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Sarko et moi - Page 2

  • 2012

    Il semblerait que la traduction qui a servi à décrypter les correspondances du calendrier Maya et du nôtre, soit fausse. La fin du monde ne serait donc pas pour 2012. Ce qui laisse d'heureuses perspectives pour les prochaines élections (il ne s'agirait bien sûr que de notre petit monde hexagonal, mais il faut bien commencer quelque part).

     

  • déclaration

    « Je prends acte de mon impopularité et de mon incompétence. J'admets n'avoir rien fait de bon pendant mon quinquennat, sinon m'en mettre plein les fouilles. C'est vrai. Mais quelque part, il faut que nous soyions tous certains que je ne peux pas faire pire. Et pour cela, une seule solution : me réélire. Je vous remercie de votre attention.»

  • Tous les voyants sont au rouge

    Brice nous le répète : tous les voyants sont au rouge. La menace terroriste n'a jamais été aussi forte sur notre pays. Voilà où nous en sommes. Voilà où en est ce gouvernement pour paralyser l'opinion, la ranger à ses côtés, nolens volens. Chaque semaine, ils vont plus loin. Aura-t-on des élections démocratiques en 2012 ? Vous croyez qu'une telle question est délirante ? Reprenez la courbe graphique de l'exacerbation du pouvoir depuis 2007. Observez par l'imagination cette montée constante de l'utilisation de la peur, de la division, du nationalisme, de la xénophobie ; considérez la longue litanie des coups donnés aux contre-pouvoirs et à l'expression libre en général (justice, presse, procès aux contestataires, intimidations, gardes à vue...), le mépris affiché des intellectuels et des penseurs, le populisme des déclarations, chaque fois plus extrêmes, chaque fois plus autistes. A votre avis, quelle est la suite logique de cette courbe, quand le pouvoir se sentira concrètement menacé par l'expression d'un vote populaire ? J'exagère ? Nous sommes en démocratie, on en n'est pas là ? Si vous le dites.  Pour moi, effectivement, tous les voyants sont au rouge, mais je pense à une autre menace. Je serais vous, je m'apprêterais à lutter contre un pouvoir totalitaire et je commencerais, si ce n'est fait, à établir des réseaux de résistance. Juste comme ça, au cas où.

  • Je ne vous trahirai pas

    Il m'effrayait déjà avant, mais quand il a conclu son premier discours de président par « Je ne vous trahirai pas », j'ai senti comme un frisson. Curieuse parole, improvisée celle-là, d'ailleurs, après la lecture de son texte, tandis qu'il levait les bras devant l'assemblée de ses fans. « Je ne vous trahirai pas », curieux, pourquoi ce besoin de le dire ? Pourquoi cet avertissement ? Pensait-il que, déjà, ses électeurs pourraient le croire susceptible de trahir ? De trahir qui, quoi ? Quels gens, quel concept, quelle idée ? N'était-ce pas en somme, une façon d'exorciser sa propre nature, de se convaincre lui-même que, pour une fois, cette-fois là, il ne ferait pas comme d'habitude, que cette-fois c'était du sérieux, qu'il était président bon sang de bois, et qu'il lui faudrait rester fidèle à ses engagements ? « Je ne vous trahirai pas », étrange, tout de même, de finir par cette phrase, lancée comme un salut. Etrange. Déclare-t-on à une femme qu'on rencontre : « Je ne te tromperai pas » ? La question ne se pose pas, a priori, à moins qu'on soit suspect à ses propres yeux, de rechuter. Si on éprouve le besoin d'en parler c'est que, me semble-t-il, la trahison germe et se contient, attend de trouver sa forme et de se manifester. On a vu, merci.

  • 'Sont pas légion, ceux qui la refusent

    Après Richard Borhinger en 2008, les journalistes Françoise Fressoz et Marie-Eve Malouines en 2009, et simultanément avec Jean Guillou, grand organiste et compositeur méprisé par les instances culturelles de son propre pays mais honoré partout ailleurs, c'est au tour du philosophe Jacques Bouveresse de refuser la légion d'honneur, cette distinction que, à présent, tout le monde peut avoir à condition par exemple d'être passé à la télé. Le philosophe s'explique dans cette lettre à Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur.

    Lu sur Mediapart (mais disponible un peu partout sur le net) :

    "Madame la ministre,

    Je viens d’apprendre avec étonnement par la rumeur publique et par la presse une nouvelle que m’a confirmée la lecture du Journal officiel du 14 juillet, à savoir que je figurais dans la liste des promus de la Légion d’honneur, sous la rubrique de votre ministère, avec le grade de chevalier.

    Or non seulement je n’ai jamais sollicité de quelque façon que ce soit une distinction de cette sorte, mais j’ai au contraire fait savoir clairement, la première fois que la question s’est posée, il y a bien des années [1], et à nouveau peu de temps après avoir été élu au Collège de France, en 1995, que je ne souhaitais en aucun cas recevoir de distinctions de ce genre. Si j’avais été informé de vos intentions, j’aurais pu aisément vous préciser que je n’ai pas changé d’attitude sur ce point et que je souhaite plus que jamais que ma volonté soit respectée.

    Il ne peut, dans ces conditions, être question en aucun cas pour moi d’accepter la distinction qui m’est proposée et – vous me pardonnerez, je l’espère, de vous le dire avec franchise – certainement encore moins d’un gouvernement comme celui auquel vous appartenez, dont tout me sépare radicalement et dont la politique adoptée à l’égard de l’Éducation nationale et de la question des services publics en général me semble particulièrement inacceptable.

    J’ose espérer, par conséquent, que vous voudrez bien considérer cette lettre comme l’expression de mon refus ferme et définitif d’accepter l’honneur supposé qui m’est fait en l’occurrence et prendre les mesures nécessaires pour qu’il en soit tenu compte.

    En vous remerciant d’avance, je vous prie, Madame la ministre, d’agréer l’expression de mes sentiments les plus respectueux.
    Jacques Bouveresse

    ——
    Jacques Bouveresse a publié aux éditions Agone neuf livres, dont cinq volume d'Essais et, dernièrement, La Connaissance de l'écrivain.
    Notes

    [1] Il s’agissait alors d’une proposition émanant du ministre socialiste Jack Lang. [ndlr]

  • Toujours aussi révoltant

    Gros couac à la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Une famille géorgienne en situation irrégulière qui avait été expulsée vers la Pologne a dû être rapatriée car les policiers avaient oublié le dernier fils, âgé de deux ans. Les deux parents, accompagnés de deux de leurs trois enfants, avaient été arrêtés le 11 mai dans un hôtel à Nancy où ils résidaient, puis transférés au centre de rétention administrative de Lyon.

    A lire sur LeMonde.fr

  • Et ça, c'est une rumeur ?

    Regarder, écouter. Et lire les articles complets sur Libé, RUE89 et Backchich

  • Anticipons un peu

    Un jour, il sera seul, sa belle femme l'aura quitté, aucun éditeur ne trouvera intéressant de publier ses mémoires et ses amis seront morts ou auront fui, on ne l'évoquera plus nulle part, et nous, à l'occasion d'un souvenir, verrons sa figure resurgir, et nous nous demanderons bien quel accident s'est produit, quel abrutissement des foules a bien pu le créer, comment une majorité de personnes ont pu le mettre au pouvoir. Des électeurs dont on ne trouvera d'ailleurs plus trace. Son règne sera le sujet d'études de sociologues, de psychologues, de spécialistes de l'opinon publique et de ses dévoiements. Et des copains me diront : "tu te souviens, quand tu disais qu'il serait un danger pour la démocratie ?", et je rirai de mes peurs, étonné de nous avoir cru si faibles alors, tandis qu'en fait, nous le tenions en respect. Grâce à notre vigilance.

  • Revue de web

    Lu dans LIbé.fr, cet entretien avec le démographe Emmanuel Todd, à propos du premier tour de régionales, et la déroute de la droite. Extrait final.
    Sarkozy est-il durablement atteint ?

    Depuis 2007, je ressens sa situation comme pathologique: cet homme n’est pas à sa place, son personnage est absurde, le cœur dirigeant de la France n’a aucun projet économique - par contraste, dimanche, le corps électoral s’est montré sain et raisonnable. La nouveauté est que la situation générale elle-même devient absurde. Le seul moment où le chef de l’Etat a semblé efficace a été la crise financière. Or, un an et demi plus tard, la finance est repartie de plus belle, mais pas l’emploi. Du coup, l’absurdité du personnage Sarkozy et celle du système semblent se rejoindre et fusionner, faisant du chef de l’Etat le symbole de la folie des temps.

  • C'est pas moi qui l'ai dit

    Lu sur le blog d'Eric Chevillard :

    "Le président de la République s’est dit très affecté par la disparition de Jean Ferrat et n’a pas tari d’éloges sur la qualité de ses chansons. Des chansons, rappelons-le, écrites dans l’espoir d’en finir avec les politiciens tels que lui et de les éloigner à jamais du pouvoir."


    Je vous laisse savourer.

  • 24 heures avant la journée de la femme

    Lu sur Mediapart

    Je vous livre l'info sans commentaire.

     

    2007 : Sarkozy prépare son élection

     

    « Je veux être le Président de la France des droits de l'homme. Chaque fois qu'une femme est martyrisée dans le monde, la France doit se porter à ses côtés. La France, [...] sera aux côtés de la malheureuse qu'on oblige à prendre un mari qu'on lui a choisi, aux côtés de celle à laquelle son frère interdit de se mettre en jupe. »

     

    Nicolas SARKOZY, 14 janvier 2007

     

    «  À chaque femme martyrisée dans le monde je veux que la France offre sa protection, en lui offrant la possibilité de devenir française. »

     

    Nicolas SARKOZY, avril 2007

     

     

    2010 : Sarkozy prépare la journée de la femme

    Najlae a 19 ans. Elle est élève au lycée professionnel Dolto à Olivet (Loiret). Elle a été expulsée samedi 20 février vers le Maroc.

     

    En 2005, pour échapper à un mariage décidé par son père, elle part chez son frère en France.

     

    Ce frère la maltraite régulièrement. Mardi 16 février, les violences atteignent un degré extrême et Najlae se réfugie chez la mère d'une amie d'internat.

     

    Le jeudi 18 février, Najlae dépose au commissariat de Montargis une main courante afin de signaler qu'elle a été à plusieurs reprises frappée par le frère avec qui elle vit. Elle a un gros hématome à l'œil, le nez enflé, des hématomes importants sur le dos, l'épaule, la cuisse, la main. Elle présente un certificat médical avec une Incapacité Totale de Travail de 8 jours.

     

    Le vendredi 19 février au matin, elle se décide à porter plainte contre son frère à la gendarmerie de Châteaurenard. Les gendarmes lui conseillent de récupérer ses affaires chez son frère et l'y accompagnent un peu plus tard. Ils en profitent pour prendre son passeport et la placent en garde à vue à 15 h 30. Vers 23 h, elle est transférée à la gendarmerie de Montargis. A ses amis inquiets, les gendarmes ne veulent même pas dire à quel endroit elle se trouve.

     

    C'est à 4 heures du matin que Najlae appelle ses amis pour leur apprendre qu'elle prendra l'avion pour Casablanca à 7 h 35 où elle arrive en fin de matinée.

    Najlae ne veut pas retrouver sa famille au Maroc car elle sait qu'elle est destinée à être mariée de force à un cousin.

  • Glou glou

    "Il faut construire dans les zones inondables", disait-il naguère, avant de ravaler ses bonnes idées devant les récentes catastrophes en Vendée. Une vidéo instructive.

    Bien sûr, les propos de Nicolas Ier sont sortis de leur contexte (il parlait du projet du "Grand Paris"), mais ils résument bien sa philosophie ultralibérale dans tous les domaines. Ici, il prône un urbanisme sauvage, au mépris de la nature et de ses lois, au mépris de la sagesse la plus élémentaire.

    Et comme pour l'économie, après coup, quand ce genre de politique scandaleuse a causé les dégâts que l'on sait, il revient, sans scrupule, sans remords, déclarer exactement le contraire.

  • garde à vue aveugle

    Extrait d'un "chat" entre Jean-Pierre Dubois, professeur de droit public à l’université Paris XI et président de la Ligue des Droits de l’Homme, et les internautes, ce jour, sur Le Monde.fr.

    Question de Camille :

    Comment se fait-il que la police puisse aller chercher chez elle une mineure et l'emmener en garde à vue, sans la présence des parents ?

    Réponse de Jean-Pierre Dubois :

    Pour autant que l'on sache, la mère était présente au domicile lorsque la mineure a été emmenée par la police. Mais chacun comprend que s'agissant d'une bagarre entre collégiennes à la sortie des cours, la procédure de la garde à vue est d'une disproportion qui laisse sans voix.

    A l'évidence, la présence d'un policier "de proximité", si vraiment les abords de ce collège posaient quelques problèmes, aurait été à la fois efficace et adaptée à la situation d'enfants de cet âge.

    Mais je me rappelle encore l'enlèvement par six policiers d'un enfant de 6 ans à la porte d'une école primaire de l'agglomération de Bordeaux en juin dernier : la mère et les enseignants, que personne n'avait prévenus, n'ont trouvé de trace de l'enfant qu'après plusieurs heures de "garde à vue" pour un vol de vélo d'ailleurs imaginaire.

    Ce genre de situations, qui malheureusement se multiplient, suffit à faire prendre conscience de la perte de repères qui résulte de huit ans de politique ultra-sécuritaire.

  • Vos papiers

    Tuyauté par l'ami Jérôme, ce lien pour une réflexion citoyenne

     

    C'est vrai qu'on aurait préféré parler d'autre chose à Noël !

  • Droits de l'enfant : à quoi bon signer ?

    Un article du monde.fr, pour vous remettre en mémoire que ce pays va bien mal. Pays d'ailleurs cyniquement signataire de la charte des droits de l'enfant.

    début de l'article "La France enferme des nourrissons", par Jean Matringe et Karine Parrot :

    "Jusqu'où un système qui se déclare fondé sur le respect des droits fondamentaux peut-il aller dans la maltraitance des êtres humains sans perdre son âme ? Nous avons une nouvelle preuve qu'en France le seuil est aujourd'hui franchi.

    En effet, par deux arrêts du 10 décembre 2009, la Cour de cassation vient de juger sans plus de motivation que le maintien en rétention avec leur famille de deux nourrissons – de deux mois et demi et un an – ne constitue pas en tant que tel un traitement inhumain ou dégradant."

    Lire la suite sur Le monde.fr.

  • Refuser le débat

    Comme j'ai tenté de l'illustrer avec le conte du chauffeur de bus récemment : le débat lancé sur l'identité nationale est d'une dangerosité extrême. C'est un piège, et l'occasion pour le FN de se refaire une santé, aux antipodes des résultats attendus par ses organisateurs qui espéraient, les imbéciles, récupérer ces voix pour les régionales. Je ne cesse de le dire, de prêcher dans le désert depuis des années : le fou qui nous gouverne entraîne ce pays vers la guerre civile et l'implosion. Pour l'heure, il est urgent en tout cas, de refuser ce débat nauséeux. Il existe une pétition (il existe toujours une pétition quelque part). Si, comme moi, vous n'êtes pas encore fatigué de vous battre contre les moulins, vous pouvez toujours ajouter votre signature aux 18 000 recensées :

    http://www.mediapart.fr/journal/france/021209/lappel-de-mediapart-nous-ne-debattrons-pas

    La Ligue des Droits de l'Homme refuse également de participer à cette monstruosité. J'ai reçu leur appel il y a peu.

  • Les bons clients 3/3

    Finalement, tandis que le car a pris une heure de retard, tout le monde ou presque s'est pris au jeu. Il conclut. « Bien, j'ai un premier classement. C'est bien ce que je pensais. Certains d'entre vous sont plus ou moins clients de la compagnie. Alors : Les bons clients... » L'auditoire est suspendu à sa déclaration. « Un : Le client idéal est celui qui pèse moins de soixante-dix kilos, parle la langue locale mais se tait, est poli et ne sent pas, paye les tickets à l'unité plutôt que par abonnement mais prend le bus tous les jours, sur plusieurs lignes depuis plus de trente ans, offre des fromages au chauffeur et des fleurs à sa femme de temps en temps, connaît par cœur l'histoire de la compagnie, est toujours à l'arrêt un quart d'heure au moins avant l'arrivée du bus et n'emporte rien de plus que les clés dans sa poche ou, à la rigueur, un sac à mains, se frotte les pieds avant de monter, n'écoute pas de musique au casque et apprécie la radio proposée par le chauffeur dans les haut-parleurs, n'importune pas le chauffeur avec ses histoires personnelles et monte ou descend et trouve sa place en moins de quarante secondes ; Deux : ceux qui sont payent régulièrement les trajets depuis le plus grand nombre d'années, par ordre décroissant, avec un handicap pour ceux qui ne prennent le bus qu'une fois par semaine, mais un relèvement de quotient pour ceux qui prennent le bus sur plusieurs lignes de la compagnie au moins deux fois par semaine. Trois... »  Il énuméra ainsi plus d'une cinquantaine de catégories, nous avions plus de deux heures de retard, et le gamin, dehors, avait disparu dans la nuit. Le chauffeur classa de l'avant vers l'arrière du bus, les clients des meilleurs aux pires. J'étais, avec d'autres qui avaient refusé de se prononcer, au fond, dans la catégorie des mauvais clients ; et les bons clients, brevetés à présent, nous expulsèrent. Notre petit groupe, frigorifié, se retrouva dans l'hiver et observa le bus repartir. A notre grande surprise, il s'arrêta cent mètres plus loin, et abandonna deux ou trois personnes, un couple d'adolescent et une femme un peu forte, qui étaient juste dans les rangs devant nous, quelques minutes plus tôt. Et il repartir, enfin délivré de ses mauvais éléments.

  • Les bons clients 2/3

    « A votre avis, qu'est-ce qu'un Client ? » assène le chauffeur. Je regarde le gamin dehors, son gros cartable posé à côté de lui. Je me lève pour protester : « Il faut faire rentrer le petit, vous réglerez ça demain avec lui, mais vous n'allez pas le laisser la nuit dehors, tout seul comme ça ! » Le chauffeur me regarde avec un mauvais sourire. Il s'adresse à la cantonade : « A votre avis, lui (il me désigne) c'est un client ? Un bon client ? » Je suis abasourdi, ne trouve rien à répliquer. Le chauffeur sort un carnet et note (il connaît mon nom, les cartes sont nominatives). Je hausse les épaules et ricane, tout ça est débile. « Nous sommes tous clients, nous avons tous payé », et puis je regarde ostensiblement dehors. Je voudrais sortir, mais j'ai fichtrement envie de savoir où ce délire va nous mener. « Vous, vous filez un mauvais coton », conclut-il. « Ensuite... » Il revient à sa place, à l'avant du véhicule. « Alors, c'est quoi, selon vous, un bon client de la compagnie ? » Une vieille dame lève le doigt : « C'est quelqu'un qui est calme, qui ne fait pas de bruit... » « C'est quelqu'un qui paye, et puis voilà ! » s'exclame une jeune fille, derrière. « Le chauffeur note sur son carnet les noms des intervenants. A la jeune fille, il rétorque : « Je ne crois pas que ça suffise ! » Un autre doigt se lève, un vieux monsieur « C'est quelqu'un qui laisse sa place aux personnes âgées, aux femmes enceintes, aux anciens combattants » Le chauffeur note, les réactions fusent « C'est quelqu'un qui dit bonjour au chauffeur », « c'est quelqu'un qui prend le bus tous les jours », « C'est quelqu'un qui pèse moins de 80 kilos, pour des raisons de rentabilité », « C'est quelqu'un qui fait le parcours de la première à la dernière station, comme moi ! », « C'est quelqu'un qui paye ses impôts sur la commune qu'il traverse », « C'est quelqu'un qui connaît l'histoire de la compagnie », ils sont intarissables, à présent, peu d'entre eux n'ont pas une idée sur ce que c'est qu'un client, bon ou mauvais. Il suffisait de demander. Le chauffeur note, un bout de langue pointée entre les lèvres, la totalité des réactions, on voit qu'il les classe, les annote, les recoupe, fait tout ça très sérieusement.

    A suivre

  • Les bons clients 1/3

    L'autre jour, le chauffeur de bus a arrêté son véhicule en rase-campagne, à la grande surprise de tous les passagers, un peu amollis par la douce tiédeur de la promiscuité, le vague à l'âme qui vous enveloppe quand les vaches sont immobiles dans le soir, derrière les grandes vitres embuées. Il s'est tourné vers nous, immobiles dans notre silence interloqué.
    Bon, a-t-il commencé, qui est client de la Compagnie de Transports ? Il y a d'abord eu un moment de stupeur. Aucun doigt ne s'est levé, tous les gens assis là avaient payé leur ticket, tous avaient droit à ce titre de « Client » de la Compagnie. Mais le chauffeur a repris, avec une espèce de rage contenue : « Qui ? Lequel d'entre vous est client ici ? » A la question absurde mais comminatoire, les premiers à répondre furent les enfants, les scolaires impressionnés et quelques vieilles dames, qui se demandaient ce que le chauffeur voulait. « C'est tout ? » a-t-il conclu sur un ton menaçant. Personnellement, je ne souhaitais pas répondre à une question aussi stupide : ce chauffeur est celui à qui j'achète chaque mois mon abonnement, il le sait, me salue quand je monte, me dit bonne journée quand je descends. Cela fait des mois que je renouvelle ainsi ma carte. Inutile de rappeler que je suis bien « Client » de la Compagnie. Néanmoins, voici l'employé qui entreprend de vérifier chaque ticket, chaque carte. Forcément, il trouve un petit gamin qui a oublié de renouveler son abonnement. « Dehors », dit le chauffeur sans sourciller, dans le silence atterré du bus. Impressionné, le petit, lourdement chargé, s'exécute et sort dans le noir. Les portes se referment. Le chauffeur se tourne à nouveau vers nous : « Alors ? Qui est client ? » Cette-fois, la question est absurde : il a vérifié nos papiers, il sait que nous avons tous payé, nous sommes bel et bien « clients ». Que signifie ce cirque ?

     

    A suivre

  • Il est fini le temps des cathédraââleu

    Extraits d'un article du site Mediapart, l'un des rares médias à relayer cette info : les préfets vont pouvoir vendre le patrimoine de la France (vous savez ? Ce pays où il faisait bon vivre ensemble, naguère)

    A l’heure où le président se gargarise de l’identité nationale, évoque le lien charnel des Français avec la terre et les morts, exige un musée consacré à l’Histoire nationale, on voit clairement que la logique libérale l’emporte, chez lui comme dans son parti, sur l’attachement de la Nation à son patrimoine, qu’il fait fi de toute la tradition française dans ce domaine et qu’en réalité son soi-disant attachement à notre passé ne constitue qu’un fonds de commerce électoral.

    En 2003 Jean-Jacques Aillagon avait autorisé la cession de certains monuments aux collectivités territoriales mais, outre que peu d’entre elles s’étaient empressées d’acheter des édifices  d’un entretien souvent coûteux, le ministre de la culture avait alors limité très précisément les possibilités pour l’Etat de se défaire de son patrimoine. Or l’article 52 de la loi de finances élargit le périmètre des monuments et sites transférables, qui ne sera plus limité à une liste fixée par décret et couvrira dès 2010 la totalité  des  monuments appartenant à l'Etat et à l'ensemble de ses établissements publics, en outre l’Etat pourra maintenant se défaire aussi des objets mobiliers classés.

    Et par dessus le marché : "seul le préfet aura à se prononcer sur les cessions, le ministère de la culture, pourtant concerné au premier chef,  n’ayant pas à être  consulté", toujours selon Mediapart.

    François, réveille-toi mon grand, le patrimoine, ça te dit rien ? Vraiment ?