre.

     

  • 3347

    "Ce que l'amour préfère, le chaste travail le réclame. Il choisit, lui aussi, de verrouiller la porte, d'allumer en plein midi la lampe, de déployer les rideaux et de faire silence."

    Colette. Trois.. Six... Neuf. (réédité chez Libretto. Préface Daniel Arsand. Un bijou, comme toujours)

  • 3346

    Polyphème, aveugle et furieux, ouvrit sa grotte et, bloquant le passage de sa masse, fit sortir ses moutons un à un. Involontairement, il en vérifiait le nombre en les touchant. Ils étaient nombreux ; il s'endormit, et Ulysse et ses hommes purent s'éclipser en douce. Et d'inventer ensuite cette histoire de fuite, accrochés à la toison des bêtes énormes !

  • 3345

    Godefroy de Bouillon avait inventé cette torture où l'on disposait sur une grille de métal rougie au feu, deux sarrasins l'un sur l'autre, de façon à ce qu'ils reproduisent le dessin d'une croix. Je propose de rendre hommage à l'inventeur des grills de maures croisés.

     

    (oui, je sais, je suis désolé mais je rentre juste de voyage, j'aimerais vous y voir !)

  • 3344

    Je suis aujourd'hui à la bibliothèque pour tous de Saint-Germain-en-Laye (4, rue de Pontoise), à partir de 14h30.

    Les bénévoles de cette jolie structure m'avaient invité il y a quelques années pour évoquer "L'Affaire des Vivants". Je suis heureux qu'elles ne m'aient pas oublié et surtout qu'elles aient apprécié "La vie volée de Martin Sourire". Être ainsi suivi est une grande satisfaction.

  • 3343

    C'est une maison bleue, on n'y frappe pas, ceux qui vivent là ont jeté la clé, et Paquita fait le ménage et nettoie les chiottes, parce que s'il fallait compter sur ces feignasses de fumeurs de shit...

  • 3342

    Ce jour, je file à Saint-Etienne préparer avec les organisateurs la résidence d'auteur que je suis invité à vivre pendant deux mois : janvier et février prochains. Autour de moi, des partenaires, des amis, des connaissances, des écrivains aussi, pour faire de cette expérience une réussite. Impressionnant, agréable, retour dans cette ville que je connus étudiant, puis jeune homme démarrant dans la vie, auprès de sa future ex-femme. Je les vois d'ici, les souvenirs, se bousculer pour exiger que je les traite et les raconte. Mais non, Saint-Etienne ne sera pas le prétexte d'une nostalgie.

     

  • 3341

    Contrairement à une idée reçue, le sapajou ne cherche pas à dépasser la frégate dans la consommation de noix de pécan. Il cherche seulement par ce biais à impressionner la femelle chihuahua. Ce qui éclaire mieux cet étrange comportement.

  • 3340

    Elle me parle mais je ne comprends rien, à cause de son décolleté assourdissant.

  • 3339

    Ce soir, à partir de 18h. à la villa Gillet, à Lyon (25, rue Chazière dans le 4e), j'évoquerai l'écriture des scènes de bataille (et non des scènes de combat comme énoncé dans le programme, la nuance est d'importance), dans le cadre du mois de l'imaginaire à Lyon. Les autres thèmes : relations avec l'éditeur, écriture de dialogues, descriptions et personnages, seront explorés par Olivier Paquet, Jean-Laurent Del Socorro, Nicolas Le Breton et Lionel Davoust.

    Tous les détails ICI.

    Je n'ai guère fait de promo autour de l'événement parce que c'est tout simplement complet ! Auteurs en herbe, booktubeur(ses), blogeur(ses), enseignants et documentalistes, organisateurs de manifestations littéraires, critiques littéraires, libraires, bibliothécaires et autres passionnés, à qui cette masterclasse est destinée, ont pris d'assaut les inscriptions pour les 200 places disponibles ; on a vu des covoiturages s'organiser sur une vaste zone géographique. C'est assez incroyable (et ça met une certaine pression, avouons-le), cet engouement.

    L'événement est organisé par l'ARALD et la bibliothèque municipale de Lyon en partenariat avec les éditeurs ActuSF, Mnémos, Les Moutons électriques, l'Atalante et Critic.

     

  • 3338

    La marche dominicale à travers les bois n'était pas négociable, hiver compris. Qu'importaient nos lamentations d'enfants que le désir de voir enfin tel téléfilm ou émission suscitait, il fallait aller se promener le dimanche, marcher sur les sentiers en poussière ou les sous-bois humides, c'était au-delà de la question de la santé, inscrit dans le marbre comme une tradition. Dimanche, c'était marche, point final.

    L'exercice se transformait parfois en émerveillement. Les paysages solitaires sur le plateau de la Verrerie, les cascades moussues dignes d'Excalibur au fond des gorges de La Pisserotte, et les fûts immenses des Bois noirs offraient des ambiances que ma petite cinéphilie d'enfant reconnaissait.

    Un jour, nous trouvâmes une chouette blessée. J'étais petit, les détails de la capture m'échappent. Je vois un remuement incertain, mon père qui s'approche... le reste est très flou, peut-être jamais vécu, en fait. Par contre, je me souviens clairement de la chouette, figée comme une petite déesse au dessus d'un placard extérieur, sur le balcon qui menait chez nous. Mon père l'avait installée là et elle patientait ainsi la journée entière. Mes parents la nourrirent d'abord je ne sais comment, et nous la saluions mon frère et moi à chacun de nos passages, partant ou revenant de l'école. Elle tournait vers nous son regard incessamment étonné, sa face plane de dessin animé. On ne la dérangeait pas, on la regardait à peine après un temps. Une voisine comme les autres.

    Bientôt, mon père s'aperçut que notre invitée s'envolait pour ses chasses nocturnes. Elle était guérie.

    Je n'ai pas souvenir non plus de sa restitution à la forêt que nos soins lui avaient fait quitter, mais je retrouve facilement l'image de cette compagne muette, de son expression de sérieux et d'attention quand nous lui parlions, de la bonté que je lui prêtais.

  • 3337

    Du regard de la poule émane un mystère qui me fait craindre la volonté nuisible de quelques uns, derrière la quasi absence des gallinacées dans les moments décisifs de l'Histoire.

  • 3336

    Dans la famille, les fêtes de fin d'année étaient réparties entre le repas de Noël à Cavaillon, chez les grand-parents paternels, et celui du jour de l'an, à Goult, vers Roussillon, pour le versant maternel. Personne ne manquait, enfants, petits-enfants, gendres, brus. Une absence n'était pas impossible : elle était impensable. Les repas étaient gais et longs, et les tablées superbes. Tout se déroulait, des deux côtés de la famille, dans une symétrie parfaite, avec le patriarche en bout de table, habillé impeccablement, veste de jais, chemise immaculée nouée d'une cravate, et le grand chapeau noir qui portait son ombre sur le visage et les épaules. Les enfants regardaient furtivement cette silhouette sévère et monumentale autour de quoi toute l'agitation domestique semblait en orbite. Dans la soirée, les mains épaisses sortaient dans la lumière et glissaient dans celles des minots des Victor Hugo, les billets de cinq francs, « pour l'épargne », disaient les vieux. Ce n'étaient pas exactement des cadeaux, c'était une forme d'héritage que l'enfant ne dépenserait pas, licence inconcevable. Une mise à l'épreuve autant qu'un enseignement sur la puissance de l'argent en réserve, celui qu'on ne lâche qu'en cas de dernière extrémité, et encore, qu'on garde pour un investissement à un âge raisonnable, quand on est en charge d'une famille et qu'on a une vision des générations à venir, pas avant.

     

    Extrait de Les Inconsolables. Roman en cours d'écriture.