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  • 3193

    J'espère que cette annonce (sur Kronix, où je fais quand même un peu ce que je veux), ne passera pas pour un effet de mon narcissisme (ce dont m'accuse une "amie qui me veut du bien"), mais sachez, lecteurs de ce blog (dont je n'ai pas la moindre idée du nombre vu que je n'ai pas d'outils pour mesurer votre affluence - autre reproche de cette "amie", qui me décrit à l'affût des statistiques et des prix (?) littéraires -allons bon !), que je serai (oui, moi, tout enflé d'orgueil et de prétention nombriliste), au Centre social de Riorges demain, jeudi 6 avril à 18h30, pour évoquer mon dernier roman "La vie volée de Martin Sourire". Ne venez pas trop nombreux, parce que mon "amie" pourrait y voir la preuve de la réussite de mon plan de carrière et de mon empressement à être un écrivain populaire.

    Ses reproches n'ont pas été sans effet, je le reconnais. Je me suis interrogé sur la façon dont je "vends" mon travail sur le Net. Pour commencer, j'ai supprimé les photos de ma pomme, en bannière, là-haut, qui étaient, c'est vrai, la marque la plus manifeste de mon narcissisme. Au grand dam de ma douce qui se les passait en boucle en mon absence, ai-je su depuis. Mais je ne doute pas que ce gage de ma bonne foi (que, crétin influençable, je me suis cru obligé de donner), ne lui suffira pas.

    Ses remarques hors de contexte (on échangeait simplement sur la façon dont j'avais traité la Révolution dans le roman), m'ont considérablement blessé et attristé.

    Et puis, à la réflexion, je l'emmerde.

  • Conte horrifique

    Il n'avait jamais osé en parler, à qui que ce soit. Son souvenir le plus ancien et le plus net était une visite à des parents et plus précisément son entrée dans le salon, la télévision allumée et, tournée vers lui, une créature simiesque, énorme, au regard pénétrant. Cette image dérangeante était liée de façon inextricable à la voix de sa mère, le poussant vers cette sorte de singe : « Dis bonjour à ton oncle. »

  • 3191

    Il suffisait d'adresser une prière et puis, bon, soit tout s'arrangeait et merci Seigneur, soit ça allait de mal en pis et c’est qu'on avait mal fait quelque chose. Ce n'était jamais de la faute de l’Église ou du curé. Jamais la faute de Dieu. En fait, je me demande si vraiment les gens ont cru en Dieu un jour. Je me demande. Parce qu'on est bien vite prêt à l'absoudre, nous, les hommes. Comme s'il ne comptait pas ou pas plus qu'un enfant. Tiens, voilà, c'est ça : on s'adressait à Dieu comme on tente d'apaiser un enfant capricieux. « Si tu es gentil, tu auras droit à ça... » Je te construirai une chapelle, je partirai en croisade, je quitterai ma maison pour te servir. Marchandages sordides. Bien sûr, on lui donnait du « Mon Père qui êtes aux cieux », on le redoutait, mais quelque part, loin dans les ténèbres de l'âme, on rusait, on se le conciliait, on trichait, on espérait s'en faire un complice ou s'en rendre maître. Comme on discipline un enfant. Évidemment, on n'irait pas construire de chapelle, et on ne mènerait une croisade que parce que les terres traversées étaient riches. On n'y croyait pas vraiment. Sinon, s'il fallait y croire, alors, tous promis à l'enfer, pas assez d'indulgence pour tout le monde. Le moindre geste était douteux, la moindre pensée était suspecte, le péché est dans notre nature. Les prêtres ont une formule pour ça : la chair peccamineuse. Oui. Impossible d'y échapper. Cela nous est consubstantiel. Donc, quand ça échouait du côté du gamin caractériel tout auréolé de voie lactée, à qui s'adresser ? Au vrai pouvoir, au vrai mystère qui hante les nuits depuis que la mémoire est mémoire. Ce qui persiste à la lisière, au seuil compris entre Dieu et la vieille Nature. Ce qui était là avant Lui, avant les clergés et les cantiques. C'est là, entre chien et loup ou bien sous la clarté lunaire, aux franges des brumes des marais ou dans l'ombre des forêts. Rien n'est sûr, tout devient possible. Quand sourdent les idées emmêlées, à peine revenues des rêves, là où la terre se confond avec l'eau, là où les résolutions naissent des limbes, là où les pensées prennent un tour étonnant. Là où Dieu s'absente.

     

    Extrait de "Le sort dans la bouteille". Théâtre. Écriture en cours.

  • 3190

    Il avait d'abord éclaté de rire devant cette série. La vision parodique d'une famille au quotidien. Les parents médiocres et mesquins, les enfants fourbes et antipathiques. Il remarqua un jour que le canapé de la série était le même que le sien, et que la tapisserie et l'agencement général du décor étaient une copie de son salon. Il lui sembla aussi que les répliques des comédiens imitaient les échanges de la famille. Les situations étaient très proches de ce qu'ils traversaient. Il s'étonna que, vu par la télévision, leur vie parût si drôle. C'était tellement mieux ainsi. Il se mit donc à s'inspirer des émissions pour clore une discussion, aborder un problème, raconter une anecdote. La famille suivit son exemple. Tous approchaient à présent de la vérité de la série. Et puis, un jour, alors qu'il venait de faire tomber le morceau de gâteau qu'il portait à sa bouche, des rires retentirent dans la maison.