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  • 3325

    Curieusement, les enfants du petit Poucet étaient d'une taille tout à fait normale. C'est-à-dire que quand l'aîné disait "Mon père, je lui chie dessus", ce n'était pas qu'une façon de parler.

  • 3324

    On vient de m'interroger sur la clavette de Donnersberg. J'avoue que c'est une donnée assez lointaine pour moi, mais elle nous a permis dix bonnes minutes de discussion sur la notion de lacune.

  • 3323

    L'étrange apparition s'approcha et se pencha sur moi. Après un geste amical, elle me tendit un présent que je saisis maladroitement. « Soufflez dans l'alcootest », me dit-elle.

  • 3322

    Je ne l’ai pas vu depuis de nombreuses années. Je le salue avec chaleur, il me dit bonjour du bout des lèvres et se retourne ostensiblement. Je suis indigné par une telle attitude. Qui a pu me trahir, et lui répéter tout le mal que je disais de lui ?

  • 3321

    Mon film préféré : l'étirable Netto de 30 mètres.

  • 3320

    « Elle souffle ! » crie le marin.
    Est-ce à dire que la baleine soupire ?

  • 3319

    Je suis tout le week end (toute la dominique, diraient les académiciens), aux Aventuriales de Ménétrol, à quelques kilomètres de Riom, en Auvergne. Sur le stand de Mnémos, bien évidemment. Il y aura maître Masterton, excusez du peu. Et beaucoup d'autres auteurs de Sf et Fantasy, et tous les genres intermédiaires entre ces deux pôles.

    Vous pouvez venir, qu'on discute un bout. Même si vous n'achetez rien, je ne mords pas.

     

  • 3318

    A force de jouer un rôle, la question de la vérité est posée. Dans cette famille de très bons comédiens, personne n'est certain de la sincérité des relations. Quand un membre veut éprouver un sentiment vrai, il l'imite avec assez de talent pour s'en convaincre lui-même. Quelle surprise quand ils découvrent que d'autres familles, des amateurs ceux-là, sont plus doués qu'eux !

  • 3317

    Seul dans son labyrinthe, le minotaure se prend la tête. Attiré par la zoophilie, il se demande comment il pourrait bien la pratiquer sans s'adonner à la masturbation, qu'il abhorre.

  • 3316

    Jouer avec ses doigts dans la lumière pâle du jour, observer les errements d'un papillon, méditer en regardant le balancement des arbres contre le ciel, fixer les motifs changeants et pareils d'un tourbillon dans la rivière. Je ne peux pas affirmer que c'est important, mais ça m'a occupé pas mal d'après-midis dans l'enfance, et il se trouve que beaucoup d'idées que j'exploite aujourd'hui sont nées en de tels moments. De ce point de vue, cette distraction m'a beaucoup plus apporté que nombre d'heures d'école. N'y voyez aucune morale de la paresse. Ça demandait un effort, une attention, un talent peut-être : tous les enfants ont cette capacité à se morfondre dans le vague ; la plupart des adultes qu'ils seront croiront qu'ils se sont ennuyés alors. Ils en déduiront que l'enfance fut un temps long, étiré, parce que perçu par un esprit immature et lent. Alors que leurs cerveaux fonctionnaient à plein régime.

  • 3315

    Le visiteur sursauta. Il était persuadé que la statue avait entrouvert les yeux un instant, avant de les refermer. Plutôt qu'une très légitime stupéfaction, il ressentait une immense tristesse parce que, inexplicablement, il fut aussitôt certain que les paupières de marbre s'étaient refermées à jamais et qu'il avait été le seul, depuis l'origine et pour l'éternité, à assister à ce phénomène.

  • 3314

    Hitler persécutait les juifs parce qu’il ne comprenait rien à leur humour. Sur ce dernier point, il faut reconnaître que la réciproque était vraie.

  • 3313

    Les lapins détalent dans la campagne. Ils sont pourvus d’un petit derrière blanc, excellent point de repère pour les chasseurs. Ce que la nature est bien faite, tout de même !

  • 3312

    Sur les puissantes épaules d'Antoine, les chagrins s'accumulent depuis des âges sans qu'aucun ne cède la place. Ça lui fait une chair de météorite nouée à son ossature de golem. De nombreux deuils lui reviennent et ceux d'ici, les derniers, concentrent les tristesses. Antoine est inconsolable, lui aussi : depuis l'origine, d'une mort fondatrice ; depuis des années, d'un geste inexpiable ; depuis un an, de la disparition de la mère de Mado ; depuis quelques semaines, de la mort du mari de celle-ci, son ami ; et — ce qu'ignorent la plupart de ceux qui le côtoient — depuis quelques jours, de la disparition de sa propre mère, à lui. Il demeure un instant sous la pluie morne. Tétanisé au dessus de ses plantes et du terreau débordant qui a maculé le sable lunaire, il médite. Les inconsolables n'ont pas perdu le fil, ils n'en ont pas fini avec les êtres aimés et leur dialogue s'éternise. Ce n'est pas désespérant, ce n'est pas inutile, ce sont des veilleurs qui veulent ignorer la fermeture imminente des portes des limbes. Par delà la frontière absolue, leurs paroles réchauffent les transis.

     

    Extrait de Les Inconsolables. Roman en cours d'écriture.

  • 3311

    « Oh, mais il est très joli ton dessin mon petit, c'est quoi ? »
    « C'est la Goulue, et je m'appelle Toulouse-Lautrec, connard. »

     

    (d'accord, c'est une redite, mais l'original date de 2010. Je me suis dit...)

  • 3310

    La plate-forme numérique Lectura, qui met en ligne les collections de médiathèques de la région Rhône-Alpes, devient Lectura+.

    Le "+" signifiant que cette version nouvelle offre plus de contenus, plus de possibilités, d'accès aux documents, etc. Parmi les "plus" du site, il y a les Flashbacks du patrimoine. "Un regard des écrivains d'aujourd'hui sur le patrimoine d'hier". C'est ainsi que j'ai l"honneur de me trouver en compagnie de gens que j'admire : Lionel Bourg, Alexis Jenni, Emmanuelle Pagano... Chacun de nous s'est vu proposer un document patrimonial et a eu pour mission de s'en inspirer pour écrire un texte, mis en voix par des comédien(ne)s, et en ligne par le site.

    A 18h30 ce jeudi, la médiathèque de Roanne inaugure les nouvelles fonctionnalités de Lectura + et je serai là pour répondre à quelques questions, préparées par les complices de l'ARALD.

    C'est en tout cas un moment que je vous invite à partager. L'entrée est libre.

  • 3309

    Enfin, il peut parler, c'est tellement précieux. Mado l'écoute, ils sont debout sous les fragments d'ombre que procure le bignonia, le soleil remue dans son creuset assez de feu pour bientôt verser de la lumière fondue sur le jardin, Antoine n'en a cure, il n'y tient plus, c'est une légende longtemps contenue qu'il lui est urgent de livrer. On ne sait jamais, un jour, un auditeur pourrait lui expliquer cette tragédie des origines, lui dire enfin pourquoi. Nous élaborons les plus belles constructions de pensée pour trouver un sens à ce fatras que sont les drames, et le fatras résiste à toute logique. Le malheur surgit et l'on croit d'abord voir, sous l'effet de la révolte qu'il inspire, une compréhension se dessiner. Et puis, c'est l'abattement devant ce qui, définitivement, n'a pas même la clarté d'une farce. Depuis son incarcération, Antoine suit une psychanalyse. Des années de confidences qui soulagent sur le moment, mais aucun progrès. Il est toujours sous anti-dépresseurs, toujours inconsolable. Alors il saisit chaque occasion de bénéficier d'une oreille bienveillante. Mado écoute l'histoire de la mort du fils d'Antoine. Son premier enfant.

     

    Extrait. Les inconsolables. Roman en cours d'écriture.

  • 3308

    On le dit en tremblant : « Ça me touche, c'est terrible, je pense beaucoup à elle, tu lui diras bien... » parce que ça ressemble tellement au pire des cauchemars d'un père ou d'une mère. Nous apprenons le suicide du fils d'une amie, ami lui-même, qu'on peut voir dans les films que notre bande réalisait, il y a vingt ans. On riait, on s'amusait, de la simple et futile déconnade. Son visage est encore là, sous un képi emprunté je ne sais où, dans le rôle d'un flic renseignant ses collègues. Il joue avec l'application des amateurs. Comment ça peut se transformer en pleurs, avec les années, les rires de nos jeux ? Quelque chose se pétrifie en nous.
    Je ne sais pas si un homme qui se tue « décide » de partir, ou quelle force mystérieuse le pousse vers la sortie. Et cette énigme insoluble durcit dans les entrailles pour former une peur, et la peur devient une balle de fronde. Lancée avec force par le geste désespéré, elle blesse tous ceux qu'elle a touchés.

  • 3307

    « Mais c'est tout de même formidable, ça ! Personne ne veut prendre dix minutes pour discuter philologie avec moi ! » s'exclama Conan « c'est extrêmement déplaisant, par Crom ! »

     

    (c'était dans la série : assumons notre culture pop)

  • 3306

    Depuis quelques jours, sa femme, les collègues de travail, les passants dans la rue, le regardaient avec une sévérité incompréhensible. Rien d'autre que cet œil noir ne changeait dans leur attitude, mais c'était éprouvant, à force. Il ne pouvait cependant pas éclater, demander la raison d'un tel comportement, car on lui avait diagnostiqué une paranoïa aiguë. Il prenait son traitement, cependant, et les effets de sa maladie auraient dû en être dissipés. Alors, se disait-il, peut-être que ce n'est pas le fruit de ma névrose, peut-être que c'est bien vrai : on m'en veut. Il allait s'en ouvrir à un collègue qui lui avait plusieurs fois témoigné de l'amitié mais, à sa grande surprise, comme il s'approchait de lui pour l'interroger, l'autre se mit à hurler : « Mais qu'est-ce que tu me veux, à la fin ? »